Ralph Hefferline
Des amis m’ont demandé d’apporter des
approfondissements sur la gestalt-thérapie. J’ai déjà abordé ce sujet à
plusieurs reprises dans ce blog. En voici quelques exemples :
Cet article est la suite de celui-ci.
Le livre de référence sur le sujet
est Gestalt-thérapie, nouveauté,
excitation et développement de Frederick Perls, Paul Goodman
et Ralph Hefferline.
L’ouvrage est divisé en deux parties
distinctes. La première partie porte sur l’orientation du moi et se subdivise
en 4 chapitres. Le chapitre 1 définit l’aspect scientifique de la
gestalt-thérapie. Le chapitre 2 présente différentes expériences visant à
développer ou à accroître chez l’individu sa capacité à entrer en contact avec
son environnement. Les chapitres 3 et 4 présentent les différentes techniques
de prise de conscience intégrée du soi. La deuxième partie de l’ouvrage porte
sur la manipulation du moi. On y retrouve également 4 chapitres qui traitent
globalement de 3 types de mécanismes névrotiques à l’origine des troubles
psychologiques vécus par les individus. Ces mécanismes sont : la rétroflexion,
l’introjection et la projection.
La rétroflexion, suite
Examinons quelques rétroflexions
typiques. Il y a, par exemple, celles qui sont simplement des réflexes
linguistiques. Quand on emploie des expressions comme « je me demande »,
ou « je me disais », que veut-on dire ? Dans les expériences précédentes, nous
avons souvent suggéré : « Demandez-vous . . . » N'est-ce pas d'une logique
étrange ? Si vous ne connaissez pas quelque chose, pourquoi vous le demander,
et si vous le savez, pourquoi vous le dire ? Ces manières de parler (et nous
les employons tout le temps) impliquent que la personnalité est divisée, comme
si deux personnes habitaient le même corps et pouvaient tenir une conversation
entre elles. A votre avis, est-ce une simple manière de parler, particulière à
notre langue, ou pensez-vous que cet usage tout à fait commun correspond à une
division de la personnalité ?
Essayez de comprendre clairement
que lorsque « vous vous demandez quelque chose », c'est une question
rétrofléchie. Vous ne connaissez pas la réponse, sinon vous ne vous poseriez
pas la question. Qui, dans votre environnement, connaît la réponse ou devrait
la connaître, à votre avis ? Si vous parvenez à situer cette personne,
avez-vous conscience de vouloir lui poser votre question ? Qu'est-ce qui vous
empêche de le faire ? La timidité, la crainte d'une rebuffade, la réticence à
admettre votre ignorance ?
Quand « vous vous consultez », êtes-vous conscient de votre
motivation ? Plusieurs sont possibles. Ce peut être un jeu, une moquerie, une
consolation ou un reproche. Quoi que ce soit, à qui vous substituez-vous en
faisant cela ?
Considérez les reproches que l'on
s'adresse à soi. Là, on ne trouve pas un véritable sentiment de culpabilité, mais
simplement un reproche feint. Renversez l'approche en essayant de trouver la
Personne X, parmi vos connaissances, à qui vous adressez vraiment vos
reproches. Qui voulez-vous tourmenter ? Qui voulez-vous réformer ? Chez qui
voulez-vous éveiller le sentiment de culpabilité que vous prétendez posséder en
vous ?
À ce stade, il n'est pas utile
que vous vous précipitiez chez la personne en question pour vous débarrasser de
votre rétroflexion. Vous n'avez pas encore suffisamment exploré et accepté votre
personnalité ni examiné à fond la situation interindividuelle. Laissez de côté
le contenu détaillé du problème particulier pour le moment et contentez-vous
d'essayer de réaliser la forme de votre comportement rétrofléchi. Peu à peu,
vous commencerez à vous voir comme les autres vous voient. Si vous êtes sans cesse exigeant avec vous-même, vous êtes sans doute,
explicitement ou implicitement, exigeant avec les autres — et c'est ainsi que
vous leur apparaissez. Si vous êtes furieux après vous, vous serez furieux
après la mouche qui se promène sur le mur. Si vous vous tourmentez, vous pouvez
être sûr de tourmenter les autres aussi.
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.
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