Sans commentaire
La méditation nous aide à prendre
conscience des erreurs cachées dans nos pensées (carence de calme, de
continuité, excès d’informations contradictoires). Elle nous aide à nous en
protéger : elle nous permet de restaurer nos capacités d’introspection et
de nous reconnecter à nous-mêmes. Au lieu de toujours vivre sous perfusion d’injonctions,
de distractions, d’activations extérieures, elle nous propose en premier lieu de nous concentrer sur notre respiration et
juste de rester là, fidèle à notre poste d’observation. Je ne recherche rien,
je n’ai pas de but. Je me donne le
temps, je décide librement d’aller doucement. Dans la deuxième pratique de la
méditation, celle du metta-bhavana (méditation de bienveillance), tout mon être
est dans l’introspection et se reconnecte avec lui-même.
Sangharakshita, le fondateur du
mouvement bouddhiste Triratna, a affirmé qu’il n’y avait pas de mauvaise méditation. Même si on ne la pratique que très peu de temps, on est déjà dans
la méditation dès qu’on ferme les yeux et qu’on cesse ses actions. On est déjà dans
la liberté.
Comme la sédentarité de nos
sociétés modernes a créé dans notre corps le besoin de sport, la
sursollicitation médiatique éveille dans nos esprits le besoin de méditation. Celle-ci
peut nous aider à nous rapprocher de certains de nos besoins fondamentaux :
lenteur, calme, continuité. Satisfaire ces besoins est une démarche importante. Pas urgente mais importante.
Il y a dans nos vies deux choses
bien séparées, l’urgent et l’important.
Ce qui est urgent : répondre à mes emails, voir Facebook,
finir mon travail, réparer cette ampoule qui a claqué, etc. Si je n’effectue pas
ce qui est urgent, je serai puni rapidement, j’aurai des ennuis. Alors, je m’exécute.
Ce qui est important : aller me promener, regarder le ciel par la vitre de ma salle à manger,
parler à mon meilleur ami, prendre le temps de souffler, ne rien faire de
spécial (que ce soit intellectuel ou matériel), se sentir vivant…. Si je ne
fais pas ce qui est important, il ne m’arrivera rien. Rien dans l’immédiat.
Mais, petit à petit, ma vie deviendra terne, ou triste, ou bizarrement vide de
sens.
Chaque jour, il y a dans nos vies des conflits entre ce qui est
urgent et ce qui est important. Comment ne pas sacrifier totalement l’important
à l’urgent ? Comment ne pas céder peu à peu à la dictature de l’urgent,
qui fait qu’au bout d’un moment, toute sollicitation me semble urgente, même si en réalité elle ne l’est pas ou
pas autant qu’elle voudrait me le faire
croire. La solution est simple : il faut d’abord réfléchir puis pratiquer
la méditation.
Mais, même en pratiquant la
méditation, nous sommes constamment exposés à ce conflit. A peine suis-je assis, les yeux
fermés, que déjà m’assaillent des pensées sur tout ce que j’ai à effectuer :
« Pense à envoyer cet e-mail. Tu ferais mieux de faire ça qui est utile au
lieu de méditer. Et puis, aujourd’hui, ça ne marche pas bien ta séance de
méditation, laisse tomber, tu trouveras bien un autre moment dans la journée.
Méditer, ça peut attendre, ce n’est pas comme ton travail. »
L’urgent tente toujours de
prendre le peu de place que je m’efforce de réserver à l’important. C’est comme
ça, c’est sa nature. Alors, si je ne dis pas non, si je ne fais pas ce difficile
effort de lui présenter mes refus, je perds beaucoup de terrain, je vis une
non-vie de robot remuant et vide. Est-ce cela que je souhaite ?
La méditation m’apprend à
protéger ce qui est important. A me dire calmement : « Non, non. Je
ne me lève pas, je n’ouvre pas mes yeux, je n’arrête pas ma séance. Je reste là,
assis, les yeux fermés à prendre conscience de mon souffle et à ne penser à
rien d’autre. C’est important. C’est le plus efficace de tous les exercices
spirituels et vitaux. C’est infiniment important. Rien n’est plus important à cet instant que de me concentrer sur mon
souffle et de n’avoir aucune autre pensée.
Avoir appris à calmement dire non
lors des exercices de méditation, avoir fait l’expérience de ce non et de ses
bienfaits, cela peut petit à petit faire tache d'huile sur tout le reste de ma vie. Et m’aider
à dire non aussi dans ma vie quotidienne, au travail, chez moi, à tamiser le
flot des urgences, à accroître ma clairvoyance
envers les fausses alertes du « fais-le
vite, tout de suite ! »
Voilà. C’est tout pour aujourd’hui.
Amitiés à tous.