Une nouvelle référence sur la mnémotechnie
Je suis toujours très heureux
quand paraît, dans un paysage éditorial qui n’est pas toujours génial, un très
bon livre sur la mémoire et la mnémotechnie (un de mes domaines de
prédilection). Actuellement, depuis la fin de l’année 2016, Sébastien Martinez,
champion de France de mémorisation 2015, nous propose un ouvrage
remarquablement bien fait et plein d’idées sur le sujet, Une mémoire infaillible, briller en société sans sortir son smartphone.
Je n’avais rien lu de cette qualité sur cette thématique depuis Mémento de la mémoire, améliorez votre mémoire au quotidien de Benoît Rosemont
et Comment développer une mémoire extraordinaire de Dominic O’Brien.
Pour pousser plus loin la
comparaison, Sébastien Martinez a comme Dominic O’Brien la générosité de nous
révéler presque tous les secrets les mieux gardés de la mnémotechnie (notamment
ceux des champions du monde de mémoire comme le système PAO).
Le chapitre que je préfère est le
chapitre 4 « Créer son propre langage » car c’est bien de cela qu’il
s’agit en mnémotechnie. Au début, vous apprenez ce qu’on pourrait appeler un
langage codé pour retenir mieux (table de rappel, palais de mémoire, code
chiffre-lettre, etc.). Mais après, quand vous possédez beaucoup de maîtrise de
ces codes, vous pouvez vous créer les vôtres, vos langages.
Je vais vous donner un exemple :
personnellement, j’ai appris, dans le livre de Tréborix Souvenirs et mémoire en 1983, comment associer les 52 cartes d’un
jeu à 52 images différentes, ce qui permet de mémoriser l’ordre d’un jeu grâce
à votre « palais de mémoire ». Mais, depuis, je me suis créé ma
propre méthode : j’ai associé la couleur cœur aux gens que j’aime, la couleur
pique aux gens que je déteste, la couleur trèfle à mes collègues de travail, la
couleur carreau aux mentalistes que je connais. Dans chaque couleur, il y a naturellement
treize cartes-personnages, roi, dame, valet, dix, etc., personnages qui
correspondent tous à une caractéristique que je leur ai assignée : ainsi,
j’ai décidé que le neuf serait toujours une personne Nouvelle (jeune) : le
neuf de carreau est le mentaliste Luca Volpe qui est le plus jeune mentaliste
que je connaisse, le neuf de trèfle est un de mes collègues de travail très
jeune, etc. Cela m’a donné 52 personnes, correspondant chacune à une carte de
mon jeu. Je ne vous dis pas bien sûr quelles sont ces 52 personnes parce que je
ne veux pas que tout le monde connaisse mon truc ! Rassurez-vous, je
déconne, vous trouverez ce type de classification thématique dans le livre de
Sébastien Martinez (p.97) : en effet, le britannique Ed Cooke, ancien
champion du monde de mémoire, a eu exactement la même idée que moi ou
peut-être, plus modestement, j’ai eu la même intuition que lui !
Le plus beau passage du livre se
trouve dans la conclusion : « Un art de l’attention ». « L’art
de la mémoire est un art de l’attention. C’est en cela aussi qu’il est urgent
de l’enseigner. En nous permettant de focaliser notre attention sur un objectif
de plus en plus précis, il nous aide à la développer dans mille autres
circonstances. Il nous permet de gagner en concentration et donc en sérénité.
Il nous aide à ne plus nous disperser. A retrouver notre autonomie. Et donc
notre confiance en nos propres capacités.
Avoir une bonne mémoire n’est pas une finalité en soi.
Il ne s’agit que d’un moyen vers une existence plus sereine. L’art de la
mémoire, à l’instar de l’hypnose, du yoga, de la sophrologie ou de la méditation, aide à se
recentrer, à être présent à l’instant. Il nous invite à chercher en nous-mêmes
ce après quoi nous courons en vain. »
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire