dimanche 6 novembre 2016

Compte rendu de « Vouloir sa vie, la Gestalt-thérapie aujourd’hui » de Gonzaque Masquelier, huitième partie, l’imperfection.



Imperfection


J’ai déjà évoqué dans ce blog deux types de méthodes psychologiques récentes, les thérapies comportementales et cognitives et la programmation neuro linguistique. Je vais aborder à présent une des méthodes les plus actuelles, la Gestalt-thérapie, à travers le livre de Gonzague Masquelier, Vouloir sa vie, la Gestalt-thérapie aujourd’hui

Les cinq pressions principales définies par les existentialistes sont 1) la finitude, 2) la solitude, 3) la responsabilité, 4) l’imperfection et 5) la quête de sens. Pour chacun de ces thèmes je vais aborder les manifestations psychiques qu’il engendre et comment la Gestalt-thérapie peut nous aider à trouver nos propres réponses.

4) L’imperfection

Cette pression existentielle est cousine d’une autre, la responsabilité : chaque être est responsable de ses actes car il est libre ; donc il souffre du décalage entre ses désirs et leur réalisation, entre l’image qu’il voudrait donner et avoir de lui et ce que lui renvoie son quotidien. Bref, il est un être limité.
A l’image du verre à moitié vide ou à moitié plein, selon l’optimisme ou le pessimisme du moment, il peut soit ressentir une contrainte existentielle d’imperfection, qui le bloque et le désespère, ou une pression vers le progrès qui le stimule et lui et lui donne le goût de chercher, d’étudier, d’améliorer ses actes ou ses relations affectives par exemple.

Pour fuir cette limitation, les stratégies sont nombreuses :

a) L’un peut partir dans la mégalomanie, le sentiment d’appartenir à une race supérieure, de ne pas être compris par les autres.
b) L’autre peut ne rien entreprendre, de peur de se heurter à un échec, et soit partir dans la rêverie où tout est possible, soit tomber dans la dépression où le fait de ne rien faire lui provoque une rumination de tous ses prétendus malheurs passés et présents.
c) Certains, et c’est la stratégie la fréquente, cherchent un bouc émissaire : ils trouvent alors un coupable responsable de leurs propres difficultés et de leurs limites (soit dans le passé, soit dans le présent). Trouver un coupable leur permet de donner une excuse à leur imperfection et un sens à leur angoisse (alors que l’imperfection vient simplement de notre nature humaine).

En Gestalt-thérapie, on cherche à redynamiser la personne par rapport à ses choix fondamentaux : « De quoi as-tu besoin réellement ? Que décides-tu pour y arriver ? » Le thérapeute peut avoir deux postures différentes suivant les cas : 1) aider son client à assumer ses limites si elles semblent adéquates, 2) encourager celui-ci à repousser ses limites si elles sont étriquées ou stériles.
 
Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

Compte rendu de « Méthode psychologique de clarification et d’action » de Jean-François Gérault (première partie).



 Les archives de l'insolite de Jean-Louis Bernard

Au fil du temps, je me suis progressivement créé ma propre méthode psychologique de clarification de la pensée et d’action.

Elle est une analyse des valeurs et des idées que nous proposent la société et notre propre esprit, qui sont souvent inexactes en fonction de notre personnalité.

Je vais vous présenter 4 points de ma méthode qui en comporte 14 : 1) les fausses impossibilités, 2) les fausses incompatibilités, 3) les visions erronées, 4) la résolution des visions erronées.

Pour l’instant, je n’exposerai que quelques exemples pour chaque point car la liste complète serait trop longue dans le cadre de cet article.

1) Les fausses impossibilités.

Ce sont des choses que nous avons crues impossibles parce que la société nous l’a dit et répété ou alors que nous n’osions effectuer parce que nous avions peur des conséquences (qui en fait n’ont jamais eu lieu). Mark Twain a écrit très justement : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

Quelques exemples :

a) J’ai écrit huit livres depuis l’an 2000. Je pensais que cela me rendrait dingue de fournir tout ce travail mais que nenni, tout va bien.
b) Je croyais que j’étais incapable de tenir un blog (j’en suis à 340 articles !).
c) Pendant un période de 17 mois, j’ai pris 16 kilos. J’étais persuadé, d’après ce que j’avais entendu dire, que j’allais mourir d’une crise cardiaque, mais non, pas du tout.

Morale de l’histoire, ne jamais se dire qu’une chose est impossible pour moi, essayer, même si cela ne réussit pas à tous les coups. Mais surtout changer de point de vue, d’angle d’attaque sur un problème que je pense impossible à traiter.

2) Les fausses incompatibilités.

Ce sont de vieux trucs, d’antiques idées reçues qui se disent partout, qui prétendent que certaines choses sont incompatibles et qui sont fausses pour moi. Je vais en lister quelques-unes.

a)  Bouddhisme et christianisme. Il serait impossible de croire aux deux ensemble (j’ai eu un collègue Jean-Claude Cardot qui vivait en même temps ces deux pratiques et pensées).
b) Spiritualité et sexualité : elles seraient contradictoires (voir Les archives de l’insolite de Jean-Louis Bernard).
c) Écrivain de gauche et écrivain de droite (j’ai écrit une étude sur Jean-Patrick Manchette, romancier situationniste, et une autre sur Jorge Luis Borges, auteur extrêmement conservateur, cela ne m’a pas posé de problème).

