mardi 30 juin 2015

Généralités sur le bouddhisme, communauté bouddhiste Triratna



Sangharakshita, le fondateur de la Communauté Bouddhiste Triratna

Chers amis,

J’ai à plusieurs reprises dans ce blog évoqué le bouddhisme qui me passionne et promis que j’écrirai sur ce sujet. C’était un peu comme la femme de Colombo dont il parle tout le temps et qu’on ne voit jamais. Mais cette fois, je vais franchir le pas, je vais vous parler de « ma » vision du bouddhisme. J’insiste sur le « ma ». J’ai commencé la pratique au Centre Bouddhiste Triratna de Paris avec ma femme Wanda il y a trois ans. Nous sommes allés d’abord au cours d’initiation pendant au moins un an et, à présent, nous assistons aux soirées sangha (communauté) qui ont lieu tous les mercredis soir. Le mouvement Triratna a été créé par un moine bouddhiste, Sangharakshita, né en Angleterre sous le nom de Dennis Lingwood. Formé en Inde, il a su transmettre une pratique adaptée aux Occidentaux.

Cependant, ma première découverte du bouddhisme date des années 80. J’ai lu alors un petit livre de Walpola Rahula, un moine bouddhiste de Ceylan, L’enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens, et cette lecture m’a bouleversé : enfin je touchais à une philosophie, à une religion qui me parlait, me correspondait, qui me semblait rationnelle. 

D’abord la vie du Bouddha lui-même me parut très intéressante. Enfermé dans un palais par son père le roi, il ne connaissait rien de la réalité. Mais un jour, ne pouvant supporter cette oisiveté, il sortit dans la ville et rencontra quatre personnes successivement : un vieillard de quatre-vingts ans au corps ruiné, un malade de la peste noire, puis un cadavre qu’on menait au bûcher et enfin un religieux qui mendiait sa nourriture. Il partit alors définitivement à l’âge de vingt-neuf ans, abandonnant tout pour essayer, en parcourant le pays, de trouver une explication et une solution face à cette réalité désespérante. Pendant six ans, devenu un ascète, il erra dans la vallée du Gange rencontrant de nombreux maîtres religieux célèbres. Mais aucune des religions traditionnelles ne le satisfit et il décida de suivre son propre chemin. C’est ainsi qu’un soir, assis sous un arbre, près d’un fleuve, âgé de trente-cinq ans, après une très, très longue méditation (plusieurs mois, plusieurs années ?), le Bouddha (de son vrai nom Siddharta Gautama), atteignit l’Eveil. D’après certaines traditions, il hésita à transmettre ce qu’il venait subitement de comprendre enfin, puis, après avoir longuement réfléchi, prêcha son premier sermon à un groupe de cinq ascètes, ses anciens compagnons, dans le parc des Gazelles à Isipatana près de Bénarès.

Ce que je retiens, moi pauvre individu jeté sans raison sur la Terre, de cette histoire en forme de parabole, c’est que le Bouddha est un être humain, sensible, en proie au doute, comme vous et moi, avec ses problèmes, et non un fils de Dieu qui se met soudain à prêcher sans raison à l’âge de trente ans, qu’il a beaucoup expérimenté et commis beaucoup d’erreurs avant d’atteindre sa voie (qu’il a découverte sans l’aide de religieux), qu’il hésite un moment avant de transmettre son message (est-ce de la modestie ou simplement l’idée qu’une expérience de trente-cinq ans est incommunicable ?), qu’il se base constamment sur son vécu et non sur des théories non vérifiables (refusant même de répondre à certaines questions abstraites ou métaphysiques).

La théorie de base du Bouddha est hyper-simple (c’est ce que j’aime aussi) ; tout est contenu dans ces quatre nobles vérités :

1) La vie est souffrance (dukkha).
2) La souffrance vient du désir (soif des plaisirs des sens ou alors simplement soif de l’existence et du devenir).
3) Pour éliminer la souffrance, il faut éliminer la soif.
4) La seule manière d’éliminer la soif est la Voie du Milieu, expérimentée par le Bouddha, qui consiste en huit pratiques, le noble sentier octuple, dont voici l’énoncé (que, rassurez-vous, je développerai par la suite) :

a) Compréhension juste
b) Pensée juste
c) Parole juste
d) Action juste
e) Moyens d’existence justes
f) Effort juste
g) Attention juste
h) Concentration juste

Le prochain article portera sur la huitième pratique, la concentration juste, avec deux types de méditations : la concentration sur le souffle et la méditation de l’amour bienveillant, appelée metta-bhavana, que vous trouverez toutes deux détaillées à l’adresse suivante : http://fr.wildmind.org/

Pour ceux qui aiment l’histoire et la géographie, le Bouddha, dont le nom personnel était Siddharta et le nom de famille Gautama, vivait dans le Nord de l’Inde au 6 ème siècle avant J.-C. Son père Suddhodana gouvernait le royaume des Sakya (qui serait actuellement situé au Népal).

Le problème, comme dans beaucoup de religions, c’est que le Bouddha n’a jamais rien écrit par lui-même. La transmission de ce qu’il a enseigné s’est opérée oralement pendant quatre siècles environ avant que les suttas (recueils de paroles attribuées au Bouddha) du canon pali (langue parlée autrefois en Inde) ne commencent à prendre une forme écrite. Néanmoins, d’une certaine façon, cela paraît beaucoup moins gênant pour une foi refusant de donner des précisions métaphysiques que dans des religions qui prétendent que leurs livres sacrés sont dictés par Dieu.


Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les sériés télévisées américaines contemporaines. Amicales salutations !

dimanche 28 juin 2015

Mémorisation de dates de l'Histoire de France



Le premier livre sur lequel j'ai travaillé en mnémotechnie






Mémoriser des dates de l’Histoire de France


J’ai parlé à plusieurs reprises dans ces articles sur la mémoire du livre d’Adrien Bullas Un secret magnifique pour retenir toutes les dates. Il m’avait fasciné, quand j’avais 22 ans pour les possibilités qu’il donnait de mémoriser des nombres mais surtout par son caractère ambitieux. Une des plus belles expériences de l’auteur est de retenir grâce aux systèmes mnémotechniques les noms et années de naissance des soixante-dix rois de France. Là aussi, on peut me dire : à quoi ça sert ? Que m’importent les rois de France et de les connaître par cœur ? Mais (c’est le plus important à percevoir), si vous mémorisez les rois de France, vous pouvez aussi apprendre 70 numéros de téléphone par cœur, tous les nombres qui vous intéressent, etc.

Donc voici les vingt premiers rois de France si vous désirez vous entraîner :
1 Pharamond
2 Clodion
3 Mérovée
4 Childéric
5 Clovis
6 Childebert
7 Clotaire I
8 Caribert
9 Chilpéric
10 Clotaire II
11 Dagobert
12 Clovis II
13 Clotaire III
14 Childéric II
15 Thierry
16 Clovis III
17 Childebert II
18 Dagobert II
19 Chilpéric II
20 Clotaire IV

Je vous propose de réaliser une démonstration de mémorisation sur deux noms afin que vous voyiez comment il faut s’y prendre et qu’après vous puissiez concevoir des petites histoires mnémotechniques par vous-mêmes.

