Le logo du Centre Bouddhiste Triratna de Paris avec les trois Joyaux : le Bouddha, le Dharma et la Sangha, en surimpression sur la Tour Eiffel
Compte rendu de la Puja qui a eu lieu le mercredi 30
septembre 2015 au Centre Bouddhiste Triratna de Paris (deuxième partie)
Donc aujourd’hui mercredi 30 septembre 2015,
c’est une séance de puja au Centre Bouddhiste Triratna de Paris conduite par Vassika.
La puja en 7 parties ou anuttara puja, qui est
pratiquée au centre, est inspirée par un texte de l’Inde Médiévale, Le Boddhicaryavatara
(Introduction à la vie menant à l’Illumination),
ouvrage du moine Shantideva qui détaille la totalité de la voie du bodhisattva
vers l’éveil. Les sept étapes sont : 1) L’Adoration, 2) La Salutation, 3)
L’Aller en refuge, 4) La Confession des fautes, 5) La Reconnaissance du mérite,
6) La Supplication, 7) La Lecture du Sutra du Cœur. Ensuite sont chantés des
mantras à l’attention du Bouddha et des principaux Bodhisattvas.
1)
Adoration
Il est question d’offrandes données aux Bouddhas et aux
Bodhisattvas : fleurs, encens, nourritures, boissons, lampes.
Les pratiquants récitent à plusieurs reprises le mantra du
Bodhisattva Avalokitésvara :
« Om Mani Padme Hum. »
2)
Salutation
L’assemblée salue les bouddhas et les bodhisattvas :
« Autant de fois qu’il y a d’atomes
Dans les mille millions de mondes,
Autant de fois je fais de respectueuses salutations,
A tous les bouddhas des trois ères […]. »
3)
Aller en refuge
L’Aller en refuge est une étape importante dans la pratique bouddhiste. Le pratiquant
décide d’aller en refuge dans les trois joyaux : le Bouddha, le Dharma
(connaissance du message du bouddha Sakyamuni et des textes, au moins cinquante
volumes initialement écrits en pali, voir le site canon-pali) et la Sangha (communauté bouddhiste). C’est un choix de vie qui est décidé.
Les trois joyaux sont accompagnés des cinq préceptes du
laïc qui sont à leur tour récités.
a)
J’entreprends de m’abstenir de prendre la vie.
b)
J’entreprends de m’abstenir de prendre ce qui n’est
pas donné.
c)
J’entreprends de m’abstenir de méconduite
sexuelle.
d)
J’entreprends de m’abstenir de parole fausse.
e)
J’entreprends de m’abstenir de prendre des
intoxicants.
Ces cinq préceptes peuvent être
formulés de manière hyper-positive :
a)
Avec des actions bienveillantes,
je purifie mon corps.
b)
Avec une générosité sans réserve,
je purifie mon corps.
c)
Avec calme, simplicité et contentement,
je purifie mon corps.
d)
Avec une communication véritable
je purifie ma parole.
e)
Avec une attention claire et radieuse,
je purifie mon esprit.
4) Confession des fautes
Ce n’est pas une partie semblable au sacrement chrétien. Il ne faut pas y voir une confession coupable avec la présence du péché et la menace de
la damnation, de l’enfer, etc. Seulement, le pratiquant reconnaît qu’il a pu
faire du mal par ignorance ou par sottise. Il demande aux Bouddhas et aux bodhisattvas
de recevoir sa déclaration avec bienveillance. Il promet très simplement d’essayer
de ne pas refaire ce qui n’a pas été bon pour lui et pour les autres par le
passé.
5) Réjouissance des mérites
Après la confession des fautes, qui peut paraître un peu
négative, vient une partie hyper-positive, la réjouissance du mérite.
« Je me réjouis avec délices
Du bien fait par tous les êtres […]
Je me réjouis de la libération des êtres
Hors des souffrances des rondes de l’existence ;
Je me réjouis de la nature du bodhisattva
Et du Bouddha,
Qui sont protecteurs.
