Le premier recueil de nouvelles que j'ai lu de Roger Zelazny
En ces temps troublés, pour échapper à la morosité ambiante, j'ai décidé de
publier des textes que j'avais rédigés sur celui qui est pour moi le plus grand
des auteurs de science-fiction (à égalité avec Philip K. Dick), Roger Zelazny.
Biographie : de la Sécurité sociale à la science-fiction lyrique
(suite)
D’abord, il reçoit de
nombreuses lettres de rejet pour ses nouvelles, jusqu'à ce qu'en mars 1962 arrive un mot de Cele
Goldsmith annonçant qu'elle prenait Le mystère de la Passion.
Roger Zelazny vient de rencontrer celle qui va
l'imposer au public par une politique intensive de publication. Cele Goldsmith
dirige à cette époque la plus ancienne revue de science-fiction au monde, Amazing,
l'ancêtre créé en 1926 par Hugo Gernsback qui a sombré au fil des ans dans le populaire
racoleur de très bas étage. II est heureux pour Zelazny qu'Amazing,
après une longue période de publication de pseudo science-fiction, soit entrée
dans une période de rénovation avec l'arrivée de Cele Goldsmith au poste de
rédacteur en chef. Elle réussit à s'imposer en décidant de vieux auteurs
endormis à écrire pour elle (Fritz Leiber reprend son cycle de Lankhmar, Robert
F. Young, Edmond Hamilton, Daniel Galouye reviennent aux récits courts) et
surtout impose de nouvelles vedettes : Harlan Ellison, Thomas Disch, Keith
Laumer. Elle voit sans doute en Roger Zelazny son meilleur poulain et lui fait
occuper quelques temps (1962‑1965) dans la revue la meilleure position : celle
de l'auteur maison dont on présente chaque mois un texte dans l'une ou l'autre
des revues du groupe d'édition — Amazing ou Fantastic. Et la
force de travail de notre auteur se révèle telle que même deux débouchés
mensuels ne lui suffisent pas. Goldsmith trouve donc un pseudonyme à Zelazny,
Harrison Denmark, et publie les récits deux par deux.
Le travail de Zelazny à la sécurité
sociale dure jusqu'en 1969, quand il démissionne pour écrire à plein temps. Il
trouve quand même le moyen d'employer cette expérience pour emmagasiner des
ressources pour son écriture : « J'ai regardé les mains et les gestes des
personnes, comment ils se comportaient. J'ai étudié leurs visages, me suis
interrogé sur leur habillement, leurs bijoux, leurs cicatrices. J'ai écouté
leurs mensonges et leur ai demandé ce qu'ils pensaient être la vérité. » Il
devint également expert permanent en matière de coutumes chinoises de mariage.
Par ailleurs, le protagoniste sans nom des
histoires rassemblées dans L’homme qui n’existait pas doit beaucoup à
une conversation sur les enregistrements centralisés d’identité que Zelazny eut
avec Bill Spangler, avec qui il travailla au bureau de sécurité sociale de
Baltimore. Dans Lewis Briggs, le fonctionnaire de L’île des morts,
Zelazny parodie les règles compliquées et les règlements de la bureaucratie du
gouvernement. En 1963, Zelazny eut également un travail à temps partiel comme
professeur à l'université de Fenn, maintenant Cleveland State, en tant
qu'instructeur d’anglais pour les étudiants de première année. Mais il trouva
rapidement que l'enseignement lui prenait trop de temps et d’énergie pour son
écriture en plus de son travail à temps plein et arrêta après un semestre,
refilant le poste à son ami, Ron Dobler, qui à l’époque était professeur de
lycée ; maintenant, comme Carl Joke, il est devenu professeur d’anglais à l’université.
L'année 1964 est particulièrement difficile
pour Zelazny. En automne, lui et sa fiancée, Sharon Steberl, ont un accident
d'automobile à côté de Mansfield dans l’Ohio. Zelazny n'est pas été trop
sévèrement touché mais Sharon est blessée assez sérieusement pour retarder leur
mariage jusqu’à la fin de l’année. Le 25 novembre, le père de Zelazny meurt
brutalement. Bien qu’ayant du mal à supporter ce choc, Zelazny se marie le 5
décembre. Le mariage ne fonctionne pas et il se sépare de son épouse à la fin
de l'été 1965 ; ils divorceront en 1966.
Après sa séparation de Sharon Steberl, Zelazny
accepte une promotion comme spécialiste de contentieux social et revient à
Baltimore. Une fois installé, il continue à écrire chaque soir. Ses histoires
sont à présent régulièrement nominées pour différentes récompenses. En 1966, il
gagne son premier Hugo pour Le Voyage infernal et ses premiers
Nebulas pour Le Façonneur dans la catégorie nouvelle et pour Les
portes de son visage, les lampes de sa bouche dans la catégorie novelette.
Plus tard, dans la même année, il publie ses deux premiers romans, Toi
l’immortel et Le Maître des rêves. Tous les deux sont des versions
augmentées d’œuvres plus courtes qui ont reçu des prix ; Toi l’immortel
avait été raccourci pour la publication en magazine et Zelazny allonge Le
Façonneur sur une suggestion de l'auteur et éditeur Damon Knight. L'année
1966 est également marquée par un événement positif indépendant de son
écriture : le 20 août, il épouse Judith Alene Callahan, avec qui il travaille
à l'administration de sécurité sociale.
Voilà. C'est tout pour le moment. Amitiés à tous.
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