Un exemple : Chilpéric est le neuvième roi de France et sa date d’avènement est 567. Le mot situé en face du n° 9 de la table est « pas ». Je crée un lien entre un «pas » et Chilpéric en décomposant le mot en syllabes signifiantes. De Chilpéric, on peut tirer « chiper ». Le roi Chilpéric va donc faire un pas et chiper quelque chose. Dans la table de rappel, 67 donne le mot chèque. Dans le Grand Système 5 donne la consonne l. Je choisis un adjectif commençant par l : long. Donc l, 67 = long chèque. J’ai à lier au n° 9 de ma table, qui est « pas », le verbe chiper et le groupe de mots « long chèque ». Je me représente un roi qui fait un pas pour chiper un chèque énorme, de longue taille. Cette histoire peut paraître surréaliste mais elle marche.

Un autre exemple un peu plus délicat. Le dix-neuvième roi de France est Chilpéric II, date d’avènement : 715. Ici petite complication, due au numéro II (Chilpéric II). Il faut retenir ce numéro II. Comment ? Eh bien, toujours au moyen de la table de rappel : 2 = nez. D’après le code du Grand Système 7 = k ou qu ou c et 15 correspond dans la table à « talus ». Nous allons lier tout ça au numéro 19 de la table qui est « tape ». Il a chipé (Chilpéric) un objet qui se trouvait sur un talus (15) caché (7). On lui a tapé (19) sur le nez (II) à cause de ce vol.

Cela peut paraître complexe. Peut-être, en effet, aurez-vous des difficultés à créer et à mémoriser l’histoire. Mais c’est une sorte de jeu, d’exercice mental : plus vous l’essaierez, plus vous serez performant. Pour aujourd’hui, je vous demande seulement de créer une petite histoire avec des images sur un seul des rois de France parmi les 22 premiers que j’ai listés. Vous verrez, ce n’est pas si difficile que ça. Imaginez-en une chaque jour de la semaine jusqu’au vingt-deuxième roi et alors essayez de tout récapituler. S’il y des erreurs ou des oublis, aucune importance. Laissez-vous un jour pour réviser, recenser, répéter ce que vous aviez oublié puis continuez votre liste jusqu’au dernier roi.


Voilà ! C’est tout pour cet article (qui a été court, ce n’est pas coutume !). La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles. Portez-vous bien. Amicales salutations.

mardi 23 juin 2015

La table de rappel (ou peg system)





Aimé Paris, sans doute un des plus grands mnémotechniciens de tous les temps, qui a popularisé la table de rappel.



La table de rappel (ou peg system)


Outre le Grand Système, il y a une méthode indispensable en mnémotechnie pour retenir des chiffres mais aussi des objets, c’est la table de rappel (en anglais « Peg system » ou « système des chevilles »). Quelle est son histoire ? C’est une méthode inventée en 1651 par Henry Herdson dans son livre Ars Memoriae, the Art of Memory Made Plaine, reprise ensuite par le moine allemand Grégoire de Fenaigle (Notice sur la mnémonique ou l’art d’aider et de fixer la mémoire en tout genre d’études,de sciences ou d’affaires) au début du dix-neuvième siècle et vraiment popularisée par le français Aimé Paris en 1825 dans son livre Exposition et pratique des procédés mnémotechniques, à l’usage des personnes qui veulent étudier la mnémotechnie en général, comme un moyen d’abréger l’étude de toutes les connaissances humaines. Cette technique est encore utilisée de nos jours par les plus grands mnémotechniciens comme Harry Lorraine.

Qu’est-ce donc qu’une table de rappel ? C’est un repère fixe et fiable, sur lequel on peut « accrocher » des informations. Elle permet de traduire et donc de substituer les chiffres et nombres en information concrète, visuelle et mémorisable. Les tables de rappel sont parfois différentes selon les mnémotechniciens. Nous allons utiliser celle d’un mathématicien qui a créé un site très intéressant sur la mnémotechnie et les mathématiques en général, Gérard Villemin : http://villemin.gerard.free.fr/. Elle est très inspirée par celle d’Aimé Paris (comme l’était celle de Tréborix, comme l’est celle de Vincent Delourmel, etc.). La voici :

  


Cette table est basée sur le principe que vous connaissez déjà du Grand Système. Les dix chiffres sont remplacés par dix sons, toujours des consonnes (0 = s, 1 = t ou d, 2 = n, 3 = m, 4 = r, 5 = l, 6 = ch ou j, 7 = k ou qu, 8 = f ou v, 9 = p). Aucune voyelle pour la simple et bonne raison que ces voyelles permettront de créer des mots, de remplir des blancs. Par exemple 11 est composé de deux 1. D’après notre code, 1 correspond à t ou d. 11 peut donc se coder TT, DD, TD ou DT : TuTu, DouDou, TauDis, Date ou encore TaTa (qui a été choisi par Gérard Villemin). Vous comprenez ? Tout de suite une petite démonstration :
58 = LouF (le L pour 5 et le f pour 8)
33 = MaMan (le M deux fois pour deux 3)
14 = TaRe (le T pour 1 et le R pour 4)
99 = PaPa (le P deux fois pour deux 9)
En résumé, comme il peut être fastidieux de constamment devoir inventer des mots correspondant à un nombre, la table de rappel vous est proposée toute prête et permet de résoudre immédiatement un problème de mémorisation de chiffres.

Naturellement, pour commencer, il vous faudra l’apprendre par cœur. Mais, comme vous l’avez vu, son apprentissage est facilité du fait que le principe de construction des mots est toujours le même, celui des équivalences entre les dix premiers chiffres et les consonnes du Grand Système. Personnellement, je n’ai pas eu cette facilité en 1983 en suivant la méthode d’Adrien Bullas du livre Un secret magnifique pour retenir toutes les dates. Il a construit sa table sans ce principe et j’ai dû apprendre par cœur une liste de 100 objets indépendamment de toute logique. Je me souviens encore de cette table, le début était constitué ainsi de manière aléatoire : 1 cigare, 2 volet, 3 poussin, 4 pipe, 5 passoire, 6 tank, 7 bouteille, 8 éléphant, 9 mouchoir, 10 couteau, etc.

Bien que vous puissiez reconstituer par la logique du Grand Système la table de rappel de Gérard Villemin, je vous conseille de quand même l’apprendre à petites doses. Tous les jours, pendant dix jours, vous allez mémorisez dix mots de la table, pas un de plus. Vous les écrirez sur un papier et vous tenterez de vous en souvenir le lendemain toujours par écrit. Au bout de dix jours, à raison de ces quelques minutes par jour, vous connaîtrez cette table parfaitement.

Vous la mettrez de côté 3 ou 4 jours avant de la relire. Puis vous patienterez une semaine et vous vous testerez. Là, si vous avez oublié quelques mots, ne vous inquiétez pas ! Une fois revus et retrouvés, il y a de fortes chances pour qu’ils restent longtemps gravés dans votre mémoire, moyennant quelques révisions de temps à autre (je vous suggère ensuite de vous relire et de vous mettre à l'épreuve une fois par mois).

