vendredi 2 octobre 2015

Compte rendu de Puja (cérémonie) au Centre Bouddhiste Triratna de Paris (deuxième partie)




Le logo du Centre Bouddhiste Triratna de Paris avec les trois Joyaux : le Bouddha, le Dharma et la Sangha, en surimpression sur la Tour Eiffel


 
Compte rendu de la Puja qui a eu lieu le mercredi 30 septembre 2015 au Centre Bouddhiste Triratna de Paris (deuxième partie)


Donc aujourd’hui mercredi 30 septembre 2015, c’est une séance de puja au Centre Bouddhiste Triratna de Paris conduite par Vassika. La puja en 7 parties ou anuttara puja, qui est pratiquée au centre, est inspirée par un texte de l’Inde Médiévale, Le Boddhicaryavatara  (Introduction à la vie menant à l’Illumination), ouvrage du moine Shantideva qui détaille la totalité de la voie du bodhisattva vers l’éveil. Les sept étapes sont : 1) L’Adoration, 2) La Salutation, 3) L’Aller en refuge, 4) La Confession des fautes, 5) La Reconnaissance du mérite, 6) La Supplication, 7) La Lecture du Sutra du Cœur. Ensuite sont chantés des mantras à l’attention du Bouddha et des principaux Bodhisattvas.

1)                 Adoration
Il est question d’offrandes données aux Bouddhas et aux Bodhisattvas : fleurs, encens, nourritures, boissons, lampes.
Les pratiquants récitent à plusieurs reprises le mantra du Bodhisattva Avalokitésvara :
« Om Mani Padme Hum. »

2)                  Salutation
L’assemblée salue les bouddhas et les bodhisattvas :
« Autant de fois qu’il y a d’atomes
Dans les mille millions de mondes,
Autant de fois je fais de respectueuses salutations,
A tous les bouddhas des trois ères […]. »

3)                  Aller en refuge
L’Aller en refuge est une étape importante dans la pratique bouddhiste. Le pratiquant décide d’aller en refuge dans les trois joyaux : le Bouddha, le Dharma (connaissance du message du bouddha Sakyamuni et des textes, au moins cinquante volumes initialement écrits en pali, voir le site canon-pali) et la Sangha (communauté bouddhiste). C’est un choix de vie qui est décidé.

Les trois joyaux sont accompagnés des cinq préceptes du laïc qui sont à leur tour récités.
a)                  J’entreprends de m’abstenir de prendre la vie.
b)                 J’entreprends de m’abstenir de prendre ce qui n’est pas donné.
c)                  J’entreprends de m’abstenir de méconduite sexuelle.
d)                 J’entreprends de m’abstenir de parole fausse.
e)                 J’entreprends de m’abstenir de prendre des intoxicants.

Ces cinq préceptes peuvent être formulés de manière hyper-positive :
a)                  Avec des actions bienveillantes,
je purifie mon corps.
b)                 Avec une générosité sans réserve,
je purifie mon corps.
c)                  Avec calme, simplicité et contentement,
je purifie mon corps.
d)                 Avec une communication véritable
je purifie ma parole.
e)                 Avec une attention claire et radieuse,
je purifie mon esprit.

4)                  Confession des fautes
Ce n’est pas une partie semblable au sacrement chrétien. Il ne faut pas y voir une confession coupable avec la présence du péché et la menace de la damnation, de l’enfer, etc. Seulement, le pratiquant reconnaît qu’il a pu faire du mal par ignorance ou par sottise. Il demande aux Bouddhas et aux bodhisattvas de recevoir sa déclaration avec bienveillance. Il promet très simplement d’essayer de ne pas refaire ce qui n’a pas été bon pour lui et pour les autres par le passé.

5)                   Réjouissance des mérites
Après la confession des fautes, qui peut paraître un peu négative, vient une partie hyper-positive, la réjouissance du mérite.
« Je me réjouis avec délices
Du bien fait par tous les êtres […]

Je me réjouis de la libération des êtres
Hors des souffrances des rondes de l’existence ;
Je me réjouis de la nature du bodhisattva
Et du Bouddha,
Qui sont protecteurs.

