Paul Goodman, un des créateurs de la Gestalt thérapie
Je vais aborder à présent une des
méthodes les plus actuelles de psychothérapie, la Gestalt thérapie, à travers
le livre de Frederick Perls, Paul
Goodman et Ralph Hefferline, Gestalt thérapie.
Considérons un cas particulier de
bavardage : l’expérimentation de l’association libre telle qu’elle est
pratiquée par la psychanalyse orthodoxe. Ce sur quoi nous voulons mettre l’accent,
c’est sur la différence entre le comportement du patient dans cette technique
et celui du thérapeute. Le patient fait des associations libres et le
thérapeute les interprète. En réalité, le patient ne produit pas mécaniquement
ce flux d’associations mais sans en être conscient, exprime certaines
tendances, revient cycliquement sur certains besoins émotionnels et essaye de
compléter une figure inachevée. C’est, bien sûr, une preuve capitale de l’existence
de l’inconscient mais la question qui demeure, c’est plutôt de savoir si c’est utile pour la psychothérapie.
Remarquez bien que c’est le
thérapeute qui se concentre sur ce flux et crée à partir de cela des figures
complètes (les découvre et les crée). C’est lui qui devient ainsi conscient de
quelque chose à propos du patient, c’est-à-dire du comportement du patient qui,
lui, est en état de non-conscience. Mais le but de la psychothérapie n’est pas
que le thérapeute devienne conscient de quelque chose sur son patient mais que
le patient devienne conscient de
lui-même.
Il faut donc entreprendre un
processus selon lequel le thérapeute explique
au patient ce qu’il sait désormais à son sujet. Le patient acquiert ainsi une
connaissance ample et intéressante à son propos. Mais reste la question de
savoir si oui ou non il augmente ainsi sa connaissance immédiate de lui-même. Car la « connaissance-à-propos-de »
possède un certain degré d’abstraction, elle n’est pas très intéressante. Et c’est
à nouveau dans le contexte habituel de l’introjection (injection de l’extérieur,
par exemple par une autorité, dans l’intérieur d’une personne) de la sagesse d’une
autorité qu’elle se constitue. S’il parvenait à se reconnaître lui-même (et pas
la parole du thérapeute) en tant qu’objet de connaissance (ce que l’on sait et
qu’on ne savait pas ce que l’on savait), alors cette sorte de connaissance serait
intime et pleine d’intérêt.
Le but de la thérapie, c’est de permettre
au patient de reconnaître cela.
Le problème, c’est qu’au cours de
cette activité dans lequel il est engagé, le patient a été amené à prononcer un
flot de mots qui avaient peu de sens pour lui. Cette activité n’a pas
spécialement ajouté quoi que ce soit à son expérience ; au contraire, ce n’était
qu’un simple fac-similé de son expérience habituelle : il se connaît bien
dans ce rôle. La règle de « Ne pas censurer » le dégage de la
responsabilité des mots, ce qui n’est pas une attitude inhabituelle pour
beaucoup de gens. Il peut finalement penser : « Simplement, je vais
aller mieux pour faire plaisir à mon psychothérapeute qui est un peu fou. »
Le risque de cette technique, c’est
qu’en mettant entre parenthèses la partie consciente de la personne qui est
responsable, se sent concernée et prend des décisions, le patient acquière, seulement
par le thérapeute, figure paternelle ou d’autorité, une nouvelle connaissance
de son inconscient et de son artificielle mise en mots, alors qu’il devrait l’acquérir
par lui-même. Ainsi, au lieu de guérir de son clivage psychique, la technique
de l’association libre pourrait le rendre encore plus confus.
Voilà. C’est tout pour le moment.
La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.
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