Comment se servir de la table ? Vous l’aurez sans doute compris, le principe de l’usage de la table de rappel est de remplacer un chiffre, un nombre par une image, par essence infiniment plus concrète. Vous pouvez par exemple avec votre table de rappel, comme avec le Grand Système, mémoriser un numéro de téléphone.

Supposons que vous voulez retenir le numéro 01 56 32 97 23 en Région Parisienne. Pour commencer, nous ôtons tout naturellement l’indicatif 01 commun à tous les numéros dans cette zone. Il suffit d’isoler les quatre nombres de deux chiffres restants et de les traduire grâce à notre table de rappel.
-          56 = LâCHe
-          32 = MaNne
-          97= PacK
-          23 = NeM
Vous obtenez quatre mots parfaitement compréhensibles. Il ne vous reste plus qu’à les lier entre eux par une petite histoire et le tour est joué : imaginez un individu très LÂCHE, qui regarde toujours derrière son dos, qui ne ramasse pas la MANNE tombée du ciel devant lui, et qui en revanche se baisse pour récupérer un PACK (paquet) où se trouvent des NEMS.

Vous venez de mémoriser un numéro de téléphone sans difficulté et de façon ludique. Pour vous le rappeler, il vous suffit d’associer le ou la propriétaire du numéro au premier mot (LÂCHE) et tout s’enchaînera automatiquement. Supposons que ce numéro soit celui de mon ami Éric Bodin : je visionne Éric discutant avec un individu très LÂCHE qui regarde toujours derrière son dos. De la MANNE divine tombe du ciel mais il ne la ramasse pas. En revanche, il s’incline pour prendre sur le sol un PACK (paquet) remplis de NEMS.

Cette méthode sera complémentaire du répertoire de votre téléphone. Elle vous permettra de mémoriser des numéros, des codes, des nombres à la volée : à vous ensuite de les noter dans votre carnet de contacts tranquillement chez vous.

Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. Rappelez-vous bien que mémoriser la table de rappel demande un travail quotidien. Lancez-vous : cela en vaut la peine !

La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries de télévision américaines actuelles. Amitiés à tous.

dimanche 21 juin 2015

Mémorisation des numéros de téléphone avec le Grand Système




Un passionnant livre sur la mémoire et les nombres par Anne Machet, professeur à l'Université Lumière Lyon II.


Chers amis,

Ma sœur, Brigitte, qui a corrigé tous les articles de ce blog depuis le début, qui a participé à l’ensemble de mes traductions, que ce soit de l’allemand ou de l’espagnol, m’a dit qu’elle ne trouvait pas la mnémotechnie « intéressante ». C’est une remarque en elle-même (j’insiste sur le mot) « intéressante ». En effet, la mnémotechnie n’a aucune signification si vous n’avez dans aucun domaine des problèmes de mémoire. J’ai une amie qui est capable de retenir sans difficulté vingt numéros de téléphones par cœur. Pourquoi se casserait-elle la tête à mémoriser des images et une histoire comme je vous l’ai proposé ?

On peut faire sur le sujet de la mnémotechnie une dure et triple métaphore : de même que vous n’avez pas besoin de mnémotechnie si vous avez dans tous les domaines une excellente mémoire, vous n’avez pas besoin de médicaments si vous n’êtes pas malade, de psychiatre si vous n’avez pas de problèmes mentaux, de religion si vous n’avez pas d’aspirations spirituelles. Le problème est que à peu près tous les gens que je connais ont un problème avec un certain type de mémoire, que les gens qui ne tombent jamais malades et n’ont jamais besoin de médicaments sont très rares, qu’il n’y pas beaucoup de personnes n’ayant aucun trouble mental et que une majorité de mes amis ont une aspiration spirituelle. Si je prends mon exemple, les seuls numéros de téléphone que j’arrive à retenir par la mémoire naturelle sont le mien et celui de mon père. En revanche, par la mnémotechnie, je peux en retenir dix. Pourquoi ? Parce que j’ai toujours eu la mémoire des textes et non des chiffres. Je dois passer par la mnémotechnie pour retenir ce type d’informations et même, grâce à elle, je peux réussir des prouesses avec les nombres : si vous le désirez, lorsqu’on se reverra, je peux vous réciter quarante chiffres après la virgule du nombre Pi et certains mnémotechniciens peuvent en dire des milliers.

J’avais prévu, pour aujourd’hui de vous inciter à mémoriser des dates de l’Histoire de France, mais nous allons commencer par retenir le plus utile, je pense : les numéros de téléphone (bien qu’actuellement tout soit mémorisé dans la mémoire de votre portable). Ce sera donc notre challenge du jour.

D’abord un truc-rappel sur le Grand Système que nous allons continuer à utiliser. Pour mémoriser dans l’ordre les consonnes attribuées aux dix premiers chiffres, vous avez une phrase mnémotechnique, un peu alambiquée, un peu absurde, mais très efficace : « Sot, tu nous mens, rends les chants que fit Pan. » (s = 0, t =1, n = 2, m = 3, r = 4, l = 5, ch ou j = 6, q ou k = 7, f = 8, p = 9).

Á présent, pour se souvenir des numéros de téléphone, il suffira de transcrire chaque chiffre par une des consonnes déjà déterminées du code du Grand Système. Je propose donc les trois numéros suivants. J’enlève l’indicatif 01 de la Région Parisienne car ils commencent tous par lui :
1) Magasin bio : 90 23 02 70
2) Fleuriste : 80 68 41 33
3) Centre d’animation « Le Point du Jour », activité yoga : 46 51 03 15

1) Je commence par mon magasin bio : 90 23 02 70. Cela donne les lettres b s n m s n c s. Il faut donc réaliser une phrase avec des mots dans cet ordre, comportant ces lettres initiales (ce peut être la deuxième lettre, naturellement, quand vous prenez un mot commençant par une voyelle). On peut proposer la phrase (mais il y en a d’autres) : « Bien Se Nourrir : Mens Sana iN Corpore Sano ». Visualisez alors très fortement, par exemple la bonne santé des propriétaires de ce commerce, pensez à l’idéal grec de l’esprit sain dans un corps sain, peut-être même des jeux olympiques dont tous les participants auraient acheté leur nourriture dans cette boutique.

2) Au tour du numéro de mon fleuriste : 80 68 41 33.
Cela donne les lettres v, c, j, f, r, t, m, m. Imaginez que vous offrez un bouquet somptueux à la personne que vous aimez le plus au monde. Sur la carte qui l’accompagne, vous avez écrit : « aVec Ces Jolies Fleurs Reçois Tout Mon aMour ».

3) Centre d’animation « Le Point du Jour », activité Yoga : 46 51 03 15.
Nous avons cette fois les lettres r, j, l, t, s, m, t, l.
Je peux par rapport au yoga que j’y pratique énoncer cette phrase symbolique : « Redresse Jeff Le Torse Si Mental Têtu Lâche »
Elle représente l’esprit yogique et nous allons réaliser d’après elle une image. Je peux me voir dans une posture de yoga, par exemple le cobra, qui consiste à bien redresser le torse. En même temps, j’essaye d’évacuer toutes les images négatives de la journée, mes colères, mes préoccupations, mes frustrations. Je fais le vide dans mon mental têtu (car il ne veut pas s’arrêter de penser, de ressasser). Je vais encore plus loin, si je le désire, et j’essaye de parvenir à l’état de méditation (dhyâna en sanskrit) où je n’aurai plus conscience que de mon corps et de la réalité présente, totalement dans l’ici et maintenant.

