Sans commentaire.
Un chapitre important de Méditer, jour après jour de Christophe
André et dans lequel on peut trouver de nombreuses leçons de vie est celui qui
s’intitule « Contempler ».
J’aborderai aujourd’hui une de
ses parties : « Extases,
enstases et moments de grâce ».
L'extase est une sortie de soi et
une fusion dans autre chose de plus vaste : une révélation divine, ou parfois
charnelle, l'accès à un autre monde que l'habituel, dans un autre état de
conscience que l'habituel. Elle est une chute, un saut ou un détour — car, en
général, on en revient — dans la transcendance et l'absolu.
L'enstase est une chute en
soi-même, et on y découvre que tout est
là. C'est la douceur qui monte du dedans, le calme à qui l'on a permis
d'émerger de l'intérieur. Tout à coup, éruption volcanique de sérénité. C'est
toujours bouleversant de sentir cet apaisement autoproduit. Bouleversant de
constater comment le calme enstatique nous relie au monde au lieu de nous en
séparer. On se laisse alors transformer, au lieu de vouloir encore et toujours
transformer ce qui nous entoure.
Cela se passe lors de moments de
grâce, qui surviennent souvent lorsqu'on ne s'y attend pas. Moments de grâce
qui ne peuvent jaillir que d'une pleine conscience et d'une vraie présence au
réel, comme dans cet instant raconté par le poète Christian Bobin : «
J'épluchais une pomme rouge du jardin quand j'ai soudain compris que la vie ne
m'offrirait jamais qu'une suite de problèmes merveilleusement insolubles. Avec
cette pensée, est entré dans mon cœur l'océan d'une paix profonde. »
Pas besoin de gravir des
montagnes. Une pomme suffit.
La pleine conscience ne nous
recommande pas de nous couper du monde ou de nous retirer dans un ermitage, ni
d'adopter des postures de sage distancié de tout. Elle nous incite juste à
mieux savourer notre vie, à effectuer des choix, à poursuivre des buts, mais
sans nous confondre avec eux, sans nous accrocher excessivement à la réussite
ou à la perfection. Est-il possible d'être à la fois engagé en surface et
détaché en profondeur? Il s'agit de faire de notre mieux, en toute conscience
et en toute présence, mais sans assujettir notre effort, qui dépend de nous, au
résultat final, qui ne dépend pas que de nous. Plutôt que le dépassement (de
soi ou, pire, des autres), c'est l'accomplissement qui nous intéresse alors: ne
plus penser sa vie en termes de victoires ou de défaites mais d’expériences qui
nous construisent.
Voilà. C’est tout pour le moment.
La suite au prochain numéro.