Je me réjouis de l’apparition de la volonté d’Eveil,
Et de l’enseignement :
Ces océans qui apportent la joie à tous les êtres,
Et sont la résidence du bonheur de tous les êtres. »

6)                  Supplication
Les participants demandent aux bodhisattvas de rester dans ce monde pour les aider :

« […] Je supplie les bouddhas de toutes les directions :
Qu’ils fassent briller la lampe du Dharma
Pour ceux qui errent dans la souffrance de l’illusion !

[…] J’implore les conquérants désirant entrer en nirvana :
Qu’ils restent ici pour des âges sans fin,
Afin que la vie dans ce monde ne s’obscurcisse pas. »

Est décrit ici ce qui est appelé L’idéal du Bodhisattva : c’est un être éveillé qui refuse d’entrer dans le Nirvana, de devenir Bouddha, qui effectue symboliquement un pas en arrière dans son chemin spirituel de Délivrance du fait de sa bonté, et décide par compassion de s’occuper de tous les êtres de ce monde qui n’ont pas encore rencontré l’Eveil. Les boddhisattvas sont décrits comme des lampes qui éclairent l’Univers.

7)             Récitation du Sutra du cœur de la Sagesse parfaite
Le Sutra du cœur est un discours du Bouddha qui porte essentiellement sur la vacuité. En voici quelques extraits :

« Le Bodhisattva de la compassion,
Alors qu’il méditait profondément,
Vit la vacuité des cinq skandas,
Et coupa les liens qui le faisaient souffrir. […] »
(note JFG, les cinq skandas sont : le corps (Rupa), la perception (Vedana, six catégories : la forme, le son, l’odeur, le goût, les impressions physiques et les perceptions mentales), la conscience (samjña), les formations volitionnelles ou créations psychiques (Samskara : volonté, attention, jugement, joie, bonheur, impassibilité, esprit de décision, énergie, goût de l’action, concentration, etc.), la connaissance (Vijñana, six catégories qui naissent du contact de l’organe concerné avec un objet de perception : visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile, mentale). Les skandas sont déterminés par les quatre caractéristiques de l’existence : ils sont sans âme (Anatman), impermanents (Anitya), vides (Shunyata) et pénibles (Dukkha : douleur).)
« Ici donc,
La forme n’est rien d’autre que la vacuité,
La vacuité n’est rien d’autre que la forme.
La forme n’est que vacuité,
La vacuité n’est que forme. […] » 

« Toutes choses sont vides par nature,
Elles ne sont ni nées ni détruites,
Ni tachées ni pures, […] »

« Il n’y a plus non plus de douleur, ni cause de la douleur,
Ni cessation de la douleur,
Ni noble chemin menant hors de la douleur ;
Ni même sagesse à atteindre !
L’atteinte aussi est vacuité. »

A la fin est dit par les participants le mantra de la Perfection de la Sagesse. Il est annoncé ainsi dans le texte de la puja :
« […] Le radieux mantra, sans égal,
Dont les mots apaisent toute souffrance ;
Écoutez et croyez en sa vérité ! »

Les participants répètent plusieurs fois ces mots :
« Gate gate paragate parasamgate bodhi svaha ».

Le Sutra du cœur est un texte quelque peu extrême. C’est l’un des plus importants sutras du bouddhisme Mahayana. Presque tous les moines et les nonnes de Chine ou du Japon le récitent chaque jour. Il est aussi très utilisé dans le bouddhisme zen où il est apprécié à la fois du fait de sa concision et de sa précision. Il s’aventure très loin et très profondément dans le concept de vacuité, en expliquant que même l’enseignement du Bouddha participe de celle-ci. Mais aussi il proclame ouvertement la non-différenciation du vide et de la forme. C’est le plus court des 40 sutras qui forment le recueil Prajnaparamita Sutra.
Vous pourrez trouver une version intégrale du Sutra du cœur sur ce site.

Je parlerai de la récitation des mantras et du commentaire très éclairant de Vassika sur la puja en sept étapes ou anuttara puja, dans un prochain article.

C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.
Amitiés à tous.

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