Rappelons-nous pour atténuer le caractère sérieux de cet article que le Bouddha est presque toujours représenté souriant !
La suite donc avec la discipline mentale :
4) L’Effort juste
L’effort juste est une volonté
énergique de réaliser ces quatre actions :
a) Faire obstacle à l’apparition
des états mentaux mauvais ou malsains.
b) Se débarrasser des états néfastes
existant déjà chez l’être humain en général.
c) Faire apparaître des états
mentaux bons et sains qui n’existent pas encore.
d) Développer et amener au plus
haut point de perfection possible les états mentaux positifs qui sont déjà
présents.
5) L’Attention juste
Pour le Bouddha, l’attention
juste a été la source de l’Eveil. Dans le Satipatthana Sutta, sutta sur la
pratique de l’attention, qu’il a prononcé juste après le sermon de Bénarès, il
parle de quatre types d’attentions justes permettant de réaliser la voie
bouddhiste :
a) Attention juste sur les
activités du corps
La pratique de la concentration
sur la respiration est un des exercices bien connus concernant le corps (que
nous réalisons au Centre bouddhiste Triratna) et qui est effectué en vue du développement mental. Toute sa vie,
le Bouddha a donné une très grande importance à cette pratique.
b) Attention juste sur les
sensations et les émotions
L’attention aux sensations et
émotions, qu’elles soient agréables, désagréables ou neutres, nous permet de
les vivre pleinement afin de pouvoir les analyser de la façon la plus
constructive possible. Il faut voir distinctement à quel moment elles arrivent,
à quel moment elles disparaissent, en être hyper-conscient dans l’instant
présent, pour mieux les gérer par la suite (cette méditation est devenue très à
la mode ; elle est même utilisée par des psychiatres comme Christophe
André qui a écrit un très beau livre
sur le sujet ou Christine Mirabel-Sarron, sous la forme soit de la MBSR
(Mindfulness-Based Stress Reduction), soit de la MBCTD (Mindfulness-Based
Cognitive Therapy for Depression)).
c) Attention juste sur les
activités de l’esprit
On doit se rendre compte si
l’esprit est animé par l’avidité ou pas, par l’impulsivité ou non, s’il se
laisse tromper par l’illusion. Attentif ainsi aux mouvements de l’esprit, on
discernera la manière dont ceux-ci apparaissent ou disparaissent et on pourra
réguler les activités de l’esprit.
d) Attention juste sur les idées,
pensées et conceptions
Elle concerne en fait toutes nos pensées et c’est un
domaine très vaste qui inclut même les pensées qui concernent les « Quatre
Nobles Vérités ». Cette attention permet de ne pas s’attacher forcément
aux pensées agréables ni de se détacher excessivement de celles qui ne le sont pas.
6) La concentration juste
Il y a à nouveau quatre
étapes (!):
a) La première est celle pendant
laquelle nous chassons de notre esprit toutes les émotions négatives que nous
avons subies dans la journée comme l’avidité, la haine, le doute. Sont conservées
les sentiments de joie, de bonheur ainsi qu’une certaine activité mentale.
b) Dans la deuxième, nous
laissons tomber l’ensemble des ruminations mentales, tout ce qui est de l’ordre
de la conscience personnelle qui n’arrête pas de penser. Nous ne sommes plus en
train de réfléchir, de cogiter, de méditer (au sens traditionnel du
terme) ; nous laissons passer les pensées comme des nuages filant dans le
ciel : nous les percevons sans nous y attacher.
c) A la troisième étape, nous
pouvons rencontrer un état de relative sérénité, de calme, qui déclenche une
joie d’être dans la pratique. Cette joie, le Bouddha disait qu’il faut aussi la
laisser passer : si nous nous accrochons à la joie de la pratique, alors
ce sera une pratique qui va rester limitée à cela, c’est-à-dire que nous allons
être tout le temps en train de rechercher cette joie de la pratique.
d) Finalement, nous aboutissons à
un état d’équanimité, c’est-à-dire de grand calme intérieur, de sérénité, qui
n’est perturbé ni par les émotions négatives de colère, de haine, de jalousie,
d’impatience, ni par la joie ou le bonheur auxquels nous risquons de nous
attacher et qui risquent de nous limiter.
Et finalement les deux étapes de la sagesse :
7) La pensée juste
La pensée juste prône les idées
de renoncement, de détachement non-égoïste, les pensées d’amour et de
non-violence étendues à tous les êtres. Il est intéressant de remarquer que
cette pratique fait partie du groupe « Sagesse ». Cela montre
clairement qu’une sagesse véritable doit être pourvue de ces qualités déterminantes
et que toutes les pensées de désir égoïste, de malveillance, de haine, de
cruauté sont le résultat d’un « manque de sagesse » dans toutes les
sphères de la vie, individuelle, sociale ou politique.
8) La compréhension juste
Elle consiste à comprendre les
choses telles qu’elles sont.
Cela signifie donc appréhender l’existence à la manière du Bouddha,
c’est-à-dire avec ses souffrances et leurs causes, mais aussi avec la
résolution possible de ces souffrances par la compréhension de la méthode, de
la voie pour y parvenir.
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui. La suite au prochain numéro. Amicales salutations.