Je me réjouis de l’apparition de la volonté d’Eveil,
Et de l’enseignement :
Ces océans qui apportent la joie à tous les êtres,
Et sont la résidence du bonheur de tous les êtres. »
6) Supplication
Les participants demandent aux bodhisattvas
de rester dans ce monde pour les aider :
« […] Je supplie les bouddhas de
toutes les directions :
Qu’ils fassent briller la lampe du
Dharma
Pour ceux qui errent dans la souffrance
de l’illusion !
[…] J’implore les conquérants désirant
entrer en nirvana :
Qu’ils restent ici pour des âges sans
fin,
Afin que la vie dans ce monde ne
s’obscurcisse pas. »
Est décrit ici ce qui est appelé L’idéal du Bodhisattva : c’est un être éveillé qui refuse d’entrer dans le Nirvana,
de devenir Bouddha, qui effectue symboliquement un pas en arrière dans son
chemin spirituel de Délivrance du fait de sa bonté, et décide par compassion de
s’occuper de tous les êtres de ce monde qui n’ont pas encore rencontré l’Eveil.
Les boddhisattvas sont décrits comme des lampes qui éclairent l’Univers.
7)
Récitation du Sutra du cœur de la Sagesse
parfaite
Le Sutra du cœur
est un discours du Bouddha qui porte essentiellement sur la vacuité. En voici
quelques extraits :
« Le
Bodhisattva de la compassion,
Alors qu’il
méditait profondément,
Vit la vacuité des
cinq skandas,
Et coupa les liens
qui le faisaient souffrir. […] »
(note JFG, les cinq
skandas sont : le corps (Rupa), la perception (Vedana, six catégories : la forme, le son, l’odeur, le goût,
les impressions physiques et les perceptions mentales), la conscience (samjña), les formations volitionnelles ou
créations psychiques (Samskara :
volonté, attention, jugement, joie, bonheur, impassibilité, esprit de décision,
énergie, goût de l’action, concentration, etc.), la connaissance (Vijñana,
six catégories qui naissent du contact de l’organe concerné avec un objet
de perception : visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile, mentale).
Les skandas sont déterminés par les quatre caractéristiques de l’existence :
ils sont sans âme (Anatman), impermanents (Anitya), vides (Shunyata) et pénibles
(Dukkha : douleur).)
« Ici donc,
La forme n’est rien
d’autre que la vacuité,
La vacuité n’est
rien d’autre que la forme.
La forme n’est que
vacuité,
La vacuité n’est
que forme. […] »
« Toutes
choses sont vides par nature,
Elles ne sont ni
nées ni détruites,
Ni tachées ni
pures, […] »
« Il n’y a
plus non plus de douleur, ni cause de la douleur,
Ni cessation de la
douleur,
Ni noble chemin
menant hors de la douleur ;
Ni même sagesse à
atteindre !
L’atteinte aussi
est vacuité. »
A la fin est dit par
les participants le mantra de la Perfection de la Sagesse. Il est annoncé ainsi
dans le texte de la puja :
« […] Le
radieux mantra, sans égal,
Dont les mots
apaisent toute souffrance ;
Écoutez et croyez
en sa vérité ! »
Les participants
répètent plusieurs fois ces mots :
« Gate gate paragate parasamgate bodhi
svaha ».
Le Sutra du cœur est
un texte quelque peu extrême. C’est l’un des plus importants sutras du bouddhisme Mahayana.
Presque tous les moines et les nonnes de Chine ou du Japon le récitent chaque
jour. Il est aussi très utilisé dans le bouddhisme zen où il est apprécié à la
fois du fait de sa concision et de sa précision. Il s’aventure très loin et
très profondément dans le concept de vacuité, en expliquant que même l’enseignement
du Bouddha participe de celle-ci. Mais aussi il proclame ouvertement la
non-différenciation du vide et de la forme. C’est le plus court des 40 sutras
qui forment le recueil Prajnaparamita Sutra.
Vous pourrez
trouver une version intégrale du Sutra du cœur sur ce site.
Je parlerai de la
récitation des mantras et du commentaire très éclairant de Vassika sur la puja
en sept étapes ou anuttara puja, dans un prochain article.
C’est tout pour
aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du
dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.
Amitiés à tous.