Dans le début du mantra de Padmasambhava, dans les mots " Om Ah Hum", "Ah" correspond à la parole
Je continue
ma série d’articles sur le livre Vision
et transformation de Sangharakshita qui
est fondamental car il décrit en détail la pratique du noble chemin octuple
proposé par le Bouddha (vous pouvez vous procurer cet ouvrage au centre bouddhiste Triratna de Paris).
Dans le troisième chapitre « L’idéal de la communication humaine, la
parole parfaite», il aborde cette étape du noble sentier octuple.
On peut
étudier la parole parfaite selon quatre niveaux : a) Le niveau de véracité,
b) Le niveau d’affection, c) Le niveau d’utilité, d) Le niveau de promotion de
la concorde, de l’harmonie et de l’unité.
Aujourd’hui,
j’aborderai le deuxième niveau, le niveau d’affection.
La parole
parfaite n’est pas seulement véridique, même dans son sens le plus intégral,
elle est aussi affectueuse et pleine d’amour.
C’est la vérité exprimée dans l’amour ou avec amour. Cela ne signifie pas
seulement utiliser des termes d’affection ou quoi que ce soit de ce genre. Dans
ce contexte, parler avec affection ou avec amour signifie dire la vérité dans
son intégralité, avec une prise de conscience complète de la personne à qui
vous parlez. Combien d’entre nous peuvent-ils faire cela ? Si nous y
pensons, nous réaliserons que quand nous parlons à des personnes, en général
nous ne les regardons pas et, si nous ne regardons pas les autres, nous ne pouvons
pas prendre conscience d’eux.
Nous pouvons
dire que l’amour, dans le sens dans lequel nous utilisons ce terme en tant que
bouddhistes, signifie la prise de conscience de l’être d’une autre personne. Si
donc vous ne connaissez pas l’autre personne, comment pouvez-vous lui parler
affectueusement ? Cela n’est pas possible. Bien sûr, cela nous plaît de
penser que nous avons de l’amour pour les gens, que nous sommes affectueux,
mais c’est rarement le cas. Nous voyons généralement les autres en termes de
nos propres réactions émotionnelles envers eux. Nous avons une certaine
réaction émotionnelle envers eux et puis nous considérons cette réaction
émotionnelle envers eux comme étant une de leurs
qualités. Si par exemple une personne effectue ce que nous aimerions qu’elle
fasse, alors nous disons qu’elle est bonne, gentille serviable, etc. Ainsi nous
ne communiquons pas réellement avec cette personne particulière. Ce qui se
passe réellement, la plupart du temps, c’est que nous communiquons ou essayons
de communiquer ou prétendons communiquer avec nos propres projections mentales.
C’est
particulièrement le cas de ceux qui, à ce que nous prétendons, nous sont
proches et chers. Parents et enfants, frères et sœurs, maris et femmes se
connaissent très rarement les uns les autres. Ils peuvent avoir vécu ensemble
pendant vingt, trente, ou quarante ans mais ils ne se connaissent pas les uns
les autres. Ils connaissent leurs propres réactions les uns envers les autres,
et ils attribuent ces réactions aux autres. Ils pensent donc qu’ils les
connaissent mais en fin de compte ils ne les connaissent pas du tout. Ils ne
connaissent que leurs propres états mentaux et émotionnels projetés. Plus vous
vivez avec ces gens avec qui vous avez des liens de sang ou de fort liens
émotionnels, moins, dans le vrai sens spirituel, vous les connaissez. Après
tout, pour le bébé, qu’est-ce que la mère ? La mère est simplement une
merveilleuse sensation de chaleur et de confort, de sécurité et de bien-être. L’enfant
ne connaît pas sa mère en tant que personne. La même chose est vraie pour d’autres
personnes. Et cela reste ainsi durant la plus grande partie de notre vie.
C’est pour
cela qu’il y a tant d’incompréhensions entre les gens, tant d’échecs dans la
communication, tant de déceptions, en particulier dans les relations les plus
intimes de la vie. Les gens se comprennent de travers car une personne ne
connaît pas l’autre et ne peut donc l’aimer. Il n’y a qu’une
pseudo-communication entre des projections, et rien de plus. Il est très
salutaire de regarder la vérité en face (cela peut paraître dur) et de réaliser
que, dans la plupart des cas, ce que nous appelons nos relations ne sont qu’un
labyrinthe de telles projections réciproques, sans aucune connaissance ni
compréhension réciproques, pour ne pas parler d’amour réciproque.
Mais il y a une voie positive
comme toujours dans le bouddhisme. Si nous
sommes capables de dire la vérité à une personne, en prenant conscience de
cette personne — ce qui
signifie, bien sûr, aimer cette personne, l’amour étant la prise de conscience
de celle-ci — alors nous
saurons ce dont elle a besoin. Nous saurons ce dont elle a besoin, ce qui est
très différent de ce que nous pensons qu’elle devrait avoir besoin parce que
cela serait bon pour nous si elle l’avait, ceci étant ce que la plupart des
gens entendent par « savoir ce qui est bon pour les autres ». Savoir
ce dont d’autres personnes ont besoin signifie savoir ce qui est bon pour elle
de manière très objective, sans référence à nous-même. Nous savons alors ce qui doit être
apporté, ce qui doit être donné, comment elles doivent être aidées, et ainsi de
suite.
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui.
Amitiés à tous.
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