vendredi 19 octobre 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (cinquantième partie).






Une image de la Gestalt-thérapie


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci


Voici le résumé de ce livre.

Il est si terriblement difficile de faire comprendre que les intuitions et les décharges d’émotions ne suffisent pas ; ce qu’on appelle guérison fait partie d’un processus de maturation ; le but d’une cure est, pour utiliser l’expression de Selig, d’apprendre aux gens à se torcher le cul eux-mêmes. A cet égard, certains professeurs « d’expression de soi » surtout lorsqu’ils travaillent dans la production à la chaîne — pourraient même faire beaucoup de mal s'ils ne commencent pas là où est le patient, mais au lieu de cela lui donnent l'ordre d'éprouver ce qu'il devrait éprouver. Pour faire plaisir au maître, celui qui participe au séminaire produira une contrefaçon de cette expérience et ne fera que renforcer la névrose.

« Peux-tu donner un exemple ? »
Oui. J'ai  vu un maître forcer un participant, que celui-ci l'approuvât ou non, à produire de la colère en tapant un matelas et en criant : « Non, non. » Ce « non » verbal est en contradiction avec le « oui » au maître contenu dans le fait d'accéder à sa demande et ne pouvait être qu'une source de confusion.
Tout va bien si le « non » est juste au-dessous du seuil de l'expression de soi, si le soi est engagé, et tout l'ensemble autre chose que le truc d'un maître dépourvu de sensibilité. Beaucoup de thérapeutes, au lieu de surmonter ce symptôme en eux-mêmes, vivent leur folie de l'autorité sur des « fidèles » qui cherchent à s'améliorer.

« Toi qui es passablement fou, voilà que tu prêches à présent !
Et si on parlait de toi ? »
C'est un domaine où je ne puis me trouver en faute. Je ne serais pas là où j'en suis sans ma sensibilité, le moment que j'ai choisi et mon intuition. Même quand je conduis des expériences de groupe, elles sont construites de manière à tenir compte de l'endroit où se trouve chacun au moment donné.
« Donne-moi un exemple. »
Je demande à chaque membre du groupe de dire une phrase en commençant par « J'en veux à... » ensuite de quoi je cherche à savoir s'il s'agit d'une remarque creuse faite pour me faire plaisir, ou une expérience réelle. Si oui, je fais un pas de plus :
« Faites explicitement votre demande » ou « Ayez une rencontre imaginaire avec cette personne jusqu'à ce que votre rancune soit liquidée. »
« Comment liquider la rancune ? »

La rancune est une sorte de morsure qui s'accroche. Si tu as de la rancune, tu es coincé avec. Souvent tu as la bouche rentrée, la mâchoire serrée. Tu ne peux ni laisser aller — oublier et pardonner — ni mordre, devenir agressif et attaquer ton frustrateur réel ou imaginaire. La rancune, comme la vengeance, est un bon exemple de situation inachevée.

« Alors, un relâchement de la mâchoire, ça ne suffit pas pour terminer le boulot ? »
Ce relâchement, c'est aussi unilatéral que de parler du « ressentiment ».
« Merci, Fritz, pour ta conférence. J'ai maintenant de bonnes notions de l'implosion, j'ai appris quelque chose de plus sur la rancune et, par-dessus tout, je commence à saisir certaines des complications qui surgissent quand on fait de la thérapie. Je vois aussi que toute approche partielle telle que " briser la cuirasse " ou parler des expériences, ne touche qu'une face du problème et est donc inefficace. »
Oui, et je condamne particulièrement ces « unilatéralistes » s'ils croient que leur truc à bâtons rompus est une panacée, un guérit-tout.
« Veux-tu dire que cette approche unilatérale vise aussi Ida Rolf et sa rééducation " physique " ? Qu'est-ce qu'elle fait ? Quelque chose comme « briser la cuirasse » «  des reichiens ? »
Parfois oui. J'appellerais plutôt cela un sous-produit accidentel, surtout si vous avez pour mémoire une abstraction musculaire.
« Je n'y comprends goutte. Pour moi, c'est un vrai charabia : pour mémoire une abstraction musculaire ! »
Je parlais de ces rats conditionnés dont le cerveau pulvérisé était donné à manger à d'autres. Cette substance avait une véritable mémoire, ou mnêmê, la mémoire de l'organisme.
Or, tout incident a plusieurs aspects : les paroles prononcées, les émotions que nous ressentons, les images que nous voyons, les mouvements que nous observons, les pensées, les associations que nous avons, une douleur que nous ressentons, etc. De tous ces milliers d'impressions, nous abstrayons un petit nombre que nous classons dans notre mémoire, pour servir de représentant officiel de cet incident. Cela devient une espèce de cliché stéréotypé. Nous pouvons même l'enjoliver ou l'effacer par endroits.
Or, si une abstraction émerge, souvent le contexte devient disponible dans sa totalité. C'est non pas une association linéaire, bien qu'on l'appelle souvent ainsi, mais une Gestalt très étendue.
Donc, si Ida touche un endroit douloureux qui est ce dont le muscle se souvient, alors le contexte total, y compris les émotions et les images inexprimées, pourrait surgir et être rendu disponible pour l'assimilation et l'intégration.




Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.