Jean-Louis Bernard reconnaît la valeur novatrice de l'ouvrage de Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le matin des magiciens.
J’ai pu recueillir un commentaire d’un
ésotériste de grande qualité, Jean-Louis Bernard sur son œuvre Les archives de l’insolite, un des meilleurs
dictionnaires de l’ésotérisme, et je vous en expose les grandes lignes. Pour
des raisons de commodité de lecture sur Internet, ce texte sera divisé en deux
articles.
Si la plupart des hommes refusent de faire
entrer l'insolite et l’ésotérisme dans le cadre des lois de la nature, un cadre
trop souvent limité, usuel, tracé une fois pour toutes, c'est bien parce que
des phénomènes inquiétants viennent bouleverser leurs habitudes de pensée et
mettre en doute leur logique coutumière.
L'insolite est en effet inséparable de la vie
quotidienne, il y glisse partout sa poésie fugitive : poésie de douceur, de
charme et de tendresse, ou poésie du drame et de l'horreur. Rencontrer dans la
foule un ami perdu de vue depuis longtemps, se trouver face à individu
monstrueux, cela relève de l'insolite, mais aussi du réel.
Tout change, en revanche, dès que l’ésotérisme recoupe
cette « mémoire de l'humanité », inscrite dans notre hérédité et dans
la mythologie comparée. S'appuyant sur des fondements universels, l’ésotérisme
s'arroge alors le droit de contester l'ancêtre simiesque proposé par la science
du siècle dernier (l'homme de Néanderthal) et de revendiquer l'ancêtre géant...
Il se plaît à évoquer des probabilités ahurissantes admises par les anciens,
auxquels revient à contrecœur le savant : des humanités différentes,
aquatiques, volantes, et les « hommes transparents » d'Hésiode, les
dieux jaillis du cosmos... Il donne aux pyramides et aux menhirs une
signification aussi dynamique que celle de Cap Canaveral !
Depuis la parution du Matin des Magiciens de Jacques Bergier et Louis Pauwels, l'insolite et l’ésotérisme ont acquis droit de cité. Le public attendait
d'ailleurs qu'on lui ouvre une porte sur l'homme secret. Il fallait équilibrer
d'urgence l'automatisation croissante et l'affadissement de la vie quotidienne.
L'insolite et l’ésotérisme sont, depuis le déclin de la philosophie et de la
religion, l'unique échappée qui puisse offrir des horizons plus vastes et plus
exaltants à l'homme de la rue, anxieux d'échapper au rouage infernal et
impitoyable d'une civilisation broyeuse d'âmes. Depuis des années, toute une
littérature d'essais fait éclore un nouveau romantisme qui dépasse le plan des
sentiments pour atteindre le spirituel.
A cette littérature, il manquait un code, c'est-à-dire
un dictionnaire. Celui-ci (Les archives de l’insolite) n'a pas la prétention d'être complet. Il n'en représente pas
moins un quart de siècle de recherches, d'expérience vécue, de voyages et de
contacts avec des chercheurs « en marge ». L'auteur s'est attaché à
écarter tout ce qui relève du banal, de la mythomanie ou de l'imposture. Et
pourtant, ordonner cet univers mi-surréel était une gageure. Pour venir à bout
de cette entreprise énorme, il fallait un esprit véritablement passionné. En
effet, comment s'orienter dans ce labyrinthe ? Comment y introduire une rigueur
scientifique ? Il existait bien sûr un fil d'Ariane : l'étymologie justement !
Mais il fallait aussi transcender les étymologies latine, grecque et hébraïque,
qui n'étaient pas sources mais seulement véhicules, pour remonter jusqu'à des
racines très archaïques.
Jusqu'au XIXe siècle, en effet, avant que l'influence
de l'Inde ne vienne introduire dans l'insolite et l’ésotérisme sa terminologie
sanscrite propre aux sciences du pays, tout se ramenait finalement à la
connaissance occulte égyptienne. En fait, nos sciences ésotériques - hermétisme,
alchimie médiévale - ne sont que le prolongement pâli de l'énorme science
accumulée durant des millénaires par l'Egypte. Aucune civilisation ne poussa
aussi loin les sciences de l'homme, surtout de l'homme insolite ou occulte. Et
c'est l'influence directe de l'Egypte que nous avons reçue par le canal
phénicien, hébraïque, grec et romain.
Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au
prochain numéro.