La Bhagavad-Gita telle qu'elle est par Sri Srimad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada
Pour que vous puissiez comprendre au
mieux les commentaires détaillés de deux citations extraites de La Bhagavad-Gita
telle qu’elle est sur le thème de la réincarnation (Chapitre II, 13 et
Chapitre II, 22) proposés par l’acharya (instructeur spirituel) Sri Srimad A.C.
Bhaktivedanta Swami Prabhupada, je vais tenter de résumer brièvement ce livre
sacré, véritable Evangile de l’hindouisme. La Bhagavad-Gita raconte
l'histoire de Krishna, huitième avatar (incarnation) de Vishnou (identifié comme une manifestation du Brahman, l'Etre suprême) et d'Arjuna, un prince guerrier
en proie au doute devant la bataille à laquelle il va participer, qui risque d'entraîner la mort de ses
cousins, les Kaurava, ceux-ci se trouvant dans l'armée opposée.
Le récit est constitué du dialogue entre
Krishna, qui a pris l'apparence du conducteur de char d'Arjuna, un cousin et ami de celui-ci, et du prince. Il enseigne que, même si tous les chemins diffèrent, leur but
fondamental reste le même : atteindre le Brahman (la seule véritable Réalité dont la manifestation perçue par nous, Maya, n'est qu'une illusion) et échapper au cycle des renaissances à travers
la réalisation du Soi (Atman).
Krishna instruit Arjuna sur un grand
éventail de domaines, à commencer par celui, très important, qui résout le dilemme du guerrier, de la réincarnation, lui expliquant que les vies perdues dans la bataille ne le sont pas
véritablement car les Atmans des plus nobles combattants renaîtront dans des corps nouveaux et valorisés dans l'échelle des êtres. Krishna continue ensuite d'exposer un grand nombre de sujets
spirituels, parmi lesquels plusieurs yogas — ou chemins de dévotion —
différents.
Cependant, à un niveau plus profond, la
guerre est une métaphore des confusions, des doutes, des craintes et des
conflits qui préoccupent toute personne à un moment ou un autre de sa vie. La Bhagavad-Gita s'adresse
à ce bouillonnement en nous et enseigne les yogas qui permettent de
l'apaiser, le Bhakti yoga, la voie de la dévotion du Dieu personnel, le Jnana yoga ou la
voie de la connaissance, le Karma yoga ou voie de l'action juste. Selon
Krishna, la racine de toutes les douleurs et de tous les troubles est
l'agitation de l'esprit provoquée par le désir. La seule manière d'éteindre la
flamme du désir, conclut Krishna, c'est de calmer le mental par une discipline des sens
et de l'esprit.
Voici à présent deux citations déterminantes de La
Bhagavad-Gita telle qu’elle est commentées par Sri Srimad A.C.
Bhaktivedanta Swami Prabhupada sur le thème de la transmigration. A.C.
Bhaktivedanta Swami Prabhupada est un maître vaisnava (le nom des dévots
de Vishnou, les vishnouites, est vaishnavas ; ils pratiquent
la dévotion, bhakti, envers Vishnou comme dieu
suprême à travers ses incarnations-avatars, les dieux Khrishna et Rama).
Né à Calcutta en 1896 et mort
à Vrindavan en 1977, A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada est le créateur de L'Association
internationale pour la conscience de Khrishna (ISKCON). Il est considéré comme l'un des grands acharyas (instructeurs en matière religieuse, fondateurs de
mouvements spirituels) modernes.
Chapitre II, 13
« Au moment de la mort, l’âme
change de corps, tout comme elle est passée dans le précédent de l’enfance à la
jeunesse, puis de la jeunesse à la vieillesse. Le sage n’est pas troublé par ce
changement. »
Commentaire :
« Parce qu’il est une âme
individuelle, l’être voit son corps changer à chaque instant, se manifestant
tantôt sous la forme d’un enfant, tantôt sous celle d’un adolescent, d’un
adulte ou d’un vieillard. L’âme spirituelle, elle, reste la même. Elle ne subit
aucun changement. Et quand finalement la mort arrive, elle transmigre dans un
autre corps. Donc puisque l’âme est assurée d’avoir un autre corps dans une vie
prochaine, Arjuna n’a aucune raison de s’apitoyer sur la mort éventuelle de
Bhisma ou de Drona. Il devrait se réjouir au contraire de les voir échanger
leurs vieux corps contre un neuf et recouvrer ainsi l’énergie de leur jeunesse.
Tout changement de corps nous apporte son lot de joies ou de souffrances, selon
ce que furent nos actes passés. Bhisma et Droma, étant de nobles âmes, ne manqueront
pas d’obtenir dans leur prochaine vie un corps qui leur permettra d’avoir sur
les planètes édéniques des plaisirs supérieurs. Aussi, qu’ils aillent ici ou là
après leur mort, il n’y a nulle raison de s’inquiéter sur leur destinée.
En qualité de dhira, de réfléchi, celui
qui connaît parfaitement la nature de l’âme distincte et de l’Ame suprême et
qui connaît également les natures matérielle et spirituelle n’est pas
troublé par les changements de corps. L’Ame suprême est immuable. La
Bhagavad-Gita dit que les parcelles de l’Ame Suprême, les âmes distinctes,
existent de toute éternité et sont susceptibles de tomber sous le joug de la
nature matérielle.
On pourrait appliquer à l’Ame suprême le
principe de la réflexion : lorsque le ciel se reflète dans l’eau, l’image
réfléchie est aussi bien celle du soleil et de la lune que celle des étoiles.
Les étoiles sont semblables aux âmes distinctes et le soleil ou la lune à
l’Ame Suprême. L’âme spirituelle infinitésimale est ici représentée par Arjuna
et l’Ame Suprême par Krishna. »
Chapitre II, 22
« De même qu’on se défait d’un
vêtement usé pour en revêtir un neuf, l’âme abandonne l’ancien corps devenu
inutile pour en prendre un nouveau. »
Commentaire :
« C’est par la grâce de l’Ame
Suprême que l’âme distincte est transférée d’un corps à un autre. Elle comble
les souhaits de l’âme infinitésimale, tout comme on satisfait les désirs d’un
ami. La Mundaka Upanishad (3.1.2) et La Svetasvatara
Upanishad (4.7) comparent ces deux âmes à deux oiseaux liés d’amitié et
perchés sur le même arbre. Alors que l’un d’eux (l’âme infinitésimale) goûte
les fruits de l’arbre, l’autre (l’Ame Suprême) l’observe. Ces deux oiseaux sont
de même nature, mais l’un est captivé par les fruits de l’arbre matériel,
tandis que l’autre se contente d’observer les mouvements de son ami. Krishna
est cet oiseau-témoin, Arjuna l’oiseau qui mange. Ce sont deux amis mais l’un
est maître, l’autre serviteur. L’oubli de cette relation oblige l’âme
infinitésimale (jiva) à voler d’arbre en arbre, c’est-à-dire de corps en corps.
Le jiva est l’être vivant incarné, donc mortel. L'Atman (Soi) s’identifie à un
corps et à une pensée. Devenu Ego, il se crée l’illusion d’une dualité et d’une
causalité. Le jiva, perché sur l’arbre du corps, mène un dur combat pour vivre,
mais dès qu’il reconnaît en l’autre oiseau le maître spirituel suprême, comme
le fit Arjuna qui s’abandonna volontairement à Krishna pour recevoir ses
instructions, il ne souffre plus. »
Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La
suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième
siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.