A présent, faites vous-mêmes l’expérience de trouver des mots et de créer des phrases dynamiques pour mémoriser ces numéros et vous vous rendrez compte que vous allez imaginer des petites histoires totalement différentes mais que vous retiendrez beaucoup  mieux. J’ai le même concept que Malati, ma professeure de Yoga, qui dit que chacun fait son yoga ou que Milton Erickson, un des plus grands psychothérapeutes et hypnothérapeutes du vingtième siècle, qui affirmait qu’il fallait une thérapie différente pour chaque patient parce qu’aucun d’eux n’était semblable. De même en mnémotechnie, chacun a une mémoire spécifique, soit visuelle, soit auditive, soit kinesthésique, soit scripturale, soit sémantique, soit photographique, ou alors un combiné de deux, de trois de ces mémoires, etc. In fine, toute personne utilise les procédés mnémotechniques, pourtant communs à l’ensemble des hommes, d’une façon distincte et crée son propre univers.

Symboliquement, au départ, avec les procédés mnémotechniques, je suis là pour vous donner une nourriture, un poisson tout cuit que vous pourrez manger tout de suite. Mais après, ce poisson, je vous apprendrai à le pêcher et à le cuire pour que vous développiez votre propre mémoire qui est différente de celle de tous les autres et pour que vous puissiez vivre vos expériences mnémotechniques de manière autonome, que vous n’ayez plus besoin de mon aide. Ce sera à vous de choisir le moment où vous volerez de vos propres ailes !

La prochaine fois, je vais parler de la mémorisation des dates de l’Histoire de France (que je voulais vous montrer aujourd’hui).

Voilà. C’est fini pour cet article. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines d’aujourd’hui. Portez-vous bien. Amicales salutations.



vendredi 19 juin 2015

Mnémotechnie des nombres : le Grand Système



Tony Buzan est actuellement un des plus grands experts mondiaux en mnémotechnie. Il est le fondateur des championnats du monde de mémoire et l'inventeur du procédé des "mind maps".



Chers amis,

Plusieurs lecteurs de ce blog se sont plaints auprès de moi d’avoir une mauvaise mémoire des chiffres et la relient à leur enfance où ils étaient, disent-ils, mauvais en mathématiques. Ils m’ont demandé s’il y avait des systèmes pour pallier ce manque. Evidemment, il y en a, et un surtout, le Grand Système, qui a été conçu dès le dix-septième siècle et qui fonctionne remarquablement.

Mais j’ouvre tout d’abord une parenthèse. Moi aussi et des mnémotechniciens aussi confirmés que Tréborix étions nuls en mathématiques durant notre enfance. Pourquoi ? A cause des quatre points fondamentaux de la mémoire (intérêt, attention, volonté, émotion) : personne bizarrement ne m’avait expliqué à quoi servaient les mathématiques ; on aurait pu me dire : pour rendre correctement sa monnaie, pour tenir ses comptes, pour construire des maisons, des routes, pour dessiner des plans, pour mesurer la Terre et l’espace, etc., mais personne, oui absolument personne, aucun professeur de mathématiques ne s’est préoccupé de cette pédagogie élémentaire.

 Le résultat est que j’allais à ce cours sans aucune motivation, que donc je n’étais pas attentif et que je n’avais aucune volonté, aucun projet par rapport à cette matière. Le pire était, qu’à la différence d’autres enseignements, il n’y avait aucune émotion dans ce qu’énonçait le professeur, il n’était ni joyeux ni triste et débitait son cours en ânonnant. Ceux qui ne comprenaient pas tout de suite étaient mis dans une sorte d’enfer, semblable à celui de certaines religions, des « mauvais en maths ». Cela avait des conséquences très graves : exclusion des filières et des baccalauréats scientifiques où l’on orientait « les bons élèves » (sic !), jugement social défavorable qui considérait que vous aviez un mauvais atavisme (« il n’a pas la bosse des maths », c’était un des pires relents actuels de la philosophie physiognomoniste ouvertement raciste du dix-neuvième siècle). 

Ce jugement grave était accompagné d’une autre idée reçue, selon laquelle il était impossible d’être à la fois littéraire et scientifique. D’après la théorie officielle, les deux types de disciplines seraient incompatibles. Pourtant, bizarrement, si l’on regarde des données factuelles, biographiques, ce n’est absolument pas le cas. Ainsi, au dix-septième siècle, Blaise Pascal, un des plus grands mathématiciens de l’époque, fut aussi un des auteurs les plus déterminants du canon occidental, à la fois par sa rhétorique subtile et du fait de son style flamboyant. Au vingtième siècle, le grand poète Paul Valéry était connu pour sa passion des mathématiques qu’il pratiquait tous les matins. Raymond Queneau, l’immortel auteur des Exercices de style, était amoureux des sciences et a adhéré en 1948 à la Société mathématique de France. Il s’est évertué toute sa vie à appliquer des règles arithmétiques à la construction de ses œuvres. René Guénon, un des ésotéristes français les plus connus, spécialiste de l’hindouisme, a écrit un livre intitulé Les principes du calcul infinitésimal, etc. On pourrait multiplier les exemples, soit de scientifiques férus de littérature comme Hubert Reeves, qui intitule un de ses livres Patience dans l’azur en hommage à Paul Valéry, ou tel Boris Vian, ingénieur de l’École Centrale, qui composa le roman surréaliste LÉcume des jours, soit de littéraires passionnés de mathématique et de science à la façon des surréalistes André Breton et Louis Aragon qui ont tous les deux suivi des études de médecine, ou comme Louis-Ferdinand Céline, qui était tout simplement médecin.

Le destin m’a fait faire un pied de nez à ces théories stupides invalidées par les faits eux-mêmes. J’ai suivi des classes entièrement littéraires, d’abord un baccalauréat A1, latin et grec, et après des études de droit. Devenu contrôleur du cadastre en 1986, j’ai été reçu au concours d’inspecteur en 1987, et je me suis retrouvé dans une classe d’inspecteurs-élèves qui avaient à peu près tous des licences de mathématique. Il faut savoir que l’établissement du plan cadastral demande à la fois de très fortes notions de géométrie (trigonométrie) et de calcul des statistiques (une mesure avec l’instrument du géomètre, le théodolite, doit être prise à quatre reprises pour minimiser les erreurs humaines ou naturelles inévitables et calculer une moyenne des différents mesures puis un écart-type, etc.). Je n’ai absolument jamais été dérangé par ce contexte et j’ai été reçu au stage d’inspecteur, mais, pour la première fois de ma vie (cela peut paraître curieux mais c’est vrai), on m’avait expliqué pendant de longues heures à quoi servaient les mathématiques !

