Le spectacle Svengali de Derren Brown
Cet article fait suite à celui-ci. Comme nous l’avons vu dans l’article
sur Alexandre Dumas et Manicardi, les magiciens du dix-neuvième siècle étaient
déjà de très bons pickpockets.
Le mentaliste qui s’est passionné
pour cet art et l’a appris et pratiqué est l’anglais Derren Brown. Il raconte
ses expériences dans ce domaine et en donne la théorie dans son livre Magie absolue (disponible seulement en
anglais ).
Il a été intrigué par les
techniques de pickpocket après avoir été magicien pendant plusieurs années. Il
dit qu’il y a peu de magiciens qui ne soient pas attirés par l’envie de voler
de façon indécelable une montre ou un portefeuille. Il raconte qu’il a étudié
les techniques de l’art du pickpocket, qu’il a même acheté un mannequin pour s’entraîner
et qu’il est devenu efficace dans le vol des montres, des cravates et des
portefeuilles.
Mais il a vite compris que les
spectateurs qui subissent ce genre de « vols » ont souvent un
sentiment d’invasion de leur espace corporel et la sensation de subir des
familiarités.
Cependant, il ne fait aucun doute
que les effets de pickpocket ont la capacité de capter l’imagination du public.
C’est justement le caractère intrusif des effets de pickpocket qui a la faculté
d’impressionner l’assistance. C’est en soi si déconcertant qu’il est difficile
pour un spectateur de l’oublier comme il pourrait le faire pour une routine de
quatre as. Se rendre compte que la cravate de quelqu’un a été volée pendant une
conversation est une chose très dérangeante, que l’on occulte difficilement.
Ensuite, et de façon très
surprenante, très peu d’explications ont été données dans la littérature magique
sur le détournement d’attention nécessaire pour réaliser ces vols de façon
invisible. Si on lit les instructions de la plupart des livres sur, par exemple,
la façon de retirer une cravate ou une ceinture, on a l’impression que le
spectateur se tient juste en face de vous et regarde. En général, les
descriptions de techniques qui permettent de voler les différents objets sont
efficaces et vont droit au but, tandis que le détournement d’attention (là où
réside le vrai talent) est en général absent du texte (nous verrons dans un
prochain article que ce n’est plus le cas en France depuis la parution du livre
de Ricki Dunn traduit de l’anglais Profession : Pickpocket ! Manuel du vol à la tire pour les artistes avec notamment
le chapitre 1 : « Un certain nombre de choses à savoir » et sa
partie « Le détournement d’attention, le véritable secret », p. 40).
Enfin, la littérature suppose
dans son ensemble que le but du vol de ces objets est d’amuser les spectateurs lorsque
les objets volés sont montrés au groupe sans que la victime s’en rende compte. Cette
présentation se justifie pour un numéro dont le but essentiel est de faire du
pickpocket mais un usage plus subtil de ces techniques peut être mis en œuvre pour
arriver à un but différent. Au lieu que ce soit une démonstration brillante et
amusante de manipulations, cela peut être utilisé en mentalisme comme une
expérience de psychokinèse incroyable ou de télépathie.
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui. Amitiés à tous.