mercredi 7 octobre 2015

Compte rendu de la puja du Centre Bouddhiste Triratna du 30 septembre 2015 (cinquième partie : "Le Sutra de Vimalakirti")


Le bodhisattva laïc Vimalakirti, un des compagnons du Bouddha


Compte rendu de la Puja qui a eu lieu le mercredi 30 septembre 2015 au Centre Bouddhiste Triratna de Paris (cinquième partie)

Patricia nous lit un passage du Sutra de Vimalakirti, chapitre 4, « Les Bodhisattvas ».

Ce sutra expose les principes essentiels du bouddhisme Mahayana, le Grand Véhicule, en particulier la notion de non-dualité. Il date approximativement du II ° siècle de notre ère. Dans ce document de très haute tenue littéraire, l'enseignement est délivré aux principaux élèves du bouddha par l'intermédiaire de Vimalakirti, un disciple laïc de Sakyamuni, qui réussit à emprunter la voie des boddhisattvas, bien que vivant dans la société mondaine. Vimalakirti leur expose en détail la doctrine de la vacuité, Shunyata, et répond à de multiples questions. Ce sutra doit sa popularité à la manière dont il insiste sur l’égalité de valeur entre la vocation laïque et la vocation monastique.

Dans le passage choisi, Vimalakirti va expliquer aux filles de Mara qui n’ont comme occupation que les plaisirs des sens ce que sont les joies d'un bodhisattva.

Voici le récit du Sutra :
« Le bodhisattva Jagatimdhara se trouvait chez lui et, soudain, quelque chose d’inattendu se produisit : il reçut une visite de Mara, le dieu mauvais. Mara ne vint pas en tant que Mara, bien sûr : il arriva déguisé en Indra, le roi des dieux. Et il était entouré de 12.000 jeunes filles célestes, et toutes s'approchèrent de Jagatimdhara, au son de musiques et de chants. Alors Mara salua Jagatimdhara très, très doucement, très humblement, puis il se tint respectueusement à côté de lui. Et Jagatimdhara fut complètement pris au jeu.

Il pensait être vraiment en présence du roi des dieux ; donc pour être à la hauteur, il lui fit un petit sermon approprié pour un dieu, sur le thème de l'impermanence. Que dit Mara alors ? Celui-ci fut, apparemment, profondément remué par ce sermon et voulut montrer sa reconnaissance. Il déclara donc : « Grand homme, accepte de moi ces 12.000 jeunes filles divines et fais en tes servantes ». Jagatimdhara refusa l'offre, affirmant que les jeunes filles divines ne convenaient pas à quelqu'un comme lui, c'est-à-dire quelqu'un qui s'est engagé dans la vie spirituelle supérieure.

Vimalakirti arriva à ce moment ; il mit à nu ce qui se passait et révéla la réalité de la situation. Il dit à Jagatimdhara : « Vous pensez que c'est Indra, mais ce n'est pas Indra, c'est Mara. ».
Puis Vimalakirti dit alors à Mara : « Puisque Jagatimdhara ne peut pas accepter les jeunes filles célestes, donne-les moi ».

Mara fut terrifié. Il essaya de déguerpir au plus vite mais sans succès : en fin de compte il lui fallut donner chacune de ses 12.000 jeunes filles célestes, à grand regret ! Et que fit Vimalakirti de ces 12.000 jeunes filles célestes ? Elles étaient, bien sûr, les filles de Mara, déguisées ; il leur enseigna comment développer la bodhicitta (l’esprit d’Eveil). Il expliqua à ces jeunes femmes qui s’adonnaient aux plaisirs des sens ce qu’étaient les joies d’un bodhisattva. »

Voici la liste des plaisirs des bodhisattvas énoncée par Vimalakirti selon le sutra :

« Se réjouir d'avoir toujours foi dans le Bouddha,
Se réjouir de vouloir écouter la doctrine,
Se réjouir de rendre hommage à la communauté,
Se réjouir de se libérer des cinq désirs,
Se réjouir de voir les voleurs malintentionnés dans les cinq agrégats,
Se réjouir de voir les serpents venimeux dans les quatre éléments,
Se réjouir de voir le village vide dans les bases internes,
Se réjouir de suivre et de préserver la pensée de l'éveil,
Se réjouir de faire le bien des êtres,
Se réjouir de vénérer le maître,
Se réjouir de pratiquer l'immense générosité,
Se réjouir de respecter la ferme moralité,
Se réjouir de la patience et de la douceur,
Se réjouir de rassembler des racines de bien avec énergie,
Se réjouir de ne pas être agité pendant la méditation,
Se réjouir de la merveilleuse sagesse qui libère des souillures,
Se réjouir de déployer l'esprit d'éveil,
Se réjouir de soumettre tous les démons,
Se réjouir de trancher toutes les passions,
Se réjouir de purifier sa terre de bouddha,
Se réjouir de cultiver toutes les vertus afin de perfectionner les marques,
Se réjouir d'orner l'aire de l'éveil,
Se réjouir d'écouter les profondes doctrines sans aucune crainte,
Se réjouir dans l'enseignement de la triple libération sans inopportunément se réjouir,
Se réjouir d'aider ses compagnons,
Se réjouir parmi d'autres que ses compagnons sans éprouver le moindre déplaisir,
Se réjouir de soigner et de protéger les amis du mal,
Se réjouir de s'attacher aux pas des amis du bien,
Se réjouir de goûter à la pureté en l'esprit,
Se réjouir de s'exercer aux innombrables rubriques de l'éveil. »

Naturellement, Vimalakirti parvint à convertir ces jeunes femmes, qui ne connaissaient que le plaisir, à la religion bouddhiste. On notera quand même que le bouddhisme, contrairement à certaines pratiques trop coincées (selon moi), aime l’humour, cultive même une certaine dérision et que certains de ses meilleurs sutras pratiquent un joyeux décalage complètement absurde (voir aussi Sutra des Kalamas). C’est rassurant dans nos époques troublées : ne pas se prendre au sérieux même si l’on adhère totalement à une religion.


Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La prochaine fois, nous parlerons de la méditation en bouddhisme.
La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.
Amitiés à tous.