Je pense qu’il peut en être de même pour vous. Etant donné que vous ne vivez plus cette matière de façon passive, comme dans votre enfance, et que vous savez maintenant que la mémoire des chiffres est très importante : dates familiales, dates historiques, numéros de téléphones à retenir, numéros de compte en banque et de carte bleue de même, etc., la mnémotechnie peut vous proposer des moyens peu difficiles pour stocker ces chiffres que, toute votre vie, vous n’avez pas réussi à mémoriser. Cela peut paraître magique, impossible… Faites-moi confiance, je l’ai expérimenté. Naturellement, vous ne deviendrez pas des Einstein, mais vous pouvez, de manière significative, élever votre niveau en mémoire des chiffres, en calcul et en mathématique. Réfléchissez : à présent que vous êtes adulte, maintenant, vous avez les quatre qualités requises pour mémoriser cette matière : l’intérêt (vous trouverez des applications dans la vie quotidienne tous les jours) ; avec l’intérêt, viendra la concentration ; il vous faudra cependant travailler régulièrement (volonté) mais vous pourrez le supporter car vous aurez l’émotion ; comme je vous l’ai montré précédemment, les expériences mnémotechniques peuvent être amusantes mais surtout, quelle gratification quand vous parviendrez enfin, de manière incroyable, à mémoriser des chiffres que vous avez passé votre vie à ne pas pouvoir retenir !

Mais venons-en au Grand Système, méthode mnémotechnique qui permet de mémoriser facilement beaucoup de nombres. On le doit à un mathématicien français né au seizième siècle (Cocorico !) : Pierre Hérigone (sans doute ce nom est-il le pseudonyme du linguiste-mathématicien Clément Cyriaque de Mangin). Pour la première fois dans l’histoire de la mnémotechnie, on imagine de faire correspondre nos dix premiers chiffes à différentes consonnes de l’alphabet, de leur ajouter une voyelle quelconque pour qu’ils forment une syllabe ou un mot et de les mémoriser de cette façon. Son système est complété en 1648 par Johann-Just Winckelmann alias Stanislaus Mink von Wennsshein. En 1730, un homme d’église anglais, Richard Grey développe une méthode similaire dans Memoria techniqua. Cette technique est reprise par Gregor von Feinaigle (vers 1813) puis par Aimé Paris au dix-neuvième siècle. Sous le nom de Mnemonic major system, elle est utilisée par la plupart des mnémotechniciens et des mentalistes de langue anglaise (et notamment Derren Brown) et par des Français ou des Belges comme Tréborix, Claude Klingsor, Adrien Bullas, etc.

Donc dans le Grand Système, un chiffre est associé de manière systématique à une consonne choisie. Voici les équivalences qui ont été choisies :
0 = s ou z
1 = d ou t
2 = n
3 = m
4 = r
5 = l
6 = j ou g
7 = k ou q
8 = f ou v
9 = b ou p

Pour vous simplifier l’effort d’apprendre par cœur ce code, voici quelques astuces simples :
0. La lettre s ou z représente le premier son du mot « zéro ».
1. Les lettres d et t possèdent un seul trait vertical.
2. La lettre n présente deux traits verticaux.
3. La lettre m présente trois traits verticaux.
4. La lettre r est la quatrième lettre du mot « quart ».
5. La lettre majuscule L peut être vue comme le nombre romain 50.
6. La lettre j écrite à la main est l’image inversée du 6.
7. La lettre capitale K est constituée de deux 7 symétriques.
8. La lettre f écrite à la main ressemble au chiffre 8.
9. Les lettres b et p écrites à la main sont des images inversées du 9.

Voyons comment on peut mémoriser le nombre 34, qui sera par exemple le numéro de l’immeuble dans la rue où vous devez vous rendre aujourd’hui. Le chiffre 3 correspond à la lettre m et le chiffre 4 à la lettre r. Vous pouvez constituer avec ces deux consonnes une ribambelle de mots différents : mare, mer, mire, mort, mûre, etc. Supposons que vous allez assister ce soir à un spectacle au 34, avenue Charles de Gaulle. Il vous faut alors créer des images dynamiques : nous allons choisir parmi les mots trouvés « mer », celui qui sera le plus facilement utilisable dans notre contexte, et visualiser alors le général de Gaulle marchant devant la mer Méditerranée à Cannes, par exemple pendant le festival (on peut distinguer alors en arrière-plan beaucoup d’animation avec des vedettes de cinéma). Ma petite histoire est créée de manière presque indélébile et j’aurai toujours à la pensée la mer Méditerranée à Cannes avec le Général de Gaulle (3 M et 4 R = 34).

Voilà ! C’était une petite démonstration très simple, une mise en bouche. Mais avec ce système, nous pourrons mémoriser rien que pour débuter une partie des dates de l’histoire de France et après… bien d’autres choses encore.


C’est la fin de cet article que l’on pourrait appeler « Initiation au Grand Système ». La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines d’aujourd’hui. Amitiés à tous.




mercredi 17 juin 2015

La mnémotechnie dans la vie quotidienne (2) : mémoriser une liste d'objets ou de tâches à exécuter



(202 euros ! Ce n'est pas gratuit mais c'est un des meilleurs livres. Si voulez payer moins cher, il y a Souvenirs et mémoire du même auteur à 120 euros. Ou alors, si vous ne voulez rien débourser du tout, plus simple mais intéressant, La mémoire au quotidien de Vincent Delourmel)




Chers amis,

Nous allons aujourd’hui apprendre comment mémoriser une chaîne d’objets. Cette méthode vous servira pour de nombreuses tâches dans votre vie quotidienne : vous souvenir de ce que vous devez faire en rentrant chez vous ou à l’inverse ce que vous ne devez pas oublier en arrivant sur votre lieu de travail, la liste de vos courses, etc.

Mais avant tout, révisons un peu ce que nous avons appris dans le dernier article sur la mémorisation des noms de famille. Si l’on veut récapituler ce que nous avons vu ensemble, il existe au quotidien des petites astuces pour mieux retenir ce type d’informations.

1) Quand on vous présente une personne, prêtez l’oreille à son nom avec une écoute active.
Cela peut paraître un conseil inutile mais, par exemple dans une soirée, notre attention est incroyablement dispersée par l’environnement présent : musique, nouveaux invités ou présence de visages connus. En même temps, nous nous interrogeons sur le menu du repas, si notre tenue est adaptée, etc. Bref, de nombreux facteurs nous distraient et on vient nous présenter une personne importante dont on entend à peine le nom. Alors deuxième conseil !

