Un autre ouvrage de Gestalt-thérapie.
Des amis m’ont dit que certains concepts
de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi
j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la
Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son
livre « La Gestalt, l’art du contact ».
Concept 15 : L’approche holistique de l’homme.
Ce dialogue permanent
client-thérapeute-client utilise tous les langages disponibles : la parole,
mais aussi la posture, tous les gestes et micro-gestes semi-conscients, les
émotions explicites ou sous-jacentes.
La « règle fondamentale »
psychanalytique du « tout dire » a été élargie non pas à un « tout faire »
sauvage et incontrôlé, mais à un « tout exprimer » par des canaux variés : le
mouvement du corps, voire le contact corporel éventuel (assez exceptionnel en thérapie
individuelle, mais courant dans les thérapies en groupe), l'expression
émotionnelle (larmes, cris, colère), le langage artistique (dessin, modelage,
etc.), l'utilisation du cadre (exploitation métaphorique d'objets variés)…
Les associations opèrent en liberté,
selon le mode préférentiel de chacun à chaque moment donné : du corps vers
l'émotion, de l'émotion vers le langage verbal, du langage verbal à
l'interaction sociale, ou bien en sens inverse : des phénomènes sociaux à leur verbalisation,
du verbe à l'émotion, de l'émotion vécue à sa traduction corporelle.
L'homme est appréhendé dans sa
globalité, dans l'interaction systémique de ses cinq dimensions principales :
physique, affective, rationnelle, sociale et spirituelle, englobant la totalité
de l'être dans la totalité de son environnement local et cosmique, à la
recherche d'une signifiance fondamentale.
Concept 16 : Les polarités complémentaires.
Cette appréhension globale de l'homme
dans son champ implique un regard multidirectionnel, vers
l'intérieur et vers l'extérieur, selon chacun des axes dégagés et vers chacune
de ses extrémités.
La nécessaire recherche d'équilibre ne
peut se satisfaire d'un perpétuel réajustement homéostatique — donc conservateur
— qui ne peut tendre que vers « l'injuste milieu », espace mythique, gris
et étriqué, castrateur d'initiative et de nouveauté. L'équilibre de tout être vivant est une combinaison mouvante de
mécanismes de vie et de survie, assurant « le changement dans la continuité ».
Tel le funambule, qui trouve son équilibre dans le mouvement, aidé par l'élargissement
de son balancier, le Gestaltiste préconise l'expérience nouvelle de la marche
en avant assortie de l'exploration des extrêmes, opposés
mais complémentaires : introjection/projection,
adaptation/création, soumission/révolution, introversion/extraversion, amour/
haine, tendresse/agressivité, frustration/gratification... La liste serait
interminable des attitudes et expériences contraires et complémentaires
qu'un client peut parcourir, expérimenter et « expériencier », au long de
sa thérapie individuelle ou en groupe.
Il ne s'agit pas d'approfondir chaque
choix dans l'illusoire objectif de choisir « le meilleur » et de se cantonner
ainsi dans un « menu » idéal, mais bien au contraire de savourer l'inépuisable
richesse des repas « à la carte », adaptés à l'appétit et aux compagnons de table de
l'instant.
Perls affectionnait le travail sur les
polarités, notamment à travers la technique du « monodrame », avec inversion
des rôles, variante du psychodrame, empruntée à Moreno, où le client joue
lui-même alternativement différents personnages.
En fait, le monde n'est pas bipolaire, mais multipolaire et la réalité psychologique
est « non-euclidienne » : il existe une infinité
de « contraires » à chaque situation !
Ainsi, vous êtes assis en silence sur
une chaise... — Faites « le contraire »
!
Vous avez une multiplicité de choix :
vous lever, vous coucher, danser, vous rouler par terre, parler, crier,
chanter, etc.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.