Le dernier livre écrit par Wayne Dyer
Renoncez à votre histoire
personnelle
Lorsqu’un
hors-bord passe en trombe sur la surface de l’eau, il laisse derrière lui une
écume mousseuse que l’on appelle le sillage du bateau. Le sillage n’est rien d’autre
que la trace qu’il a laissée derrière lui. La réponse à la question : « Qui
conduit le bateau ? » est que le bateau avance à cause de l’énergie
générée par le moteur au moment présent. C’est ce qui fait avancer le bateau
sur la surface de l’eau.
Croyez-vous
qu’il est possible que le sillage conduise le bateau ? La trace qui reste
derrière le bateau peut-elle le faire avancer ? Ce sont là des questions
posées pour la forme et dont les réponses sont évidentes. Je suis sûr que vous
conviendrez avec moi que le sillage n’est que la trace que le bateau laisse
derrière lui et que ce n’est pas ce qui le fait avancer.
Je suggère
que vous mettiez en application cette idée à l’histoire de votre vie. Le sillage
de votre vie n’est rien d’autre que la trace que vous avez laissée derrière
vous. Si l’on y pense bien, il est absolument impossible que le sillage nous
fasse avancer. Le sillage n’est en aucune façon responsable logiquement de ce
dont vous faites l’expérience ou ne faites pas l’expérience aujourd’hui. Le
sillage n’est que ce qu’il est, et rien d’autre — une trace que vous avez
laissée derrière vous. (Mais l’avez-vous laissé derrière-vous ?)
Victime de votre histoire
personnelle
Wayne Dyer
raconte que, d’après son expérience, la plupart des gens vivent leur vie dans
leur propre sillage en se raccrochant à leurs histoires personnelles pour
justifier leurs comportements autodestructeurs et les carences dans leur vie.
Ils se
raccrochent aux vieilles douleurs, aux vieux abus et aux anciens manques comme
à des cartes de visite pour annoncer à toutes les personnes qu’ils rencontrent
— à peine quelques minutes après avoir été présentés — leur statut de « victime ».
« J’ai été abandonné lorsque j’étais enfant », « Je suis
alcoolique », « J’ai survécu à l’inceste », « Mes parents
ont divorcé et je ne m’en suis jamais remis ». La liste peut continuer
ainsi durant des centaines de pages.
Un ami
spécialisé en psychologie m’a raconté, pour corroborer la théorie de Wayne Dyer,
cette petite histoire : « Vos parents ne vous ont pas donné de
bonbons quand vous étiez petit (signification symbolique : vos parents ne
vous ont pas donné d’amour ou d’affection étant enfant). Eh bien, vous n’en
aurez pas non plus à l’âge adulte. De plus, (et l’histoire est dure), si durant
votre vie d’adulte, frustré de ne pas avoir eu ces bonbons, vous en demandez à
tout le monde, vous aurez l’air ridicule. On vous dira, en se moquant de vous :
« Mais vous n’êtes plus un enfant ».
Il faut donc
admettre cet épisode douloureux et intégrer le fait que jamais vous ne
changerez votre passé. C’est impossible, il faut l’accepter. Après tout, vous
pouvez vous consoler en vous disant que vos parents ne vous ont pas maltraités
physiquement, qu’ils n’ont pas été des bourreaux. Vous pouvez aussi « prendre
conscience » de ce manque dans votre vie, le cerner et l’étudier, comme
une souffrance qui, lorsqu’on la décrit, devient un peu moins douloureuse.
De toutes
les façons, vous ne reviendrez jamais dans votre passé et vous ne pouvez pas le transformer. En maintenant des liens avec celui-ci, comme les personnes dont parle
Wayne Dyer, vous garantissez non seulement que vous serez immobilisé aujourd’hui,
mais vous vous empêchez de progresser. En mentionnant les luttes passées et en
les utilisant comme des raisons de ne pas continuer votre vie aujourd’hui, c’est
exactement comme attribuer au sillage la capacité de faire avancer le bateau !
Voilà. C’est
tout pour aujourd’hui. La prochaine fois, je continuerai sur le cinquième
secret, « Renoncez à votre histoire personnelle », qui est très riche
et va à l’encontre de beaucoup d’idées reçues en psychologie. La suite donc
au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou
dans les séries télévisées américaines contemporaines.