Sangharakshita, l'auteur de Vision et transformation, le créateur de la Communauté Bouddhiste Triratna
L’aspect négatif de l’Émotion
parfaite consiste en trois points : le non-désir (naishkramya), la non-haine
(avyapada) et la non-cruauté (avihimsa).
1) Le non-désir (naishkramya)
Naishkramya signifie non-désir,
renoncement, abandon, don. On l’a vu, l’Emotion parfaite suit la Vision
parfaite. Un des aspects de celle-ci est une vue pénétrante de la nature
insatisfaisante de notre existence conditionnée ou de la vie telle que nous la
vivons habituellement. Par sa propre nature, cette sorte de vue pénétrante
devrait aboutir à quelque résultat pratique. Le non-désir est ce résultat
pratique. Il représente une diminution de notre avidité, qui résulte de notre
vision de la véritable nature des choses conditionnées. Nous voyons combien
elles sont inadéquates et ainsi nous y devenons moins attachés et en sommes
moins avides. Notre forte prise sur les choses du monde, habituellement si
convulsive, commence à se relâcher.
Le désir étant l’état malsain de
base, nous devrions nous examiner sous cet aspect, et nous poser avec beaucoup
de pertinence la question suivante : « Depuis que j’ai commencé à prendre
le bouddhisme au sérieux à quoi ai-je renoncé ? » Si notre vie n’a
pas changé, cela signifie qu’il n’y a même pas eu un éclair de Vision parfaite
et que notre intérêt, jusqu’à présent, aussi sincère soit-il, n’est pas plus
qu’un intérêt intellectuel, théorique.
Il n’y a pas de schéma de
renoncement uniforme. Personne n’a le droit de dire que, puisque quelqu’un n’a
pas renoncé à telle ou telle chose, il n’a donc pas de Vision parfaite et n’est
pas un bouddhiste pratiquant. Des personnes différentes renoncent en premier
lieu à des choses différentes, mais le résultat final doit être le même :
rendre la vie plus simple et moins encombrée. La plupart d’entre nous avons
tant de choses dont nous n’avons pas vraiment besoin. Si vous preniez un
morceau de papier et faisiez une liste de toutes les choses non nécessaires que
vous possédez, ce serait probablement une très longue liste. Mais vous
réfléchiriez profondément longtemps avant de donner la première d’entre elles.
Parfois, les gens pensent en
terme de sacrifice : avec un déchirement douloureux, on abandonne quelque
chose. Mais cela ne devrait pas être ainsi. Dans le bouddhisme, il n’y a
vraiment pas de place pour un tel renoncement. D’un point de vue bouddhique ce
qui est demandé n’est pas tant de renoncer que de progresser. Renoncer à ses
jouets d’enfant n’est pas un sacrifice pour un adolescent. D’une façon
similaire, renoncer aux jouets avec lesquels les gens s’amusent habituellement
ne devrait pas être un sacrifice pour une personne spirituellement mûre ou pour
une personne approchant la maturité spirituelle.
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui.
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Sangharakshita Vision et Transformation
au Centre bouddhiste Triratna de Paris.
La suite au prochain numéro comme
dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries
télévisées américaines actuelles.
Amitiés à tous.