Une image de la Gestalt-thérapie
Je viens de lire un livre que j’ai
trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la
Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de
ce blog. Il s’agit de « Ma
Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz
Perls.
Cet article est la suite de celui-ci
Voici le résumé de ce livre.
Il est si
terriblement difficile de faire comprendre que les intuitions et les décharges
d’émotions ne suffisent pas ; ce qu’on appelle guérison fait partie d’un
processus de maturation ; le but d’une cure est, pour utiliser l’expression
de Selig, d’apprendre aux gens à se torcher le cul eux-mêmes. A cet égard,
certains professeurs « d’expression de soi » surtout lorsqu’ils
travaillent dans la production à la chaîne — pourraient même faire beaucoup de
mal s'ils ne commencent pas là où est le patient, mais au lieu de cela lui
donnent l'ordre d'éprouver ce qu'il devrait éprouver. Pour faire plaisir au
maître, celui qui participe au séminaire produira une contrefaçon de cette
expérience et ne fera que renforcer la névrose.
« Peux-tu
donner un exemple ? »
Oui. J'ai vu un maître forcer un participant, que celui-ci l'approuvât ou non, à produire de la
colère en tapant un matelas et en criant : « Non, non. » Ce « non » verbal est
en contradiction avec le « oui » au maître contenu dans le fait d'accéder à sa
demande et ne pouvait être qu'une source de confusion.
Tout va bien
si le « non » est juste au-dessous du seuil de l'expression de soi, si le soi
est engagé, et tout l'ensemble autre chose que le truc d'un maître dépourvu de
sensibilité. Beaucoup de thérapeutes, au lieu de surmonter ce symptôme en
eux-mêmes, vivent leur folie de l'autorité sur des « fidèles » qui cherchent à
s'améliorer.
« Toi qui es
passablement fou, voilà que tu prêches à présent !
Et si on
parlait de toi ? »
C'est un
domaine où je ne puis me trouver en faute. Je ne serais pas là où j'en suis
sans ma sensibilité, le moment que j'ai choisi et mon intuition. Même quand je
conduis des expériences de groupe, elles sont construites de manière à tenir
compte de l'endroit où se trouve chacun au moment donné.
« Donne-moi un
exemple. »
Je demande à
chaque membre du groupe de dire une phrase en commençant par « J'en veux à... »
ensuite de quoi je cherche à savoir s'il s'agit d'une remarque creuse faite
pour me faire plaisir, ou une expérience réelle. Si oui, je fais un pas de plus
:
« Faites
explicitement votre demande » ou « Ayez une rencontre imaginaire avec cette
personne jusqu'à ce que votre rancune soit liquidée. »
« Comment
liquider la rancune ? »
La rancune est
une sorte de morsure qui s'accroche. Si tu as de la rancune, tu es coincé avec.
Souvent tu as la bouche rentrée, la mâchoire serrée. Tu ne peux ni laisser
aller — oublier et pardonner — ni mordre, devenir agressif et attaquer ton
frustrateur réel ou imaginaire. La rancune, comme la vengeance, est un bon
exemple de situation inachevée.
« Alors, un
relâchement de la mâchoire, ça ne suffit pas pour terminer le boulot ? »
Ce
relâchement, c'est aussi unilatéral que de parler du « ressentiment ».
« Merci,
Fritz, pour ta conférence. J'ai maintenant de bonnes notions de l'implosion, j'ai
appris quelque chose de plus sur la rancune et, par-dessus tout, je commence à
saisir certaines des complications qui surgissent quand on fait de la thérapie.
Je vois aussi que toute approche partielle telle que " briser la cuirasse
" ou parler des expériences, ne touche qu'une face du problème et est donc
inefficace. »
Oui, et je
condamne particulièrement ces « unilatéralistes » s'ils croient que leur truc à
bâtons rompus est une panacée, un guérit-tout.
« Veux-tu dire
que cette approche unilatérale vise aussi Ida Rolf et sa rééducation "
physique " ? Qu'est-ce qu'elle fait ? Quelque chose comme « briser la
cuirasse » « des reichiens ? »
Parfois oui.
J'appellerais plutôt cela un sous-produit accidentel, surtout si vous avez pour
mémoire une abstraction musculaire.
« Je n'y
comprends goutte. Pour moi, c'est un vrai charabia : pour mémoire une
abstraction musculaire ! »
Je parlais de
ces rats conditionnés dont le cerveau pulvérisé était donné à manger à
d'autres. Cette substance avait une véritable mémoire, ou mnêmê, la mémoire de
l'organisme.
Or, tout
incident a plusieurs aspects : les paroles prononcées, les émotions que nous
ressentons, les images que nous voyons, les mouvements que nous observons, les
pensées, les associations que nous avons, une douleur que nous ressentons, etc.
De tous ces milliers d'impressions, nous abstrayons un petit nombre que nous
classons dans notre mémoire, pour servir de représentant officiel de cet
incident. Cela devient une espèce de cliché stéréotypé. Nous pouvons même l'enjoliver
ou l'effacer par endroits.
Or, si une
abstraction émerge, souvent le contexte devient disponible dans sa totalité.
C'est non pas une association linéaire, bien qu'on l'appelle souvent ainsi,
mais une Gestalt très étendue.
Donc, si Ida
touche un endroit douloureux qui est ce dont le muscle se souvient, alors le
contexte total, y compris les émotions et les images inexprimées, pourrait
surgir et être rendu disponible pour l'assimilation et l'intégration.
Voilà. C’est tout pour le moment comme
dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième
siècle. Amitiés à tous.