Joseph Zinker, auteur
de « La Gestalt-thérapie, un processus créatif ».
Des amis m’ont dit que certains concepts
de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi
j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la
Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son
livre « La Gestalt, l’art du contact ».
Cet article est la suite de celui-ci.
Concept 14 : L’attitude de sympathie.
Le thérapeute gestaltiste est un
accompagnateur attentif qui partage avec
son client les incertitudes et les joies des découvertes successives d'une expédition
à l'aventure, sur le « territoire » original et encore inconnu de chaque
nouveau client. Ce n'est pas un expert connaissant à l'avance toutes les cartes
des régions psychiques de chacun.
Il ne se réfugie pas dans une attitude
de retrait neutre, même bienveillant (Freud), et n'est pas davantage tenu
d'accompagner son client partout, dans une « acceptation inconditionnelle »
(Rogers) de ses comportements excessifs, ou à l'inverse, de ses évitements
répétitifs. Il est un compagnon de voyage expérimenté, participant activement au cheminement
intérieur du client.
Il évoque le cas échéant ses propres
sensations et impressions, ses surprises, ses impatiences, ses satisfactions,
attentif à l'effet produit par ce partage chez son compagnon de route d'un
moment. C'est l'attitude dite de « sym-pathie », que Perls oppose — de manière
un peu caricaturale — à « l'a-pathie » psychanalytique et à « l'em-pathie »
rogérienne.
Le thérapeute est là, en face de moi :
il n'est ni ailleurs, dans un monde de savoir théorique, ni à ma place,
usurpant mes propres émotions ; il reste lui-même en relation avec moi, dans un
échange de personne à personne, dans un dialogue authentique à deux, dans le «
je/tu » (Buber, 1923). C'est l'analyse constante de ce qui se déroule maintenant
dans l'entre-deux, à la frontière-contact entre le client et le thérapeute, qui
constitue le cœur même de la thérapie.
Le partage fréquent du ressenti
personnel du praticien en Gestalt, l'exploitation délibérée de son vécu
contre-transférentiel, en résonance au dire ou au faire du client, est un outil
majeur assez spécifique à la psychothérapie Gestalt. Perls l'utilisait
volontiers d'une manière un peu « sauvage », dans une provocation mobilisatrice
très directe. La plupart des thérapeutes contemporains, conscients des risques
évidents de tout excès de spontanéité, tant agressive qu'affective, ont mis
beaucoup d'eau dans le vin acide de Perls, et filtrent attentivement
l'expression de leur contre-transfert (largement analysé durant leurs séances
de supervision ou de contrôle). Ainsi, le thérapeute ne dit pas et ne montre
pas tout ce qu'il ressent, mais néanmoins, il l'exploite au maximum et il
partage ce qui lui paraît utile à l'avancement de la thérapie.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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