En ces temps troublés, pour échapper à la morosité ambiante, j'ai décidé de
publier des textes que j'avais rédigés sur celui qui est pour moi le plus grand
des auteurs de science-fiction (à égalité avec Philip K. Dick), Roger Zelazny.
La fin de l’histoire
Entre 1983 et 1990 le rythme
d'écriture de Roger Zelazny se ralentit tandis qu'il concentre ses énergies sur le programme de
lecture qu'il avait quelques années avant. En 1984 il ne publie que trois
œuvres courtes — tous pour des
anthologies. En 1985 il remet en marche la série Ambre, qui avait été dormante
depuis la publication des Cours du chaos en 1978, choquant certains des
fans de la série en remplaçant le narrateur Corwin par son fils Merlin.
En 1987, il est devenu l'un des
auteurs fondateurs de la série des mondes partagés Wild Cards de George R.
Martin, apportant sa contribution aux deux premières collections, Wild Cards
et Aces High et au « roman mosaïque » Down and Dirty.
Cependant, il ne faut pas écarter
les œuvres de Zelazny des années 80 en les considérant comme plus légères que
les précédentes ; dans le même temps, il publie aussi 24 Views of Mount
Fuji by Hokusai et Permafrost
qui gagnèrent toutes deux un Hugo.
Un autre changement dans les
habitudes d’écriture de Zelazny à cette époque fut l'importance croissante
donnée à la collaboration avec d'autres auteurs. Il avait précédemment
collaboré avec Philip K. Dick pour Deus Irae et avec Fred Saberhagen
pour Coils, mais à la fin des années 1980 il s’engagea dans de
nombreuses collaborations. Deux de ces collaborations ont été éditées en 1990, Le
Trône noir, encore avec Fred Saberhagen, et Le Masque de Loki, avec
Thomas T. Thomas. Apportez-moi la tête du prince Charmant avec Robert
Sheckley, a été édité en 1991. Une autre collaboration avec Thomas, Flare,
a été publiée en 1992. Il y eut d'autres collaborations avec Sheckley A Faust,
Faust et demi en 1993 et
Le démon de la farce paru en 1995.
Du côté de la vie privée, vers la fin des
années 80, Roger Zelazny commença une relation épistolaire avec une jeune
étudiante, Jane Lindskold, à qui il prodigua, par courrier, conseils et
encouragements, celle-ci souhaitant devenir écrivain. En 1989, il la rencontra
pour la première fois, puis il noua une relation de plus en plus étroite avec
elle jusqu’à lui proposer à la fin de 1993 de venir vivre avec lui à Santa Fé.
Mais début 1994, malgré une certaine réticence
pour les visites médicales, il se soumit à un check-up qui mit en évidence la
présence d’une tumeur maligne au niveau du colon. Par malheur, le développement
de la lésion la rendait inopérable et ne laissait comme possibilité que la
chimiothérapie. Roger Zelazny s’y engagea donc au moment où Jane le rejoignait. Il travaillèrent côte à côte et publièrent deux livres ensemble.
Jane Lindskold écrivit par la suite qu’en dépit
de sa maladie, cette période fut l’une des plus belles de sa vie. Il ne baissa
jamais les bras devant l’épreuve, voyageant, découvrant les jeux de rôles,
éditant de nombreuses anthologies.
Malgré tous ses efforts, Roger Zelazny dut
finalement s’avouer vaincu devant le cancer qui l’emporta, à 58 ans, le 14 juin
à l’hôpital St Vincent de Santa Fé en présence de sa famille.
Zelazny avait exprimé le souhait que sa mort
soit l’occasion d’une réunion d’amis plutôt que d’un service religieux ;
ses cendres furent dispersées dans les montagnes autour de Santa Fé.
Voilà. C'est tout pour le moment. Amitiés à tous.
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