vendredi 24 mars 2017

Compte rendu de "L'art et la science de se souvenir de tout" de Joshua Foer (huitième partie).


Un livre français sur la mnémotechnie.

Récemment est paru en livre de poche L’art et la science de se souvenir de tout qui est en fait le même livre que l’ouvrage en grand format Aventures au cœur de la mémoire (tous les deux la traduction de Moonwalking with Einstein).

Aventures au cœur de la mémoire est un livre référence dans le monde de la mémoire. Il y est question de l’histoire de la mémoire et de la mnémotechnie, de la naissance des Mémoriades, les Championnats du monde de mémoire, en 1991, mais surtout de la manière dont un journaliste indépendant, Joshua Foer, est devenu champion de mémoire des États-Unis en 2006 alors qu’il ne savait même pas ce qu’était une technique de mémorisation un an auparavant !

Joshua Foer le présente ainsi: « Allongé dans mon lit cette nuit-là, je visitai obsessionnellement chacun de mes palais et me rongeai les sangs au sujet de Maurice. Je fus incapable de trouver le sommeil pendant de longues heures. Comme Maurice lui-même l'avait observé avant le championnat de l'année précédente, l'insomnie d'un athlète mental, « c'est la même chose qu'une fracture de la jambe pour un footballeur juste avant un match ».

Quand je réussis enfin à m'endormir, vers trois heures du matin, aidé par un somnifère léger, je fis un rêve terrifiant dans lequel Danny DeVito et Rhea Perlman (mon roi et ma reine de pique) erraient pendant des heures dans un parking souterrain, juchés sur un poney (le sept de pique), essayant de retrouver leur Lamborghini Countach (le valet de cœur). Finalement, le couple et leur monture se fondirent dans l'asphalte sous l'œil de Maurice Stoll qui poussait un petit rire sinistre de tortionnaire nazi. Je me réveillai après quatre petites heures de sommeil, mort de fatigue, le cerveau en compote, et je me shampouinai par erreur la tête deux fois de suite — sinistre présage, s'il en est un.


Sortant de l'ascenseur au dix-neuvième étage du siège de Con Edison, je tombai d'abord sur Ben Pridmore. Il était venu d'Angleterre pour le week-end parce qu'il avait envie d'assister au championnat américain. À l'aéroport de Manchester, il avait décidé sur un coup de tête de se payer un siège en classe affaires. « Dans quoi pourrais-je bien gaspiller mon argent, sinon ? me dit-il avec un haussement d'épaules.

— En effet », acquiesçai-je en baissant les yeux. Le cuir du dessus de ses chaussures, tout craquelé, se détachait presque des semelles.

« J'ai déjà perdu, annonçai-je à Ben avec dépit. Avant même le début des hostilités ! » Je lui parlai de mes angoisses, de mon insomnie, de mon double shampoing. Il convint que je ne m'étais pas fait de cadeau en avalant un somnifère et il me fit remarquer que les molécules du comprimé se baladaient sans doute encore dans mon système sanguin.

J'avalai deux très grands gobelets de café. La fatigue était passée et j'étais sur les nerfs. Je me sentais vraiment stupide d'avoir bousillé ce dont j'avais le plus besoin pour être performant : ma nuit de sommeil. C'est alors que Maurice entra dans la salle. Il était vêtu d'une chemise à motif cachemire et coiffé d'une casquette des Texas Aggies. Il avait l'air beaucoup plus guilleret que l'année passée. Et terriblement sûr de lui, par-dessus le marché. Il me reconnut et s'approcha pour me serrer la main. Il voulait aussi faire la connaissance du légendaire Ben Pridmore.

« Alors comme ça, vous êtes revenu », me dit Maurice. Ce n'était pas une question. Mince. Ma stratégie, si tant est que j'en aie eu une, était de débarquer en douce au championnat et de prendre Maurice par surprise. Mais il avait entendu parler de moi pendant l'année. Quelqu'un l'avait informé que je m'entraînais avec Ed Cooke.

« Ouais, j'ai eu envie de tenter ma chance », dis-je d'un air désinvolte. Je désignai mon badge, qui disait : « Joshua Foer — Athlète mental. » Et j'ajoutai : «C'est un peu... C'est une sorte d'expérience journalistique. » Puis je soutins le regard de Maurice. J'avais très envie de savoir s'il avait amélioré ses techniques mnémoniques. « Comment sont vos nombres, cette année ?

— Ils sont bons, répondit-il. Et les vôtres ?

— Ça va. Et vos cartes ?

— Pas mal. Vous-même ?

— Avec les cartes, ça devrait aller. Vous utilisez le même système que l'année dernière ? »

Il éluda la question d'un haussement d'épaules et demanda tout à trac : « Vous avez bien dormi ? »


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

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