lundi 6 juin 2016

Le cold reading (lecture à froid), tentative de définition et de bibliographie française et anglaise (première partie)






Beaucoup de sites en langue anglaise font de la publicité pour leurs méthodes de cold reading



Un prestidigitateur m’a déclaré qu’il ne trouvait pas de bons ouvrages en français sur le cold reading (lecture à froid). En effet, il avait lu Cold reading rapide et efficace de Richard Webster qui n’est rien d’autre qu’un vulgaire traité de chiromancie (voyance dans la main). Les Thirteen Steps to mentalism de Tony Corinda, qui normalement sont une bible du mentalisme (d’après Gaétan Bloom), l’aborde de façon très succincte (p. 439 à 445, deuxième partie du onzième chapitre qui porte sur la voyance).

Je ne suis pas personnellement utilisateur de cette technique mais j’ai vu le grand mentaliste américain Richard Osterlind la pratiquer de manière impressionnante.

J’ai lu deux très bons ouvrages (ce n’est que mon avis) en français sur le sujet Cold reading & mentalisme de Richard Webster (traduit par Vincent Hedan sous le pseudonyme anagrammatique, Nina Chevendt) et Ex nihilo, guide du cold reading moderne d’Angelo Stagnaro. 

1) Le premier effectue une très rapide et très claire description du cold reading par rapport au mentalisme, explique l’effet du psychologue Forer, propose une courte sélection de livres sur le sujet (naturellement pour la plupart en anglais) et présente douze tours liés à cette thématique (en tout un livre moyen de 142 pages). 

2) Le deuxième est beaucoup plus complet (195 pages), sans arriver au sens du détail des grands livres américains (Ian Rowland, The Full Facts book of Cold Reading, Johnathan Royle, Cold Reading & Mentalism For The Psychic Entertainer) : il opère une nette distinction entre cold reading et hot reading, il se termine par une bibliographie étonnante (six pages en petits caractères) et une liste elle aussi très détaillée des phrases que vous pouvez placer toujours de manière gagnante quand vous pratiquez le cold reading (onze pages sur différents thèmes : santé, argent, travail, etc.), il propose également 28 techniques pour renforcer l’effet Forer (basées en partie sur les 13 conseils du magicien sceptique Ray Hyman).


Mais je vois que vous voulez, depuis le début, une définition claire et précise du cold reading : ce terme est utilisé quand quelqu’un donne l’impression qu’il sait tout du passé, du présent, du futur d’une autre personne. Si vous étiez capable d’aborder un parfait inconnu en parvenant à révéler des choses à son sujet sans qu’il vous fournisse aucune aide, vous seriez en train de pratiquer le cold reading. Si on vous a déjà dit la bonne aventure, c’était probablement une séance de cold reading. Le cold reading est donc très utile pour les médiums, les voyants mais aussi, en ce qui nous concerne, les magiciens mentalistes.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite avec la pratique de l’effet Forer dans un prochain article. Amitiés à tous.

«Affûter son esprit» dans « Méditer jour après jour » de Christophe André (cinquième partie)





La roue de la vie bouddhiste et ses douze nidanas


Christophe André s’avère un bon connaisseur du bouddhisme dans le chapitre « Affûter son esprit ». Il explique qu’il existe deux voies dans la méditation bouddhiste. Celle de l’apaisement, appelée shamatha, et celle de la « vision pénétrante », nommée vipassana. La première voie (un de ses exercices est la méditation sur le souffle) est nécessaire pour que la seconde s’exerce pleinement. L’esprit agité et dispersé ne peut poser sur le monde un regard lucide. Il reste dans une représentation du monde, mais il ne voit pas la réalité du monde. La méditation de la vision pénétrante a fait émerger dans l’esprit du bouddha et de ceux qui ont suivi sa voie plusieurs concepts fondamentaux sur cette réalité. Citons-en trois : l’impermanence, la vacuité et l’interdépendance de toutes choses.

1) L’impermanence (anitya) nous apprend que rien n’est destiné à durer, que tout ce qui advient est affaire de compositions et décompositions, organisations et désorganisations, toutes transitoires et éphémères. Tout élément sur terre d’abord naît, puis se transforme et meurt. L’impermanence est source de souffrance car ces phénomènes comme la naissance, l’existence et la mort sont eux-mêmes porteurs de douleur. Elle est une des trois caractéristiques de l’existence (trilakshanas) selon le bouddhisme avec la douleur (duhka) et le Non-Soi (anatman).

2) La vacuité (shunyata) est un concept bouddhiste qui a généré beaucoup de malentendus. La vacuité ne signifie pas que les choses n’existent pas, mais seulement qu’elles ne sont rien d’autres que des apparences. Elle signifie qu’aucun concept, aucune formulation, y compris l’expression « Non-être » n’est en mesure de traduire la vraie nature du monde. La vacuité, c’est la conscience de cette réalité impossible à saisir pour notre esprit non éveillé.

3) L’interdépendance ou coproduction conditionnée (pratitya-samutpada).

Rien dans ce monde n’a d’existence absolue en tant qu’entité fixe et autonome : je dois ma survie à une infinité d’autres humains et à bien d’autres phénomènes naturels encore. Ces liens de dépendance sont également des liens d’interdépendance : je suis moi-même le point de départ d’élans et d’initiatives qui, à leur tour, vont exercer leur influence autour de moi. En prenant véritablement conscience de cela, en l’acceptant, j’évite les pièges de l’ego et de l’orgueil. Cette acceptation ne doit pas me pousser au fatalisme mais à l’humilité.

Cette théorie signifie aussi que tous les phénomènes sont dans une relation de dépendance qui s’exprime autant dans la simultanéité que dans la succession temporelle (voir les douze nidanas, les douze maillons de l’existence selon le bouddhisme).

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Je continuerai la prochaine fois ce compte rendu du livre de Christophe André Méditer, jour après jour.