dimanche 27 mai 2018

Vingt notions de base en Gestalt-thérapie (dixième partie) (L’attitude de « sympathie »).






Joseph Zinker, auteur de « La Gestalt-thérapie, un processus créatif ».

Des amis m’ont dit que certains concepts de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son livre « La Gestalt, l’art du contact ». 

Cet article est la suite de celui-ci.

Concept 14 : L’attitude de sympathie.

Le thérapeute gestaltiste est un accompagnateur attentif qui partage avec son client les incertitudes et les joies des découvertes successives d'une expédition à l'aventure, sur le « territoire » original et encore inconnu de chaque nouveau client. Ce n'est pas un expert connaissant à l'avance toutes les cartes des régions psychiques de chacun.

Il ne se réfugie pas dans une attitude de retrait neutre, même bienveillant (Freud), et n'est pas davantage tenu d'accompagner son client partout, dans une « acceptation inconditionnelle » (Rogers) de ses comportements excessifs, ou à l'inverse, de ses évitements répétitifs. Il est un compagnon de voyage expérimenté, participant activement au cheminement intérieur du client.

Il évoque le cas échéant ses propres sensations et impressions, ses surprises, ses impatiences, ses satisfactions, attentif à l'effet produit par ce partage chez son compagnon de route d'un moment. C'est l'attitude dite de « sym-pathie », que Perls oppose — de manière un peu caricaturale — à « l'a-pathie » psychanalytique et à « l'em-pathie » rogérienne.

Le thérapeute est là, en face de moi : il n'est ni ailleurs, dans un monde de savoir théorique, ni à ma place, usurpant mes propres émotions ; il reste lui-même en relation avec moi, dans un échange de personne à personne, dans un dialogue authentique à deux, dans le « je/tu » (Buber, 1923). C'est l'analyse constante de ce qui se déroule maintenant dans l'entre-deux, à la frontière-contact entre le client et le thérapeute, qui constitue le cœur même de la thérapie.

Le partage fréquent du ressenti personnel du praticien en Gestalt, l'exploitation délibérée de son vécu contre-transférentiel, en résonance au dire ou au faire du client, est un outil majeur assez spécifique à la psychothérapie Gestalt. Perls l'utilisait volontiers d'une manière un peu « sauvage », dans une provocation mobilisatrice très directe. La plupart des thérapeutes contemporains, conscients des risques évidents de tout excès de spontanéité, tant agressive qu'affective, ont mis beaucoup d'eau dans le vin acide de Perls, et filtrent attentivement l'expression de leur contre-transfert (largement analysé durant leurs séances de supervision ou de contrôle). Ainsi, le thérapeute ne dit pas et ne montre pas tout ce qu'il ressent, mais néanmoins, il l'exploite au maximum et il partage ce qui lui paraît utile à l'avancement de la thérapie.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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