mardi 16 octobre 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (quarante-neuvième partie).






La Gestalt-thérapie (le cycle de l'expérience)


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci

Voici le résumé de ce livre.

« Dirais-tu que tu as eu une jeunesse heureuse ? »

Absolument, jusqu'à l'époque du Gymnasium. J'aimais l'école et le patin à glace. J'étais très proche de ma sœur Greta. C'était un garçon manqué, un chat sauvage, avec des cheveux rebelles et bouclés. L'homme qu'elle épousa, du nom de Soma Gutfreund, était une espèce de rien-du-tout, violoniste, vendeur et réparateur de violons. Son jeu ne devait pas être si mauvais que ça, puisque Piatigorski venait jouer des quatuors dans leur boutique. Pour ma part, je ne pouvais pas le blairer. Il avait l'art d'énoncer des platitudes comme si ç'avaient été des perles de sagesse. Eux aussi, comme tant d'autres juifs, ne quittèrent pas l'Allemagne tant que les SS n'eurent pas envahi leur magasin et détruit la plupart de leurs instruments.

A ce moment-là, les possibilités d'abri pour les réfugiés juifs étaient déjà rares, mais ils réussirent à aller à Shanghai où ils souffrirent de la chaleur et de la guerre ; de là en Israël où ils souffrirent des restrictions de nourriture jusqu'à ce que je parvienne à les faire passer aux Etats-Unis, où lui, du moins, souffrit de difficultés de langage.
Il est mort il y a quelques années, mais Greta s'est réadaptée.

Elle est très nerveuse, très bavarde et toujours préoccupée. En dépit de cela, nous nous adorons et elle est fière que son vilain petit canard de frère soit en train de devenir célèbre. « Si seulement maman avait pu voir ça. » Elle m'envoie toujours les bonbons européens les plus chers et les plus délicieux.

En effet, maman aurait été très fière. Elle avait beaucoup d'ambition pour moi et n'était pas du tout du type « mère juive ».
Mais mon père lui donnait de l'argent au compte-gouttes et nous étions heureux quand nous avions assez à manger. Maman était bonne cuisinière mais ne nous forçait jamais à manger. Son père était tailleur et, compte tenu de son ascendance, son intérêt pour l'art, surtout pour le théâtre, était étonnant. Elle mettait quelques sous de côté afin de pouvoir nous offrir des places debout au Kroll Theater, une annexe de l'Opéra-Théâtre impérial. Elle voulait aussi que je prenne des leçons de violon et de natation, mais mon père ne nous donnait pas d'argent pour cela. Maman ne pouvait payer les leçons de violon, seulement celles de natation. J'appris à nager comme un poisson.
Je détestais Fis; ma sœur aînée. Elle était crampon, et je me suis toujours senti mal à l'aise avec elle. Elle eut de graves problèmes avec ses yeux. Je n'aimais pas du tout l'idée qu'un jour je serais obligé de m'occuper d'elle, peut-être de porter le fardeau de sa présence chez moi, une lourde chaîne pour un bohémien.
Quand j'ai appris sa mort dans un camp de concentration, je ne l'ai pas beaucoup pleurée.
« Et tu ne t'es pas senti coupable ? »
Non, j'ai toujours eu de la rancune pour elle.
« Qu'est-ce que cela vient faire ici ? »
Derrière chaque sentiment de culpabilité, il y a de la rancune.
« Comment la rancune se change-t-elle en culpabilité ? »
Ici, il faut me croire sur parole. Sinon, je serais obligé d'en faire toute la topologie.
« Alors, fais-la. »
Non, je ne la ferai pas.
« La culpabilité et la rancune sont des émotions. Comment t'en débarrasses-tu ? En battant ta coulpe : pater, peccavi ? »
Non, cela ne sert à rien.
« Mais pour être en bonne santé, il faut que tu t'en débarrasses.
N'est-ce pas Freud qui a dit qu'un individu est sain s'il est libre d'angoisse et de culpabilité ? Tu fais de la thérapie, alors, explique ! »
Toujours sur mon dos, celui-là, ce qu'il m'énerve !
« Tu ne peux pas me faire ce coup-là. Tu oublies que nous sommes un et que nous jouons à un jeu. Tu remets à demain cette explication et moi je t'en veux pour ça. »
Et toi, tu ne te sens pas coupable ?
« Non, c'est toi qui devrais. »

Cela semble plus noble de se sentir coupable plutôt que rancunier et il faut plus de courage pour exprimer sa rancune que sa culpabilité. En exprimant sa culpabilité, on espère apaiser son interlocuteur ; en exprimant son ressentiment, on pourrait éveiller son hostilité.
En relisant ce paragraphe, j'ai nettement l'impression de jouer de nouveau un rôle, celui de professeur. Ça m'est égal de jouer des rôles. Mais je n'aime pas cette sécheresse, ce manque d'engagement. Je m'aime beaucoup mieux quand je pense ou écris avec passion, quand je suis gonflé à bloc.

Que l'excitation passe dans la plume
Gueule aussi fort que le tonnerre
Sans te soucier si tôt ou tard
Tu fais une gaffe

Plutôt être en vie et que ratent
Toutes tes chères ambitions
Jette vite dans la poubelle
Tout ce qui manque de nerfs.

Que je danse et me réjouisse
Bon ou mauvais temps.
Ne sois ni anxieux ni modeste,
Dansons tous les deux !



Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.


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