Un des séminaires de Fritz Perls
J’ai déjà évoqué dans ce blog
deux types de méthodes psychologiques récentes, les thérapies comportementales et cognitives et la programmation neuro linguistique. Je vais aborder à présent une
des méthodes les plus actuelles, la Gestalt-thérapie, à travers le livre de
Gonzague Masquelier, Vouloir sa vie, la Gestalt-thérapie aujourd’hui. Je commencerai en donnant un aperçu de la vie
de Fritz Perls qui en est le premier créateur (voir pour le début de cette
biographie, l’article précédent).
A la fin des années 60, le
mouvement hippie amorcé par le « ras-le-bol » des étudiants
californiens, lassés de « l’American way of life » se généralise. A
quoi bon amasser des richesses, si l'on n'est pas heureux ? La poursuite
éperdue de l'avoir, et de l'avoir plus, fait place à une quête de l'être, et de
l'être mieux : on recherche la qualité de vie.
Le magazine Life présente les idées de Fritz Perls,
sa recherche d'une vie authentique, dans le contact direct d'homme à homme,
sans artifice. Ses séminaires connaissent alors un engouement soudain : des
centaines de personnes se pressent chaque jour pour l’écouter et avoir le
privilège de « travailler » avec lui quelques minutes. Il inaugure de
nouvelles techniques spectaculaires de dialogue public avec soi-même : le
« client » monte sur scène, s'assoit sur le « hot seat »
(en argot, cette expression désigne la chaise électrique du condamné à mort !
), face à une chaise vide et interpelle ses proches ou plutôt l'image intérieure
qu'il a construite d'eux. Fritz Perls observe le ton de la voix, la posture, la
direction du regard, le processus de l'échange imaginaire, beaucoup plus que le
contenu du discours. C’est précisément cette attitude qui va influencer le
travail de la PNL : observer sans évaluer, s’intéresser à la structure de
la communication et de l’expérience interne.
Se parlant à lui-même, ou
interagissant avec le thérapeute, le client prend conscience des aspects de sa
personnalité restés dans l'ombre, ou dissimulés sous des introjections (la PNL
retiendra surtout la notion de généralisation, base des croyances).
Ses séminaires sont enregistrés
en vidéo et l'un d'entre eux est publié en 1969, sous le titre « Gestalt Therapy Verbatim » (traduit
en français sous le titre : Rêves et existence en Gestalt-thérapie). De
nombreux spécialistes arrivent des quatre coins du monde pour voir le génial
thérapeute à l'œuvre, pratiquer avec lui et s'inspirer ensuite de ses idées.
Parmi les plus connus figurent Gregory Bateson (fondateur de l'Ecole de
Palo Alto), Alexandre Lowen (fondateur de l'analyse bioénergétique), Eric Berne
(créateur de l'analyse transactionnelle), John Lilly (inventeur du « caisson d'isolation
sensorielle »), Stanislav Grof (expérimentateur du LSD, créateur de la
« respiration holotropique » et fondateur de la psychothérapie
transpersonnelle), et bien entendu John Grinder et Richard Bandler
co-fondateurs de la Programmation Neuro Linguistique, ou PNL.
Fritz
Perls décide alors de fonder une communauté, un « kibboutz », où l'on puisse « vivre la Gestalt 24
heures sur 24 ». Après être passé de la Gestalt individuelle à la Gestalt
en groupe, il passe de la Gestalt en groupe à la Gestalt dans la vie
quotidienne. Il achète un vieux motel de pêcheurs sur l'île de Vancouver, au
bord de la côte ouest du Canada et s'y installe avec quelques fidèles
disciples. Tout le monde partage son temps entre psychothérapie, formation et
travail collectif. Fritz Perls se dit « enfin heureux et comblé ».
Mais son bonheur est de courte
durée : l'hiver suivant, au retour d'un dernier voyage en Europe, il meurt en
mars 1970, d'une crise cardiaque, terminant ainsi un long parcours, totalement
atypique. L’itinéraire mouvementé de Fritz Perls et l’originalité de son
approche lui ont permis de développer des techniques innovantes, spectaculaires
et d’une redoutable efficacité.
Voilà. C’est tout pour le moment.
La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.