samedi 11 juin 2016

Définition de l’insolite et de l’ésotérisme par Jean-Louis Bernard, l’auteur des « Archives de l’insolite » (deuxième partie)




Jean-Louis Bernard reconnaît la valeur novatrice de l'ouvrage de Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le matin des magiciens.



J’ai pu recueillir un commentaire d’un ésotériste de grande qualité, Jean-Louis Bernard sur son œuvre Les archives de l’insolite, un des meilleurs dictionnaires de l’ésotérisme, et je vous en expose les grandes lignes. Pour des raisons de commodité de lecture sur Internet, ce texte sera divisé en deux articles.

Si la plupart des hommes refusent de faire entrer l'insolite et l’ésotérisme dans le cadre des lois de la nature, un cadre trop souvent limité, usuel, tracé une fois pour toutes, c'est bien parce que des phénomènes inquiétants viennent bouleverser leurs habitudes de pensée et mettre en doute leur logique coutumière.

L'insolite est en effet inséparable de la vie quotidienne, il y glisse partout sa poésie fugitive : poésie de douceur, de charme et de tendresse, ou poésie du drame et de l'horreur. Rencontrer dans la foule un ami perdu de vue depuis longtemps, se trouver face à individu monstrueux, cela relève de l'insolite, mais aussi du réel. 

Tout change, en revanche, dès que l’ésotérisme recoupe cette « mémoire de l'humanité », inscrite dans notre hérédité et dans la mythologie comparée. S'appuyant sur des fondements universels, l’ésotérisme s'arroge alors le droit de contester l'ancêtre simiesque proposé par la science du siècle dernier (l'homme de Néanderthal) et de revendiquer l'ancêtre géant... Il se plaît à évoquer des probabilités ahurissantes admises par les anciens, auxquels revient à contrecœur le savant : des humanités différentes, aquatiques, volantes, et les « hommes transparents » d'Hésiode, les dieux jaillis du cosmos... Il donne aux pyramides et aux menhirs une signification aussi dynamique que celle de Cap Canaveral !

Depuis la parution du Matin des Magiciens de Jacques Bergier et Louis Pauwels, l'insolite et l’ésotérisme ont acquis droit de cité. Le public attendait d'ailleurs qu'on lui ouvre une porte sur l'homme secret. Il fallait équilibrer d'urgence l'automatisation croissante et l'affadissement de la vie quotidienne. L'insolite et l’ésotérisme sont, depuis le déclin de la philosophie et de la religion, l'unique échappée qui puisse offrir des horizons plus vastes et plus exaltants à l'homme de la rue, anxieux d'échapper au rouage infernal et impitoyable d'une civilisation broyeuse d'âmes. Depuis des années, toute une littérature d'essais fait éclore un nouveau romantisme qui dépasse le plan des sentiments pour atteindre le spirituel.

A cette littérature, il manquait un code, c'est-à-dire un dictionnaire. Celui-ci (Les archives de l’insolite) n'a pas la prétention d'être complet. Il n'en représente pas moins un quart de siècle de recherches, d'expérience vécue, de voyages et de contacts avec des chercheurs « en marge ». L'auteur s'est attaché à écarter tout ce qui relève du banal, de la mythomanie ou de l'imposture. Et pourtant, ordonner cet univers mi-surréel était une gageure. Pour venir à bout de cette entreprise énorme, il fallait un esprit véritablement passionné. En effet, comment s'orienter dans ce labyrinthe ? Comment y introduire une rigueur scientifique ? Il existait bien sûr un fil d'Ariane : l'étymologie justement ! Mais il fallait aussi transcender les étymologies latine, grecque et hébraïque, qui n'étaient pas sources mais seulement véhicules, pour remonter jusqu'à des racines très archaïques.

Jusqu'au XIXe siècle, en effet, avant que l'influence de l'Inde ne vienne introduire dans l'insolite et l’ésotérisme sa terminologie sanscrite propre aux sciences du pays, tout se ramenait finalement à la connaissance occulte égyptienne. En fait, nos sciences ésotériques - hermétisme, alchimie médiévale - ne sont que le prolongement pâli de l'énorme science accumulée durant des millénaires par l'Egypte. Aucune civilisation ne poussa aussi loin les sciences de l'homme, surtout de l'homme insolite ou occulte. Et c'est l'influence directe de l'Egypte que nous avons reçue par le canal phénicien, hébraïque, grec et romain.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro.