mercredi 13 juin 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (huitème partie).



 Wilhelm Reich.

Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.


Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de l’ouvrage.

De nombreux amis me critiquèrent pour mes rapports polémiques avec Freud. « Vous avez tant à dire. Votre position est fermement fondée sur le réel. Pourquoi cette agressivité continuelle envers Freud ? Laissez-le en paix et occupez-vous de vos oignons. »

C'est une chose dont je suis incapable. Freud et ses théories, son influence ont beaucoup trop d'importance pour moi. Mon admiration, mon embarras, mon caractère vindicatif sont très forts. Je suis profondément ému par ses souffrances et son courage. Je reste béat d'admiration devant tout ce qu'il a pu accomplir, pratiquement seul, avec des instruments intellectuels inadéquats, mélange de psychologie associative et de philosophie d'inspiration mécaniste. Je lui suis profondément reconnaissant de tout ce que j'ai réussi à développer parce que je lui ai tenu tête.

On tombe parfois sur une phrase qui, sous le choc de la reconnaissance, illumine comme un éclair les ténèbres de notre ignorance. Adolescent, j'ai connu cette « illumination ». Schiller, contemporain et ami de Goethe, que l'on tend à sous-estimer, a écrit :

Und so lange nicht Philosophie
Die Welt zusammen haelt
Erhaelt Sie das Getriebe
Durch Hunger und durch Liebe.

(« Et tant que le monde ne sera pas guidé par la philosophie, celui-ci sera dirigé par la faim et par l'amour. »)

Freud écrivit plus tard, dans le même sens : « Nous sommes vécus par les forces qui sont à l'intérieur de nous-mêmes. » Mais c'est alors qu'il fit une gaffe impardonnable pour sauver son système orienté vers la libido. Pour lui, la bouche d'un nourrisson a une énergie qui ne se différencie pas encore entre la zone libidinale et les fonctions de nutrition. Pratiquement, il laissa tomber la deuxième fonction et prit position à l'opposé de Marx. Marx estime que la subsistance est la pulsion directrice de l'homme. Freud met la libido au premier rang. Or, il n'est pas question de l'une ou de l'autre, mais des deux à la fois. Car si la fonction de nutrition est plus importante pour la survie de l'individu, le sexe l'est pour celle de l'espèce. Mais n'est-il pas artificiel de préférer l'une à l'autre ? Est-ce que l'espèce peut survivre sans la subsistance de l'individu, et l'individu existerait-il sans le sexe de ses parents ?
Tout cela est tellement évident. Je suis même plutôt gêné d'en faire tant soit peu état. Et je ne le ferais pas, n'étaient les implications que la question recèle pour les marxistes comme pour la philosophie freudienne.

Wilhelm Reich avait essayé d'allier les deux. Il commit l'erreur de tenter de relier l'une à l'autre les deux Weltanschauungen à un haut degré d'abstraction, alors qu'il fallait le faire au niveau des tripes. Le résultat fut qu'il se fit rejeter et traiter de tous les noms. Les communistes le rejetèrent parce qu'il était analyste et les analystes parce qu'il était communiste. Au lieu d'être assis sur un trône élargi, il se retrouva entre deux chaises.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


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