Une passionnante étude de Frédéric Lenoir
Arrivé à ce point du blog,
j’avais en tête plusieurs idées d’articles différentes mais je ne savais pas
par laquelle commencer. J’avais lu un texte remarquable de Frédéric Lenoir La rencontre du bouddhisme et de l’occident qui,
couplé avec son ouvrage Le Bouddhisme en France, a fait l’objet de sa
thèse de doctorat du 8 octobre 1999 à l’EHESS (Ecole des hautes études en
sciences sociales). J’ai aussi toujours été passionné par la notion de
relativisme interreligieux (dont fut accusée (!) Mère Theresa), qui me
semble aujourd’hui bien représentée par deux livres Jésus et Bouddha, destins croisés du christianisme et du bouddhisme d’Odon
Vallet et Socrate, Jésus, Bouddha, trois maîtres de vie de Frédéric Lenoir. J’avais aussi relu La tentation de Saint-Antoine de Gustave Flaubert où il y a un
magnifique passage sur le Bouddha. Entre-temps, j’étais allé à des conférences
d’un astrologue indien Stephen Quong qui m’avaient interpellé et avaient changé
ma vision à la fois sur l’hindouisme et l’astrologie.
Tout cela fait beaucoup et dans
des domaines différents. J’ai donc décidé de commencer par l’essai de Frédéric
Lenoir La rencontre du bouddhisme et de
l’occident qui me semble le plus raisonnable au regard de notre pensée
occidentale. Il montre d’une façon passionnante comment le bouddhisme, religion
complètement inconnue en Occident il y a plusieurs siècles, y est devenue une
pensée déterminante.
Son introduction est très
intéressante et il cite Nietzche, le grand pourfendeur du
Christianisme : « Le christianisme approche de l’épuisement,
écrit-il au dix-neuvième siècle (!). On se contente d’un christianisme
opiacé parce qu’on n’a ni la force de chercher, de combattre, d’oser, et de
vouloir être seul, ni la force nécessaire au pascalisme, à ce mépris du soi ratiocineur,
à la croyance en l’indignité humaine, à l’angoisse du « peut-être
condamné ». Mais un christianisme qui doit surtout apaiser des nerfs
malades n’a absolument pas besoin de cette terrible solution d’un « Dieu
en croix ». C’est pourquoi en silence, le bouddhisme progresse partout en Europe. »
Un siècle après cette ultime
apostrophe du prophète de la « mort de Dieu », les signes de cette
progression sont multiples. Au cours de ces trente dernières années, on est
passé, dans la plupart des pays occidentaux, de l’intérêt intellectuel d’une
élite à un véritable engouement et à une pratique de la méditation qui concerne
des centaines de milliers d’individus. Il existe aujourd’hui plusieurs
milliers de dojos zen et de grands centres ou monastères tibétains en Europe et
aux Etats-Unis, sans compter les nombreux groupes de méditation rattachés à
divers courants et écoles. On assiste également depuis peu à l’apparition d’une
génération de bouddhistes occidentaux prenant en charge la responsabilité
matérielle et spirituelle des centres, ainsi qu’à l’émergence d’un monachisme
bouddhiste occidental.
En marge de ce phénomène
typiquement religieux, qui semble constituer une véritable pénétration du
bouddhisme asiatique en Occident, on assiste depuis une quinzaine d’années à
une effervescence médiatique autour du bouddhisme, tout particulièrement de la
figure emblématique du dalaï-lama, qui obtint le prix Nobel de la paix en 1989.
Richard Gere, l’acteur préféré des Américaines, fait figure de grand ambassadeur
du bouddhisme dans le monde du show-biz et après Little Bouddha de Bernardo Bertolucci (1993), ce sont Jean-Jacques
Annaud (Sept ans d’aventures au Tibet,
1998) et Martin Scorsese (Kundun,
1998) qui réalisent des super-productions inspirées par le drame du Tibet et la
vie du chef spirituel et temporel des Tibétains. Le livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché,
publié en 1993, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires et a été traduit
en vingt-six langues. En France, les entretiens entre Jean-Claude Carrière et
le Dalaï-lama, La Force du bouddhisme,
ont dépassé les 100 000 exemplaires
et ceux du moine tibétain Matthieu Ricard avec son père Jean-François Revel les
200 000 exemplaires. L’Art du bonheur,
du Dalaï-lama, 1999, a dépassé les 100 000 exemplaires.
Face à un tel phénomène, nous pouvons nous poser de nombreuses questions.
Face à un tel phénomène, nous pouvons nous poser de nombreuses questions.
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