Mon livre sur Manchette
Je viens de recevoir une lettre
de mon éditeur Les Belles Lettres qui
me détaille le montant de mes droits d'auteur pour mon livre Jean-Patrick Manchette, parcours d’une œuvre.
Je trouve la somme qu'il me verse minable et scandaleuse. J'ai donc décidé de
publier ce livre gratuitement sur Internet.
Pour les magiciens qui sont aussi
amateurs de romans policiers, c’est le moment d’en profiter !
Introduction
EFFERVESCENCE ÉDITORIALE ET
HOMMAGES POSTHUMES
L’œuvre de Jean-Patrick
Manchette, que la critique avait baptisé « le père du néo-polar », a fait
l’objet d’une intense activité éditoriale ces dernières années, depuis sa mort
prématurée à l’âge de 52 ans le 3 juin 1995. La Série Noire, qui avait déjà
publié l’ensemble de ses romans noirs du vivant de l’auteur, a réédité en 1996
quatre de ceux-ci: L’Affaire N’Gustro,
O dingos, ô châteaux!, Morgue pleine et Fatale. En 1997, elle a fait paraître un coffret « spécial Manchette
» de trois livres qui comporte Nada, Le Petit Bleu de la côte ouest, La Position du tireur couché. Gallimard,
dont dépend la Série Noire, réédite en outre dans sa collection « Folio
policier » plusieurs romans de l’auteur. Les éditions Rivages, quant à elles,
sous l’impulsion de François Guérif et du fils de l’écrivain, Doug Headline,
ont fait paraître en 1996 dans un volume intitulé Chroniques l’ensemble de ses articles sur la littérature policière
ainsi qu’un roman inachevé, La Princesse
du sang. Puis vint en 1997 la publication de l’ensemble des chroniques sur
le cinéma écrites pour Charlie Hebdo, Les
Yeux de la momie, toujours aux Editions Rivages et en 1999 d’un volume
réunissant des nouvelles, certaines inédites, la pièce Cache ta joie ! et le
roman de science-fiction que l’auteur écrivit pour les enfants, Mélanie White. Le même éditeur annonce
la prochaine parution d’un recueil de correspondances et peut-être du journal
intime que Manchette avait tenu à partir de l’année 1963 !
Du côté des revues, l’activité
n’est pas moins intense. En avril 1997, un hors série de Polar lui est consacré avec des interviews d’auteurs policiers, de
cinéastes, des extraits d’un roman inédit, des articles critiques, une
bibliographie, une filmographie. La célèbre publication créée par Sartre et
Simone de Beauvoir, Les Temps modernes,
prend pour thème de son numéro 595 le roman policier noir et l’intitule « Pas
d’orchidées pour les T.M ». avec notamment une nouvelle de Jean-Hugues
Oppel, L’imposition du cireur Touchet (Hommage
à J.-P. Manchette), parodie transparente de La Position du tireur couché, dernier roman publié du vivant de
l’auteur. Dans sa revue L’Œuf,
Laurent Greusard propose en 1997 à la fois une interview de Patrick Raynal, le
directeur de la Série Noire, sur sa perception de l’œuvre de Jean-Patrick
Manchette et la retranscription d’un ancien entretien télévisuel avec l’auteur
lui-même. De nombreux écrivains dédient un livre au défunt : Blocus solus de Bertrand Delcour, où il
est question de Guy Debord et de l’Internationale Situationniste qui avaient
tant influencé Manchette dans sa jeunesse, et La Crème du crime de Michel Lebrun et Claude Mesplède, superbe
anthologie de nouvelles noires et policières françaises. Le Polar français, dossier constitué par Robert Deleuse pour une
publication du Ministère des Affaires Etrangères, débute par ces mots : « A
Jean-Patrick Manchette, in memoriam. » Le summum est atteint quand notre
auteur vient s’insérer à l’intérieur d’un texte fictionnel comme référence
culturelle dans la nouvelle policière de Jean-Hugues Oppel « Tout le monde
sait où c’est, Alésia » parue dans le recueil Paris, rive glauque des éditions Autrement: « Le terrorisme
gauchiste et le terrorisme étatique, quoique leurs mobiles soient
incomparables, sont les deux mâchoires du même piège à cons — qui a dit ça ?
Un auteur de polars, Joseph se
rappelle. Jean-Patrick Manchette. Il avait raison, ô combien ! Il faut toujours
écouter les auteurs de romans noirs plutôt que les néophilosophes en chemise
blanche.
Et se débrouiller pour ne pas
faire partie des cons. »
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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