Le livre en question.
Le livre "Strong Magic" de Darwin Ortiz, publié en langue française par le magasin de prestidigitation Magic Dream, est pour moi un des meilleurs (peut-être le meilleur) qui ait été écrit sur la théorie de la prestidigitation
Assister à un numéro de close-up peut être une expérience
tellement mémorable pour le spectateur qu'il s'en souviendra littéralement
jusqu'à la fin de sa vie. Si vous pensez que cette idée est ridicule,
considérez ceci : vous avez certainement déjà participé à une soirée ou les
autres invités apprennent incidemment que vous êtes magicien ; aussitôt
quelqu'un vous aborde pour vous dire : « Vous savez, un jour j'ai vu un
magicien qui [s'ensuit alors une description vivace, bien qu'inexacte
peut-être, d'un tour de magie]. Je ne l'oublierai jamais ! »
Je pense que la plupart d'entre nous ont vécu cette
situation plus d'une fois. Souvent, le spectacle évoqué par la personne a eu
lieu dix ou quinze ans auparavant, voire plus. Malgré cela, ii a fait une
impression telle sur elle qu'il lui a suffi d'entendre le mot « magicien » pour
que le souvenir resurgisse et qu'elle ait eu envie de vous en parler.
Chaque fois que je prends un jeu de cartes en main pour
faire des tours, mon intention est de produire un tel effet sur les spectateurs
que, quand on parlera de tours de cartes ou de tricheries aux cartes en leur
présence, ou même chaque fois qu'ils verront simplement un jeu de cartes, ils
ne pourront s'empêcher de penser à moi dorénavant. Et je sais que si je fais
bien mon tra-vail, c'est exactement ce qui se passera.
Je pense que tous les magiciens qui font du close-up
devraient se fixer cet objectif. Pour cela, il faut tout faire pour rendre sa
magie aussi impressionnante que possible. De tous les principes de base
sous-jacents à ce livre, le plus fondamental est le suivant : la première tâche
du magicien est de divertir le public avec sa magie. Non seulement de divertir
son public tout en faisant des tours, mais de le divertir avec ses tours. La
source principale du divertissement doit être la magie elle-même.
Beaucoup de magiciens semblent hélas ne pas croire que la
magie seule suffit à divertir les profanes. Ils pensent que, pour les captiver,
ils doivent assaisonner leur spectacle de plaisanteries éculées qui feraient
honte à un comique troupier. Ils croient que l'expression « magie commerciale »
s'applique à une série de gags et de tours qui ne durent pas plus de dix
secondes chacun et qui sont plus drôles que mystérieux, mais dont l'existence
est justifiée par les rires des spectateurs (ceux qui ne lèvent pas les yeux au
ciel). Le résultat est comparable à une rediffusion a la télé d'un épisode de
la série inepte Shérif, fais-moi peur : ça fait passer le temps, mais sitôt vu,
sitôt oublié !