samedi 10 octobre 2015

Les cinq dhyani-bouddhas ou bouddhas de méditation



Une iconographie traditionnelle des cinq dhyani-bouddha. Remarquez que chacun est représenté avec une couleur différente.



Les cinq dhyani bouddhas (ou bouddhas de méditation ou bouddhas de sagesse ou bouddhas transcendantaux ou Jinas : Vainqueurs).


J’ai remarqué que dans la plupart des religions qui pratiquaient au départ l’adoration d’une seule personne ou d’un seul dieu (catholicisme, bouddhisme, etc.), les êtres humains ont connu une tendance très forte à imaginer de nombreuses divinités subalternes ou des auxiliaires de ce dieu (par exemple, dans le catholicisme les anges et les saints ou dans le bouddhisme, les cinq dhyani- bouddhas ou les bodhisattva). Louis Frédéric a pu ainsi écrire un livre Les dieux du bouddhisme qui recense trois mille divinités issues de cette religion ! Je vais parler aujourd’hui des cinq dhyani-bouddhas ou bouddhas de sagesse, inventés sans doute au septième siècle après Jésus-Christ, respectivement Amithaba, Amoghasiddhi, Akhshobya, Ratnasambhava et Vairochana. Dans le courant vajrayana, ils représentent les cinq aspects du bouddha primordial, les cinq épisodes principaux de sa vie, et les cinq sagesses permettant de transformer les cinq émotions négatives en énergie positive.

Le principe des cinq bouddhas repose sur la notion de trikaya (Les trois corps du bouddha, Dharmakaya, Sambhogakaya, Nirmanakaya), proposée à l’origine par l’école yogacara du courant mahayana.

Ces bouddhas sont considérés comme des bouddhas transcendantaux. En effet, alors que le Hinayana n’admet l’existence que d’un seul et unique bouddha par ère, le Mahayana reconnaît l’existence d’innombrables bouddhas. Le bouddha Sakyamuni est la manifestation aux yeux de tous (nirmanakaya) d’un bouddha primordial (dharmakaya). Il existe aussi des manifestations visibles pour les méditants et les bodhisattvas, appelées sambhogakaya. Cette théorie a donné naissance à la notion qu’un bouddha peut se démultiplier en différentes formes représentant chacune l’un des aspects particuliers de ses émanations.


1) Amithaba a comme émotion négative l’avidité qu’il transforme par la sagesse de l’amour universel, il représente la « lumière infinie » du bouddha primordial et l’épisode de l’illumination sous l’arbre de boddhi (il est aussi le bouddha de la « Terre Pure ».).

 2) Amoghasiddhi a comme émotion négative la jalousie qu’il transforme par la détermination de mener les choses à bien. Il représente « l’accomplissement infaillible » du bouddha primordial et l’épisode de l’arrêt de l’éléphant lancé par son cousin Devadatta (oui, personne ne le sait mais, comme tous les grands réformateurs, le bouddha a été la cible de plusieurs tentatives d’assassinat).

3) Akhshobya a comme émotion négative la colère-haine qu’il transforme par l’acceptation tranquille du mauvais comme du bon. Il représente « l’imperturbabilité » du bouddha primordial et l’épisode de la victoire contre Mara à Bodhgaya.

4) Ratnasambhava a comme émotion négative l’orgueil qu’il transforme par la conscience de l’identité fondamentale des êtres. Il représente « celui qui est né du joyau et produit des joyaux » par rapport au bouddha primordial et l’épisode de la construction du temple Mahabodhi par Ashoka.

5) Vairochana a comme émotion négative l’ignorance qu’il transforme par la conscience de la vacuité. Il représente « l’illuminateur » par rapport au bouddha primordial et l’épisode du sermon de Bénarès (Sakyamuni a fait un prêche devant ses cinq premiers disciples dans cette ville pour leur faire partager la voie qui selon lui menait à l’Éveil. Il a alors exposé les Quatre Nobles Vérités).

Pour plus de renseignements sur le sujet, consultez le très bon livre, Petite encyclopédie des divinités et symboles du bouddhisme tibétainpar le lama Cheuky Sèngué (François Jacquemart).

Dans un prochain article, j’aborderai les projections magiques (bouddhas historiques) et les émanations agissantes (bodhisattvas de méditation) de ces dhyani-bouddhas.

 Voilà. C’est tout pour aujourd’hui.

La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.

Amitiés à tous.