mercredi 13 juin 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (septième partie).



Un de mes livres où il est question de Gestalt.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

 Cet article est la suite de celui-ci .


Voici le résumé de l’ouvrage.

Autre obstacle : les 200 livres exigées pour l'immigration. Mais, par miracle, la chose s'arrangea. Bientôt nous reçûmes un prêt qui couvrit le montant de la garantie et du voyage.

Le dernier obstacle était celui de la langue. A part le latin, le grec et le français, j'avais étudié un peu d'anglais en classe. Mais, si j'aimais le français et le possédais à fond, jamais je n'avais éprouvé de sympathie pour la langue anglaise. Maintenant il fallait l'apprendre, et vite. J'ai utilisé une approche multiple : pendant les trois semaines de voyage sur le Balmoral Castle j'ai lu toutes les histoires faciles et amusantes qui me tombaient sous la main, comme des romans policiers. Je lisais sans m'inquiéter des détails, devinant par le contexte ce qui se passait. J'étudiais aussi la grammaire et le vocabulaire à l'aide de la méthode Langenscheidt.

J'ai aussi surmonté ma timidité en engageant la conversation avec l'équipage et les passagers. Plus tard, j'allai au cinéma, restant voir le même film plusieurs fois de suite. Je n'ai jamais perdu mon accent allemand, ce qui m'a longtemps gêné, mais je n'ai jamais pris de leçons de diction. Plus tard, aux Etats-Unis, j'ai été souvent dérouté par la différence entre l'accent américain et l'accent britannique. Comme on voit affiché dans certains magasins parisiens : « On parle anglais, on comprend l'américain. »

Nous avons été très bien reçus. Je me suis fait une clientèle et j'ai créé l'Institut sud-africain de psychanalyse. En l'espace d'un an, nous sommes devenus propriétaires d'une maison de style « Bauhaus », dans un quartier chic, avec un court de tennis et une piscine, et avons engagé une nurse (nous avions un deuxième enfant), une gouvernante et deux domestiques indigènes.

Les années suivantes, j'ai pu me consacrer à mes violons d'Ingres : tennis et ping-pong. J'obtins mon permis de pilotage. Mes amis aimaient voler avec moi, bien que Lore n'ait jamais eu confiance. Mon plus grand plaisir était d'être seul dans l'avion, de couper le moteur et de me laisser redescendre en vol plané dans ce silence et cette solitude magnifiques.

Nous avions aussi une très grande patinoire. Comme j'aimais danser sur la glace ! Les larges courbes, la grâce et l'équilibre de ce sport ne peuvent se comparer à rien d'autre. J'ai même gagné une médaille dans un concours.
Des randonnées jusqu'à la mer, la nage dans les vagues chaudes de l'océan Indien, tant et tant d'animaux sauvages à observer, tourner des films d'une envergure modeste, mettre en scène des pièces de théâtre (j'avais étudié avec Max Reinhardt) et faire donner le meilleur d'eux-mêmes à des amateurs, rendre visite à des sorciers guérisseurs, faire quelques inventions, apprendre l'alto, réunir une importante collection de timbres-poste, vivre quelques aventures amoureuses satisfaisantes, d'autres moins, créer quelques amitiés chaleureuses et durables, quelle différence avec notre vie précédente ! J'avais toujours réussi à gagner de quoi vivre, toujours eu maintes occupations, mais rien de comparable avec cette explosion d'activité, cette façon de gagner et de dépenser de l'argent. Lore me traitait de mélange de prophète et de fainéant. Et je courais le risque de cesser d'être l'un et l'autre.

J'étais coincé par les tabous rigides de la psychanalyse : les séances de cinquante minutes, pas de contact physique, visuel et social, pas d'engagement personnel (contre-transfert !). J'étais pris au piège de tous les ornements du citoyen honnête et respectable : famille, maison, serviteurs, et toujours plus d'argent que je n'en avais besoin. Pris dans la dichotomie du travail et du jeu ; lundi à vendredi s'opposant au week-end. Je me suis tiré de là par ma fureur, par ma révolte pour éviter de devenir un cadavre calculateur comme la plupart des analystes que je connaissais.

La première rupture se produisit en 1936, année de grandes espérances et de sombres désillusions. Je devais faire une communication au Congrès international de psychanalyse qui se tenait en Tchécoslovaquie. Je voulais faire mon petit effet, non seulement avec mon topo, où Freud était dépassé, mais en faisant moi-même les 4 000 miles à travers l'Afrique aux commandes d'un avion à moi, en solitaire : le premier analyste volant. Je trouvai un avion d'occasion, un Gypsy Moth qui pouvait voler à 160 à l'heure. Il coûtait 200 livres, mais quelqu'un me le souffla au dernier moment. La chose était donc exclue et je dus partir en bateau.

Ma communication portait sur « les résistances orales », toujours écrite dans le jargon freudien. Elle rencontra une vive opposition. Le verdict : « Toutes les résistances sont anales », me laissa pantois. Je voulais contribuer à la théorie psychanalytique, mais je ne me rendais pas compte, à l'époque, à quel point ce texte était révolutionnaire, ni combien il pouvait ébranler et même raser certaines bases fondamentales de la théorie du Maître.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


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