2) N’hésitez pas à faire répéter le nom de famille de la personne. Pendant le temps où vous ferez redire le nom, adoptez votre démarche mnémotechnique, observez l’individu qui est en face de vous, cherchez le détail physique qui vous servira de crochet mnémonique. Et faites-le, même si vous avez bien compris la première fois, sous le prétexte par exemple qu’il y avait trop de bruit. Pensant que vous n’avez pas compris, la personne répétera alors son nom plus lentement, ce qui vous permettra, après avoir, dans le premier temps, noté le détail physique, de créer l’image à partir de son nom. D’un point de vue pratique, vous devez, à la suite de cette répétition, avoir fini de créer votre image. Si ce n’est pas le cas (ce qui sera fort probable au début), ne paniquez pas. N’oubliez pas votre mémoire naturelle (en dehors de toute mnémotechnie) : vous pouvez retenir simplement le nom quelques minutes et former l’image ensuite, en vous mettant quelques instants en retrait si, par exemple, vous êtes dans une soirée. Je sais par expérience que beaucoup de personnes hésitent à faire répéter un nom pour diverses raisons psychologiques ou sociales (peur de paraître inattentif, malpoli… ou stupide !). En fait, c’est l’inverse qui se passe. Personnellement, je l’avoue, je fais toujours redire, même à des amis, la phrase qu’ils viennent de prononcer (donc bien plus qu’un simple nom de famille) si, pour quelque raison que ce soit, je ne l’ai pas comprise. Apparemment, personne ne m’en a tenu rigueur et, d’une façon générale, je comprends mieux la pensée de mon interlocuteur que quelqu'un qui ne lui demanderait pas de répéter. Et même, je suis persuadé, à l’inverse de la pensée générale, que beaucoup de gens ne prennent pas cela pour un signe de distraction, mais au contraire pour une marque d’attention, de désir de compréhension de leur univers.

3) La troisième étape paraît un peu stupide mais elle est nécessaire. Répétez-vous de nombreuses fois pour vous-même le nom de la personne.
On ne le martèlera jamais assez. Quatre-vingt-dix pour cent de la mémoire vient de la répétition. Mais surtout, le fait de dire ce nom à maintes reprises sera l’occasion aussi de visualiser à chaque fois les images que vous avez créées, peut-être même d’y ajouter de nouvelles connexions sensorielles.

4) Dans les conversations qui suivront la rencontre, redites autant de fois que vous pouvez le nom que vous venez d’apprendre.
En plus, à chaque fois que vous répétez le nom, profitez-en pour replacer la personne dans un contexte plus général, dans l’environnement où vous l’avez connue. Ainsi le souvenir du lieu, de l’ambiance lumineuse, tout cela contribuera à vous guider ultérieurement dans votre mémoire vers le nom de la personne !

Mais passons maintenant à la mémorisation d’une chaîne d’images. Imaginez que vous voulez retenir cette liste d’objets : bougie-ballon-table-souris-voiture-montgolfière-abat-jour-saucisse-tabouret-échelle-ordinateur-arbre-chemise-téléphone-mappemonde-poule-lune-carton-pince à linge-lunette.

Il n’y a absolument aucun lien entre eux et, si vous essayez de les mémoriser sans faire appel à des astuces mnémotechniques, vous en retiendrez sept en moyenne. C’est le phénomène de « l’empan mnésique » dont j’ai déjà parlé dans un article précédent : des expériences statistiques, menées par George A. Miller en 1956, ont montré que cette zone de rétention immédiate était à peu près tout le temps et pour tout le monde de sept éléments mémorisables à la suite (voir l’article de Miller résumé dans Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Magical_Number_Seven,_Plus_or_Minus_Two).

Pourtant, à la fin de cet article, vous serez capable de retenir à coup sûr les vingt mots que je vous propose… et même plus, si vous le voulez. Pour ce faire, nous allons créer une chaîne d’images. Cela consiste simplement à lier entre eux plusieurs objets qui se suivent dans le réel et n’ont pas de liens de causalité entre elles (c’est le premier exercice que j’ai réalisé en mnémotechnie en 1983, en expérimentant le livre d’Adrien Bullas Un secret magnifique pour retenir toutes les dates). Cet exercice est tout à la fois simple et périlleux. Il est simple car, du fait du précédent article, vous maîtrisez déjà la formation des images et les liens. Mais maintenant, ce que nous allons relier ensemble, dans une histoire très visuelle, constitue une importante masse d’images. C’est donc un exercice risqué car, si nous en perdons une, toute la chaîne se casse.

Il est donc très important :

1) De bien former les images : selon les grands principes déjà vus de la mnémotechnie, suivez les règles suivantes :
a) Exagérez la situation : faites une image de taille énorme ou alors double (deux fois le même personnage) ou bien complètement délirante (vous vous souvenez du pape qui lançait un ballon de hand-ball dans l’article précédent !).
b) Rendez-la unique, soit triste, soit joyeuse, soit colorée (qu’elle ait son ambiance sui generis).
c) Mettez toujours du mouvement dans l’image ou les images que vous avez créées. Elles ne doivent jamais être statiques mais au contraire très dynamiques.

2) De soigner son lien.
Les images doivent être liées les unes aux autres avec une forte interactivité. Si vous posez mentalement côte à côte deux images, vous ne pourrez pas vous souvenir de la seconde. Il faut que les deux images s’interpénètrent, s’imbriquent. Un exemple concret : si vous souhaitez lier une bougie et un ballon, ne posez pas le ballon à côté de la bougie car certes vous vous souviendrez ensuite qu’il y a quelque chose à côté de la bougie mais vous ne saurez pas dire quoi. Il faut ajouter, à vos images à retenir, du mouvement et de l’action. Donc visualisez mentalement un ballon de baudruche proche de la flamme d’une bougie ; ce ballon explose, propulsant des bouts de latex aux quatre coins de la pièce (vous êtes alors en mode visuel et très dynamique) et dans un bruit assourdissant (deuxième sens invoqué, l’audition). Vous pouvez constater que vous avez déjà une petite histoire où vos deux éléments à mémoriser sont complètements liés, par deux de vos sens à la fois, et d’une manière amusante. Mais il est possible de créer une autre anecdote toujours en mouvement avec les mêmes objets : vous renversez chez vous, sur votre table, une bougie en donnant un coup de pied dans un ballon de foot-ball, elle met le feu en tombant à la nappe. Pour les mêmes mots, il peut y avoir plusieurs histoires différentes, au gré de votre imagination, en suivant toujours la même consigne : créer une situation dynamique, visuelle, surprenante.
Enfin, si vous souhaitez ancrer le lien définitivement, vous pouvez lier vos images avec d’autres encore. Reprenons notre exemple : si 1) la bougie est renversée par un ballon et 2) met le feu à la nappe ; vous avez pour l’instant deux images liées. Quand ensuite le ballon, après avoir renversé la bougie qui met le feu, continue à rouler sur la table, tombe sur une souris, vous venez de créer une petite histoire avec une chaîne d’images fortes : « ballon-bougie-table-souris »

Un petit truc, lorsqu’après, en parcourant votre chaîne d’objets, vous vous rendez compte qu’un maillon a disparu, recherchez toutes les images sans tenir compte forcément de leur ordre. Si vous avez formé auparavant des images incongrues, qui sortent de l’ordinaire, alors celles-ci devraient revenir à vous spontanément. Une fois que vous en tenez une, il ne vous reste qu’à remonter la chaîne jusqu’au maillon manquant pour le retrouver et créer le lien avec le début de la chaîne.

