Frederick Perls
Des amis m’ont demandé d’apporter des
approfondissements sur la gestalt-thérapie, la psychothérapie que je préfère
actuellement. J’ai déjà abordé ce sujet à plusieurs reprises dans ce blog. En
voici quelques exemples :
Cet article est la suite de celui-ci.
Le livre de référence sur le sujet
est Gestalt-thérapie, nouveauté,
excitation et développement de Frederick Perls, Paul
Goodman et Ralph Hefferline. Je vais, pour que vous compreniez bien la démarche
de la Gestalt, vous citer une partie de son introduction.
La prise de conscience est caractérisée
par le contact, la sensibilité, l'excitation et la formation d'une gestalt. Son
bon fonctionnement appartient à la psychologie normale ; toute perturbation se
place sous le signe de la psychopathologie.
Le contact
en soi est possible sans prise de conscience, mais il est indispensable pour
prendre conscience. Se pose alors la question cruciale : avec quoi est-on en
contact ? L'individu qui regarde une peinture moderne peut croire qu'il est en
contact avec le tableau, alors qu'en fait il est en contact avec le critique
d'art de son journal favori.
La sensibilité
détermine la nature de la prise de conscience, qu'elle soit lointaine
(acoustique), proche (tactile), ou corporelle (proprioceptive). Nous incluons
dans ce dernier terme la sensibilité des rêves et des pensées.
L'excitation
semble, du point de vue linguistique, un bon terme. il recouvre l'excitation
physiologique aussi bien que les émotions indifférenciées. Il inclut la notion
freudienne de catharsis, l'élan vital de Bergson, et il nous donne une base
pour une théorie simple de l'anxiété.
La formation
d'une gestalt accompagne toujours la prise de conscience. Nous ne voyons
pas trois points isolés, nous les relions en un triangle. La formation d'une gestalt complète et exhaustive est la condition de
la santé mentale et de la croissance. Seule une gestalt achevée peut être
organisée comme une unité fonctionnant automatiquement (réflexe) dans
l'organisme tout entier. Une gestalt incomplète représente une « situation inachevée », qui catalyse toute l'attention et empêche
la formation d'une gestalt nouvelle, vitale. À la place de la croissance et du
développement, nous trouvons alors la stagnation et la régression.
Configuration, structure, thème,
relation structurelle (Korzybski) ou totalité signifiante et organisée, sont
les termes qui s'approchent le plus du mot allemand Gestalt, pour lequel n'existe pas d'équivalent en anglais ou en
français. Voici un exemple linguistique : « mon » et « nom » contiennent les
mêmes éléments, mais le sens dépend de l'ordre des lettres à l'intérieur de
leur Gestalt. Bridge peut signifier un jeu de cartes ou un appareil de prothèse
dentaire. Cette fois, le sens dépend du contexte dans lequel le mot « bridge »
est utilisé. La couleur lilas apparaît bleuâtre sur un fond rouge, rouge sur un
fond bleu. Le contexte dans lequel un
élément apparaît est appelé, en Gestalt psychologie, le « fond » sur lequel se
détache la « figure ».
Dans la névrose, et plus encore dans la
psychose, l'élasticité de la formation figure/fond est perturbée. On se trouve
souvent en présence d'une rigidité (fixation) ou d'un manque de formation de la
figure (répression). Fixation et répression interfèrent dans l'achèvement
normal d'une gestalt correcte.
Chez l'individu sain, la relation entre la figure et le fond est un
processus de flux et de reflux permanent et signifiant. L'interaction de la
figure et du contexte est à la base de la théorie présentée dans ce livre : l'attention, la concentration, l'intérêt,
la considération, l'excitation et la grâce sont représentatifs d'une
formation saine figure/fond, alors que la confusion, l'anxiété, les amnésies,
la stagnation et la gaucherie indiquent des troubles dans la formation
figure/fond.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.