3) Les visions erronées.

Je parle de mes visions erronées personnelles (pas celles décrites dans telle ou telle religion). J’en ai répertorié plus de 30. En voici quelques extraits :

a) La réalité est stable (alors qu’elle est impermanente).
b) Il y a quelque chose ou quelqu’un qui vous punit pour les mauvaises actions que vous effectuez (pas du tout !).
c) Je vais être remercié dans cette vie ou ailleurs pour mes bonnes actions (là aussi absolument pas !).
d) J’ai l’idée qu’il y a un irréparable (actions, paroles, etc.). Encore une pensée totalement fausse.


Voilà. C’est tout pour le moment. Je traiterai la prochaine fois de la quatrième partie, la façon dont j’essaye de dépasser ces visions erronées. Amitiés à tous.

Compte rendu de « Vouloir sa vie, la Gestalt-thérapie aujourd’hui » de Gonzaque Masquelier, septième partie, la responsabilité.



Le premier livre de Fritz Perls


J’ai déjà évoqué dans ce blog deux types de méthodes psychologiques récentes, les thérapies comportementales et cognitives et la programmation neuro linguistique. Je vais aborder à présent une des méthodes les plus actuelles, la Gestalt-thérapie, à travers le livre de Gonzague Masquelier, Vouloir sa vie, la Gestalt-thérapieaujourd’hui

Les cinq pressions principales définies par les existentialistes sont 1) la finitude, 2) la solitude, 3) la responsabilité, 4) l’imperfection et 5) la quête de sens. Pour chacun de ces thèmes je vais aborder les manifestations psychiques qu’il engendre et comment la Gestalt-thérapie peut nous aider à trouver nos propres réponses.

3) La responsabilité

Ce thème a été développé en particulier par Sartre et Camus. Être responsable, c’est se reconnaître l’auteur incontesté d’un évènement. La pression existentielle de la responsabilité est la conséquence de notre liberté. C’est donc à la fois une chance, mais aussi une source d’angoisse, car en cas d’échec par exemple, l’individu ne peut s’abriter derrière une autre personne ou une cause extérieure. Dès 1947, dans son premier livre, Perls insiste sur l’emploi de la première personne du singulier et suggère de dire « J’ai lâché la tasse » plutôt que « la tasse m’a glissé des mains. » 
 
Notre responsabilité est mise en jeu lorsque nous avons la liberté d’un choix, c’est-à-dire lorsqu’un désir nous mobilise. Le processus se déroule en trois étapes : nous avons un désir ou un besoin, nous avons la liberté de dire oui ou non, nous choisissons de le mettre en œuvre ou non.

Nous avons de multiples stratégies pour biaiser cette donnée existentielle :

a) Nous pouvons éteindre notre désir, pour ne plus nous confronter à la difficulté de la décision.

b) Nous pouvons abdiquer notre liberté, en la confiant à d’autres. Il est souvent plus simple pour nous que l’on nous dicte notre conduite, que l’on nous dise ce qui est bien ou mal, afin de nous éviter les questions angoissantes (partis politiques, religions, toutes sortes de groupes idéologiques).

c) Nous pouvons éviter de mettre en œuvre nos désirs, c’est-à-dire choisir la voie de l’immobilisme, pour éviter le risque de l’échec (mais parfois cela peut provoquer de la dépression).

La responsabilité génère souvent de la culpabilité : par exemple, une personne peut se sentir coupable de ne pas mieux réussir sa vie sentimentale, de ne pas élever ses enfants comme elle l’avait rêvé, etc. Cette culpabilité peut être fondée (elle a la responsabilité de tel échec) ou névrotique (elle se culpabilise d’échecs dont elle n’est pas responsable ou… de toute la misère du monde !).

En Gestalt, le thérapeute intervient différemment si la personne se sent coupable de manière fondée ou si elle utilise une des trois stratégies développées précédemment. 

 S’il y a culpabilité réelle, il cherche ce qu’il est nécessaire de mettre en action pour « réparer » les actes commis.

a) Le thérapeute peut aussi se centrer sur le désir et chercher à le remobiliser. Le travail corporel : « qu’est-ce que je sens ? que me dit mon corps en ce moment ? sont des questionnements souvent très bénéfiques (ceci afin de ne pas éteindre nos désirs qui peuvent être salutaires).

b) Le thérapeute peut aussi remobiliser la faculté de choisir. La vigilance à dire « je » à la place du « nous » ou du « on » va aider le client à se situer, à prendre conscience de ses véritables besoins (et permettre d'échapper à la loi castratrice d'un groupe).

c) Il peut travailler aussi sur la « mise en action » : face à une situation bloquée, il peut explorer comment passer de « je ne peux pas » à « je ne veux pas », ce qui, par le changement d’une seule lettre dans la formulation, réintroduit la responsabilité. Puis envisager d’enlever la négation pour oser un « je veux », et enfin prendre la décision d’un « je vais » (ce qui permettra peut-être d'éviter une dépression).

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.