Pour que vous ayez un exemple détaillé de chaîne d’images qui permet de mémoriser une suite d objets, je vous propose pour notre liste de vingt mots l’histoire visuelle suivante : « Sur mon crochet est planté une grosse bougie blanche sur laquelle arrive un ballon de plage. La bougie est aussi grande que lui et le contact des deux fait exploser le ballon, dont le souffle est si fort qu’il bascule la table sous laquelle il se trouvait. Sans doute une table de géant. Sur la table dormaient une dizaine de souris qui prennent peur et se sauvent. Elles se font toutes écraser par une voiture qui zigzague et finit sa course sur un tremplin qui l’expédie en l’air. La voiture traverse alors une montgolfière qui s’avère être un abat-jour dont le pied est une saucisse (vous le voyez ?). Aucune lumière ne s’échappe car un tabouret est posé dessus, dans lequel est planté une échelle qui monte au Ciel où Saint-Pierre nous attend avec un ordinateur dont l’écran est un amas de racines d’arbres. Au bout de chaque branche pend une chemise avec, dans la pochette, un énorme cornet de téléphone dont l’écouteur est en fait une mappemonde. La mappemonde tourne à toute allure car une poule court dessus, cherchant à attraper la lune dans son bec. La lune se décroche et tombe dans un carton rempli de pinces à linges qui, de peur, sautent sur les lunettes que je porte. »

Tout cela peut paraître très compliqué au départ, à la fois difficile à créer et à retenir, un peu en dehors du réel, mais ce n’est qu’une question d’habitude : quand vous aurez imaginé et retenu dix histoires, par exemple pour faire vos commissions, vous n’aurez plus de problème ni de créativité ni de mémorisation. Comme je le disais précédemment, la première liste que j’ai mémorisée en 1983 se trouve à la page 12 du livre d’Adrien Bullas, Un secret magnifique pour retenir toutes les dates  (je vous recommande chaudement la lecture de cet excellent petit livre) et j’en ai retenu des dizaines depuis ce temps.

La seule recommandation que je puis à présent vous donner est de, chaque fois que vous créez une histoire mnémotechnique, réviser à plusieurs moments dans la journée : en marchant dans la rue, lors d’une pause-café, dans la salle d’attente de votre médecin ou de votre dentiste, chez votre épicier préféré dans la file d’attente, etc.
Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite des conseils sur la mémoire au prochain numéro comme dans les romans feuilletions du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines de maintenant. Amitiés à tous !





















vendredi 12 juin 2015

La mnémotechnie dans la vie quotidienne : retenir les noms de famille




Extrait du spectacle du mentaliste américain Harry Lorayne où il mémorise et restitue les noms de famille des spectateurs



Chers amis,

Cela fait maintenant beaucoup de temps que je n’ai pas publié dans ce blog et je m’en excuse. J’étais plongé dans des recherches sur le bouddhisme et l’hindouisme, sujets qui me passionnent. Si l’un de vous désire recevoir le résultat de ces prospections qui sont très en dehors de la thématique de ce blog, qu’il m’envoie un email à cette adresse : jgerault@free.fr et je me ferai un plaisir de lui faire parvenir un fichier de synthèse et de répondre à ses questions par rapport au texte que j’ai bâti en élaborant un résumé de mes lectures, de conférences auxquelles j’ai assisté, de recherches sur Internet et de réflexions personnelles.

Mais venons-en au sujet qui nous préoccupe, la mémoire. Je rappelle que la plupart de mes conseils ont été transmis par des spécialistes de la mnémotechnie, notamment Benoît Rosemont dans son « Mémento de la mémoire » et Vincent Delourmel, auteur de « Les dix secrets de votre mémoire ». Après avoir vu les différentes règles pour bien retenir, nous allons aborder le cœur du problème pour certains, la mémoire au quotidien. Faisons d’abord un petit résumé des quatre éléments que nous avons recensés auparavant ; pour bien mémoriser, il faut :
1) De l’intérêt
2) De l’attention
3) De la volonté
4) De l’émotion

Si l’un de ces points vous manque, votre mémoire risque d’être prise en défaut. Donc, avant toute chose, travaillez et, si soit votre intérêt, soit votre attention, soit votre volonté, soit votre émotion sont défaillants, essayez de combler cette lacune en effectuant des exercices (comme par exemple la mémorisation d’un poème comme je l’avais proposé). 
Choisissez un poème ou un texte simple d’un auteur que vous aimez (intérêt), travaillez votre texte au moins vingt minutes par jour (volonté) en restant concentré pendant ces vingt minutes : décrochez le téléphone, n’allez pas boire un café, etc. (attention). Dites votre texte à voix très haute (comme Flaubert le faisait dans son gueuloir), chantez-le si vous aimez chanter, enregistrez-vous si vous aimez les médias : faites tout ce que vous pouvez imaginer pour qu’il y ait une émotion-plaisir en lisant ce texte et en le retenant. Ainsi, vous progresserez comme tous les étudiants en mnémotechnie qui travaillent régulièrement et s’améliorent au fil des jours.

Un des principes de la mnémotechnie que nous avons vu ensemble, et qui va nous servir pour retenir les noms de famille, est de former un lien visuel entre l’information que nous souhaitons mémoriser (le nom de la personne) et un « indice de récupération » que nous créons (disons pour l’instant une caractéristique physique de la personne qui sera le point de départ de notre souvenir). Cet indice de récupération est appelé « crochet » en mnémotechnie : on le nomme ainsi, de manière imagée, parce que nous allons accrocher dessus, grâce à un lien visuel, l’élément à mémoriser. Et même, une fois ce premier lien créé, on pourra y ajouter d’autres références sensorielles qui seront autant de liens nouveaux. Plus il y en aura, plus l’information sera facile à retrouver.

Le crochet que nous allons créer peut aussi être comparé à un porte-manteau où nous accrochons un vêtement. Pour récupérer notre vêtement, il nous suffit d’aller au porte-manteau qui, nous le savons, se trouve à tel endroit à la maison. C’est exactement la même chose que nous allons faire. Lorsque vous voudrez récupérer ce que vous avez mémorisé, il vous suffira d’aller auprès de votre crochet pour voir ce qui y est suspendu.

S’agissant de notre thème d’aujourd’hui, les noms de famille, la difficulté vient du fait que le crochet n’est pas dans un endroit défini (un nom de famille est par nature abstrait, n’a pas une signification propre et n’est a priori relié à aucun concept, chose ou mot connus). Il faut donc totalement inventer le crochet et, pour le lier de manière indubitable avec la personne concernée, il vous faudra retenir un élément caractéristique de la personne (le plus souvent physique mais pas toujours). Voici quatre exemples pour une meilleure compréhension :
1) Si vous rencontrez la personne dont vous voulez retenir le nom dans une soirée et qu’il y a énormément d’invités, jouez la carte de la simplicité et choisissez un élément physique de la personne.
2) En revanche, si vous rencontrez la personne dans un bureau fermé, pour un rendez-vous professionnel, vous pouvez mémoriser un des éléments du bureau de votre interlocuteur, par exemple un tableau de valeur accroché au mur, une photo de famille sur sa table ou un souvenir qu’il a rapporté de l’étranger, etc.
3) S’il s’agit d’un de vos fournisseurs dans le cadre professionnel, vous pouvez utiliser l’image de l’article-phare qu’il propose dans son catalogue.
4) Si c’est un commerçant chez qui vous allez relativement souvent, visualisez l’image de l’intérieur de sa boutique.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive, c’est à vous de créer d’autres types de crochets grâce à la puissance de la plus incroyable des facultés psychiques, l’imagination.

