lundi 31 août 2015

La réincarnation d’après l’hindouisme : commentaire de "La Bhagavad-Gita telle qu'elle est"


La Bhagavad-Gita telle qu'elle est par  Sri Srimad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada


Pour que vous puissiez comprendre au mieux les commentaires détaillés de deux citations extraites de La Bhagavad-Gita telle qu’elle est sur le thème de la réincarnation (Chapitre II, 13 et Chapitre II, 22) proposés par l’acharya (instructeur spirituel) Sri Srimad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, je vais tenter de résumer brièvement ce livre sacré, véritable Evangile de l’hindouisme. La Bhagavad-Gita raconte l'histoire de Krishna, huitième avatar (incarnation) de Vishnou (identifié comme une manifestation du Brahman, l'Etre suprême) et d'Arjuna, un prince guerrier en proie au doute devant la bataille à laquelle il va participer, qui risque d'entraîner la mort de ses cousins, les Kaurava, ceux-ci se trouvant dans l'armée opposée.

Le récit est constitué du dialogue entre Krishna, qui a pris l'apparence du conducteur de char d'Arjuna, un cousin et ami de celui-ci, et du prince. Il enseigne que, même si tous les chemins diffèrent, leur but fondamental reste le même : atteindre le Brahman (la seule véritable Réalité dont la manifestation perçue par nous, Maya, n'est qu'une illusion) et échapper au cycle des renaissances à travers la réalisation du Soi (Atman).

Krishna instruit Arjuna sur un grand éventail de domaines, à commencer par celui, très important, qui résout le dilemme du guerrier, de la réincarnation, lui expliquant que les vies perdues dans la bataille ne le sont pas véritablement car les Atmans des plus nobles combattants renaîtront dans des corps nouveaux et valorisés dans l'échelle des êtres. Krishna continue ensuite d'exposer un grand nombre de sujets spirituels, parmi lesquels plusieurs yogas   ou chemins de dévotion — différents.

Cependant, à un niveau plus profond, la guerre est une métaphore des confusions, des doutes, des craintes et des conflits qui préoccupent toute personne à un moment ou un autre de sa vie. La Bhagavad-Gita s'adresse à ce bouillonnement en nous et enseigne les yogas qui permettent de l'apaiser, le Bhakti yoga, la voie de la dévotion du Dieu personnel, le Jnana yoga ou la voie de la connaissance, le Karma yoga ou voie de l'action juste. Selon Krishna, la racine de toutes les douleurs et de tous les troubles est l'agitation de l'esprit provoquée par le désir. La seule manière d'éteindre la flamme du désir, conclut Krishna, c'est de calmer le mental par une discipline des sens et de l'esprit.

Voici à présent deux citations déterminantes de La Bhagavad-Gita telle qu’elle est commentées par Sri Srimad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada sur le thème de la transmigration. A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada est un maître vaisnava (le nom des dévots de Vishnou, les vishnouites, est vaishnavas ; ils pratiquent la dévotion, bhakti, envers Vishnou comme dieu suprême à travers ses incarnations-avatars, les dieux Khrishna et Rama). Né à Calcutta en 1896 et mort à Vrindavan en 1977, A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada est le créateur de L'Association internationale pour la conscience de Khrishna (ISKCON). Il est considéré comme l'un des grands acharyas (instructeurs en matière religieuse, fondateurs de mouvements spirituels) modernes.

Chapitre II, 13
« Au moment de la mort, l’âme change de corps, tout comme elle est passée dans le précédent de l’enfance à la jeunesse, puis de la jeunesse à la vieillesse. Le sage n’est pas troublé par ce changement. »
Commentaire :
« Parce qu’il est une âme individuelle, l’être voit son corps changer à chaque instant, se manifestant tantôt sous la forme d’un enfant, tantôt sous celle d’un adolescent, d’un adulte ou d’un vieillard. L’âme spirituelle, elle, reste la même. Elle ne subit aucun changement. Et quand finalement la mort arrive, elle transmigre dans un autre corps. Donc puisque l’âme est assurée d’avoir un autre corps dans une vie prochaine, Arjuna n’a aucune raison de s’apitoyer sur la mort éventuelle de Bhisma ou de Drona. Il devrait se réjouir au contraire de les voir échanger leurs vieux corps contre un neuf et recouvrer ainsi l’énergie de leur jeunesse. Tout changement de corps nous apporte son lot de joies ou de souffrances, selon ce que furent nos actes passés. Bhisma et Droma, étant de nobles âmes, ne manqueront pas d’obtenir dans leur prochaine vie un corps qui leur permettra d’avoir sur les planètes édéniques des plaisirs supérieurs. Aussi, qu’ils aillent ici ou là après leur mort, il n’y a nulle raison de s’inquiéter sur leur destinée.
En qualité de dhira, de réfléchi, celui qui connaît parfaitement la nature de l’âme distincte et de l’Ame suprême et qui connaît également les natures matérielle et spirituelle n’est pas troublé par les changements de corps. L’Ame suprême est immuable. La Bhagavad-Gita dit que les parcelles de l’Ame Suprême, les âmes distinctes, existent de toute éternité et sont susceptibles de tomber sous le joug de la nature matérielle.
On pourrait appliquer à l’Ame suprême le principe de la réflexion : lorsque le ciel se reflète dans l’eau, l’image réfléchie est aussi bien celle du soleil et de la lune que celle des étoiles. Les étoiles sont semblables aux âmes distinctes et le soleil ou la lune à l’Ame Suprême. L’âme spirituelle infinitésimale est ici représentée par Arjuna et l’Ame Suprême par Krishna. »


Chapitre II, 22
« De même qu’on se défait d’un vêtement usé pour en revêtir un neuf, l’âme abandonne l’ancien corps devenu inutile pour en prendre un nouveau. »
Commentaire :
« C’est par la grâce de l’Ame Suprême que l’âme distincte est transférée d’un corps à un autre. Elle comble les souhaits de l’âme infinitésimale, tout comme on satisfait les désirs d’un ami. La Mundaka Upanishad (3.1.2) et La Svetasvatara Upanishad (4.7) comparent ces deux âmes à deux oiseaux liés d’amitié et perchés sur le même arbre. Alors que l’un d’eux (l’âme infinitésimale) goûte les fruits de l’arbre, l’autre (l’Ame Suprême) l’observe. Ces deux oiseaux sont de même nature, mais l’un est captivé par les fruits de l’arbre matériel, tandis que l’autre se contente d’observer les mouvements de son ami. Krishna est cet oiseau-témoin, Arjuna l’oiseau qui mange. Ce sont deux amis mais l’un est maître, l’autre serviteur. L’oubli de cette relation oblige l’âme infinitésimale (jiva) à voler d’arbre en arbre, c’est-à-dire de corps en corps. Le jiva est l’être vivant incarné, donc mortel. L'Atman (Soi) s’identifie à un corps et à une pensée. Devenu Ego, il se crée l’illusion d’une dualité et d’une causalité. Le jiva, perché sur l’arbre du corps, mène un dur combat pour vivre, mais dès qu’il reconnaît en l’autre oiseau le maître spirituel suprême, comme le fit Arjuna qui s’abandonna volontairement à Krishna pour recevoir ses instructions, il ne souffre plus. »


Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.


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