Encore un livre de Robert Greene !
J’ai extrait ma biographie de
Marcel Proust d’un livre de l’écrivain américain Robert Greene
Atteindre l’excellence que je trouve
très bien pensé (et réaliste). Je vais vous détailler certains passages de cet
ouvrage. « Atteindre l’excellence » ne signifie pas, de manière
compulsive, être premier de la classe ou être le plus remarqué à son boulot
mais seulement développer le meilleur de ce qu’il y a en vous.
Bien des gens maquillent leur
passivité sous un vernis positif. Ils trouvent romantique l’attitude suicidaire
de l’artiste qui perd tout contrôle de lui-même. Toute notion de discipline ou
d’effort apparaît comme ringarde et assommante : ce qui compte, c’est
l’inspiration derrière l’œuvre d’art, au diable la maîtrise technique et
l’apprentissage du métier.
Si l’on n’y prend pas garde, on s’aperçoit
que cette attitude nous contamine de façon perfide. Inconsciemment, on limite
ses ambitions. On réduit tellement son niveau d’effort et de discipline que l’on
perd toute efficacité. Comme des moutons de Panurge, nous écoutons davantage la
voix des autres que celle de notre conscience. Nous choisissons le chemin de
carrière que nous recommandent nos parents et amis, ou qui nous semble le plus
lucratif. Si l’on cesse d’entendre l’appel de notre vocation personnelle, on
peut faire quelque chose de sa vie, mais tôt ou tard, le manque de véritable
motivation nous rattrape. On se met à travailler comme un robot. On ne vit plus
que pour les loisirs et les plaisirs immédiats. On devient frustré et
dépressif, sans comprendre que la source de cette aliénation est la perte de
notre potentiel de créativité.
Avant qu’il ne soit trop tard, il
faut découvrir notre vrai penchant, et exploiter les opportunités sans
précédent que nous offre l’époque actuelle. Sachant l’importance critique du désir
et de notre intérêt affectif pour notre travail (qui sont les secrets de la
maîtrise), nous pouvons nous motiver de deux façons.
En premier lieu, il faut
considérer la recherche de la maîtrise comme une ambition absolument nécessaire
et positive. Le monde regorge de problèmes, dont beaucoup sont le fait de l’homme.
Pour les résoudre, il faut énormément d’efforts et de créativité. Il ne suffit
pas de se fier à la génétique, à la technologie, à la magie ou à une certaine
forme de gentillesse naturelle. Il faut de l’énergie, non seulement pour
résoudre les problèmes pratiques, mais aussi pour bâtir de nouvelles
institutions et un ordre nouveau correspondant à l’évolution de la société.
Retrouvons le concept de maîtrise qui nous a définis en tant qu’espèce il y a
des millions d’années. Il ne s’agit plus de dominer la nature ou les autres
hommes, mais de déterminer notre destin. La passivité ironique n’est ni cool ni
romantique, mais pathétique et destructive. Devenons un exemple de ce qui peut
se faire en termes de maîtrise dans le monde moderne. Embrassons la cause la
plus importante de toutes : la survie et la prospérité de l’espèce
humaine, en pleine époque de stagnation.
En second lieu, il faut se
convaincre d’une chose : l’homme obtient l’esprit et la qualité de cerveau
qu’il mérite en fonction de ses actes. Des découvertes récentes en
neurosciences ont fait voler en éclats la théorie selon laquelle le cerveau est
câblé une fois pour toutes selon un schéma génétiquement immuable. Les
scientifiques ont prouvé que notre cerveau est en réalité hautement adaptable :
ce sont nos pensées qui déterminent notre paysage mental. Il est possible que l’on
découvre de plus en plus à quel point certaines opérations mentales sont capables
de créer dans nos vies différents schémas répétitifs : nous sommes véritablement responsables
des choses qui nous arrivent.
Les personnes passives se créent
un paysage mental passablement désolé. Faute d’expériences et d’actes variés,
de nombreux synapses de leur cerveau meurent faute d’être utilisées (et ces
personnes perdent leur énergie à la fois mentale et physique). Pour réagir
contre les tendances contemporaines à la passivité, il faut faire des efforts
pour voir dans quelle mesure on peut prendre le contrôle de nombreux aspects de
notre vie et nous doter de l’esprit que nous désirons, non pas avec des
intentions jamais réalisées, mais avec des actes.
Voilà. C’est tout pour le moment.
La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.