Cet élément-clé, ce crochet, doit être quelque chose de concret, naturellement plus simple à visualiser (ce qui est l’essentiel de la technique) qu’un élément abstrait. Il ne doit pas non plus faire l’objet d’un doute ! Vous devez à tous les coups pouvoir le retrouver immédiatement : par exemple, un bouquet de fleurs, l’intérieur de sa boutique, pourront être des crochets pour retenir le nom de votre fleuriste, et la tour Montparnasse le crochet vous permettant d’associer le nom d’un de vos clients qui y possède un bureau.

Le plus difficile est de trouver un crochet lorsque l’on vous présente une personne en dehors de tout contexte particulier. Il faut alors créer un crochet sur la personne elle-même. Utilisez un élément physique caractéristique. Pour cela, il faut bien observer l’individu en question et choisir quelque chose qui le distingue des autres convives à ses côtés. Evitez par exemple d’utiliser l’image d’un de ses vêtements, car votre crochet ne serait valable que le jour de votre rencontre.

Il faut observer les moindres détails physiques de l’être humain que vous avez en face de vous : la forme de sa tête, de son visage, de son front, la longueur ou la largeur de ses sourcils, ses yeux petits ou grands, globuleux ou enfoncés, bleus, verts, marron ou autres, le nez petit, grand, fin, courbé, cassé, etc. Passer en revue ces détails vous aidera à faire attention à la personne que vous venez de rencontrer et à lier plus fortement son nom. Plus vous créez de liens annexes, plus l’image s’imprimera dans votre mémoire.

A présent que vous avez en tête l’élément caractéristique de la personne qui vous fait face, le « crochet », il faut créer l’image du nom de famille, afin de la lier à la personne. Si vous êtes amateur de jeux de mots (calembours, rébus, etc.), ce sera simple, évident pour vous. Sinon, laissez-vous guider par votre instinct (tout le monde en a un !). Deux possibilités s’offrent à vous :
1) Le nom de famille en lui-même évoque quelque chose pour vous. C’est donc facile. Si la personne s’appelle Monsieur Boulanger, Madame Colombe ou Mme Dupalais, il vous suffit de créer l’image correspondante : un boulanger, une colombe ou un palais.
2) Autrement, il va vous falloir découper le mot en entités de sens comportant une ou plusieurs syllabes. Si vous souhaitez retenir le nom de George Clooney, vous pouvez imaginer deux George pour mémoriser le jeu de mots, « George Cloné » ou alors lui ajouter un nez rouge pour récupérer dans votre mémoire « George Clowné » ou encore lui planter un clou au travers du nez pour voir « George Clou-nez » (deux syllabes équivalent alors à deux unités de sens différentes).
N’ayez pas peur de ce que vous appelez le ridicule ! Vous êtes le seul à avoir l’image en tête, donc vous pouvez visualiser absolument tout ce que vous voulez. Et bien sûr, ne tenez pas compte de l’orthographe. Il s’agit ici d’être capable de dire et retenir le nom. L’écriture est un autre problème. Il est possible de mémoriser l’orthographe précise des mots mais cela encombre la mémoire, et ce n’est pas ici notre propos.

En dernier ressort, que faire si vraiment l’on n’arrive pas à découper le nom en syllabes signifiantes ? Il faut l’énoncer à haute voix en chantonnant. C’est ce qu’Adrien Bullas, mon premier maître en mnémotechnie, appelait « le chant des syllabes » dans son livre génial « Un secret pour mémoriser toutes les dates ». Ânonnez chaque syllabe en chantant et trouvez-lui un sens. Vous verrez, ce n’est pas si difficile que vous ne pensez. Prenons un exemple apparemment peu évident : Monsieur Papandréou. Si l’on énonce le nom à haute voix en chantonnant, on peut le découper en quatre mots comme dans un rébus : pape-hand-raie-houx. Si vous imaginez le pape en train de jeter un ballon de hand-ball sur une raie (le poisson) à laquelle est attachée du houx, vous allez obtenir une image qui viendra marquer votre esprit.
C’est un cas difficile du fait de l’utilisation obligatoire de quatre images (une par syllabe) pour visualiser le nom mais le jeu en vaut la chandelle. N’oubliez pas que cette astuce n’est destinée finalement qu’à améliorer la mémoire à long terme du nom. Ainsi, si vous devez revoir la personne, il vous suffira peut-être de vous rappeler le début du nom découpé « Pape-hand » et vous saurez instantanément la suite.

Maintenant, nous allons faire la synthèse de notre exemple d’aujourd’hui : prenez conscience que vous avez à présent tous les éléments pour associer le nom de famille, Papandréou, à la personne voulue. Visualisez d’abord l’image que vous avez créée à partir du nom : un pape en train de jeter un ballon de hand-ball, etc. Si Monsieur Papandréou est votre fleuriste, vous pouvez voir par l’esprit une scène  étrange où, dans sa boutique, se trouve un balcon, semblable à celui du haut duquel le pape bénit la foule. Seulement, au lieu de bénir la foule, le pape jette un ballon de hand-ball. La foule s’écarte et le ballon vient écraser une raie géante qui se trouvait place Saint-Pierre. Celle-ci d’ailleurs est particulière car elle est ornée de houx !
Vous voilà avec une image, une histoire en fait, originale, amusante, qui restera gravée dans votre mémoire, vous permettant d’appeler à chaque fois votre fleuriste par son nom !

Un conseil, pratiquez beaucoup pour avoir un bon résultat : par exemple, en regardant un film ou une série à la télévision, fixez votre esprit sur un des protagonistes dès qu’il apparaît et essayez de créer une image à partir de son nom et de la lier avec un trait de son physique pour débuter vos expériences. Evaluez le résultat : est-ce que vous vous vous souvenez du nom du personnage une semaine après ? En pratiquant, vous verrez tout de suite ce qui est à faire et ce qui ne l'est pas ! Surtout, rappelez-vous toujours le principe de base, il faut « voir » et non « intellectualiser ». Un petit truc très simple pour commencer : fermez les yeux pendant votre film, le temps que vous désirez, au moment où vous créez votre image à partir du nom du personnage. Cela vous aidera beaucoup pour votre visualisation.

Une anecdote pour vous encourager ou vous décourager (selon que vous êtes optimiste ou pessimiste) : le mnémoniste américain Harry Lorayne, auteur de plusieurs livres sur la mémoire (son principal ouvrage sur le sujet traduit en français s'appelle  "Développez une mémoire exceptionnelle !) demande en entrant sur scène le nom de famille de chaque spectateur et il est capable à la fin de son spectacle de redire l’ensemble de ces noms.
En ce qui concerne les procédés des différents mnémonistes pour retenir les noms de famille, vous pouvez vous référer au Wikipédia en anglais : 


La suite de ces conseils sur la mémoire au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons d’autrefois ou les séries américaines d'aujourd’hui. Amitiés à tous !