mardi 7 avril 2020

La deuxième manipulation de cartes que j'ai travaillée dans ma vie : le saut de coupe d’une main.



  

Un des livres où j'ai commencé à apprendre la magie des cartes.


Un peu de nostalgie. Je vous raconte la deuxième manipulation de cartes que j’ai apprise quand j’étais enfant (précisément à l’âge de 8 ans) : le saut de coupe d’une main. Robert-Houdin dit dans  « Comment on devient sorcier, les secrets de la prestidigitation et de la magie » : « La coupe d'une seule main sert rarement dans l'exécution des tours de cartes, et n'a généralement d'autre but que de montrer la dextérité des doigts. C'est pour cette raison que je l'ai placée dans le chapitre des principes brillants. ». Ce n’est pas du tout l’avis de Camille Gaultier dans son livre « La prestidigitation sans appareils », paru en 1914, qui affirme : « Nous ne partageons pas cette manière de voir. ». Le saut de coupe était expliqué dans un des premiers livres que j’ai ai acheté sur le sujet : « Manuel complet des sorciers, ou la magie blanche dévoilée » (J’ai appris par la suite que le livre était paru en 1833 ! Il faisait partie des manuels Roret. Les manuels Roret ont été publiés de 1822 à 1939. Riche de près de 400 titres, cette collection éditoriale constituait une encyclopédie des savoir-faire et des techniques professionnelles de l’époque).

Cependant, la première description d’un saut de coupe d’une seule main se trouvait déjà dans l’ouvrage d’Henri Decremps paru en 1785 « Testament de Jérôme Sharp, professeur de physique amusante ».

Je trouve que le saut de coupe d’une main est très bien expliqué dans un livre pour les tricheurs et les cartomanes qui s’intitule « L’expert aux cartes » publié en 1902. Curieusement, on n’en connaît pas l’auteur qui l’a signé sous le pseudonyme de S.W. Erdnase (sans doute une anagramme d’Andrews). Ce qui est certain, c’est qu’il était certainement à la fois un tricheur et un magicien. Voici donc un extrait de cet ouvrage expliquant comment effectuer un saut de coupe d’une main :

Le saut de coupe Erdnase : méthode à une main.

« La méthode suivante est le résultat d'efforts obstinés pour inventer un saut de coupe qui peut être utilisé avec la plus grande probabilité de succès à la table de jeu. Elle est de loin supérieure pour cet usage, parce que l'action se fait juste avant que la main droite ne saisisse le jeu, ce qui couvre naturellement l'action et la réalise en fait juste avant le moment où on l'attendra. Ce saut de coupe est extrêmement rapide et sans bruit, et les deux paquets se déplacent un minimum en changeant de position. Le problème vient du fait qu'il est très difficile à réaliser à la perfection. Il faut de nombreuses heures de travail pour acquérir l'habileté requise — mais il convient de se rappeler que si la manipulation des cartes était facile à réaliser, il n'y aurait aucun intérêt ni profit à le faire.

Tenir le jeu dans la main gauche, l'auriculaire sur le petit bord intérieur, l'index et le majeur sur le grand bord, le pouce en diagonale sur le dessus du jeu avec la première articulation appuyé contre le petit bord extérieur, et l'annulaire courbé contre le dessous du jeu. Le bout du majeur tient un break sur le côté afin de repérer la coupe ou séparer les deux paquets qu'il faut inverser.

 En serrant le paquet du dessous entre le majeur et la paume, et en tenant le paquet du dessus entre le pouce et l'auriculaire sur les petits bords, on découvre qu'il est possible de bouger les deux paquets de façon indépendante. Pour les inverser, tenir le paquet du dessus fermement en appuyant avec le pouce, ouvrir les deux paquets au break, et retirer le paquet du dessous avec le majeur et l'annulaire — le majeur tire vers le bas et l'annulaire appuie vers le haut, jusqu'à ce que le bord intérieur du paquet du dessous se libère du bord extérieur du paquet du dessus.

 Puis appuyer le paquet du dessous pour qu'il glisse vers le haut et sur le dessus. Quand on sort le paquet de dessous en le séparant du paquet de dessus, il faut le tourner un peu avec l'annulaire, afin que le coin près de l'auriculaire apparaisse en premier. L'auriculaire aide à l'inversement en appuyant vers le bas sur le paquet du dessus au moment où le paquet du dessous fait son apparition sur le côté.

Il est probable que les premières tentatives fassent croire à l'étudiant que c'est une manipulation impossible. La position très inhabituelle des doigts semble neutraliser toute possibilité de contrôle du jeu. Toutefois, il est incontestable que l'on puisse tenir les paquets avec la fermeté d'un étau pendant toute l'opération - ou même les tenir de façon très détendue — dans les deux cas, l'opération peut être réalisée soit très lentement, soit très vite.

La plus grande difficulté vient du fait qu'il faille retirer le paquet de dessous de telle façon qu'il ne s'échappe pas des doigts. Il ne doit surtout pas sauter en se séparant du paquet du dessus, mais doit glisser le long du paquet, monter, et se poser dessus en un seul mouvement continu.

Bien sûr, pendant la réalisation de ce saut de coupe à la table de jeu, il faut amener la main droite par-dessus le jeu juste au moment de l'action, et l'opération peut être grandement facilitée en permettant au paquet du dessous de rebondir légèrement contre la paume droite — mais l'opérateur compétent n'utilisera la main droite que pour couvrir, elle ne prendra aucune part dans l'action. Une main plus longue ou plus large pourra probablement faciliter l'opération, mais l'astuce peut être réalisée efficacement même avec une très petite main une fois que l'on aura appris le tour. »


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !