Alexandre Dumas.
Il y a eu dans la Revue de la Prestidigitation n° 613 de
mai 2016 un passionnant article de Fanch Guillemin dans la partie « Le
coin des collectionneurs » qui s’intitulait « Alexandre Dumas et la
magie ». Fanch avait la gentillesse de me citer deux fois dans son
article, d’abord au sujet de l’abbé Faria qui est un personnage du Comte de Monte-Cristo de Dumas et qui est en fait le premier
hypnotiseur recensé historiquement (voir mon article sur l’hypnose dans la Revue de la Prestidigitation n° 611
consacrée à l’Ordre Européen des Mentalistes), ensuite au sujet du voyant
Alexis, très connu au dix-neuvième siècle, et sur lequel Dumas a écrit
deux "lettres magnétiques" dont la première est parue le 13 septembre 1847 dans Le Journal des débats.
Alexandre Dumas, outre sa
relation avec Alexis, était ami d’Adolphe Desbarolles, un des grands spécialistes
de chiromancie (voyance dans la main) du dix-neuvième siècle, l’auteur de
plusieurs livres sur le sujet dont notamment Chiromancie nouvelle : Les Mystères de la main révélés et expliqués
(1859) (voir sur Gallica, une synthèse des travaux de Desbarolles).
Pierre Taillefer a raconté également
que Dumas rencontra à Naples, le brillant prestidigitateur Faure-Nicolay et l’engagea
dans son théâtre à Paris.
Les phénomènes magnétiques,
hypnotiques et la prestidigitation sont évoqués dans 4 livres de Dumas :
1) Joseph Balsamo.
2) Les mille et un fantômes.
3) Le docteur mystérieux et sa suite La fille du marquis.
4) Le Comte de Monte-Cristo.
1) Le roman Joseph Balsamo et le voyant Alexis.
Alexis Didier (1825-1866) avait commencé
sa carrière comme artiste dramatique mais, de 1840 à 1861, il connaît des transes
somnambuliques où il développe des dons de voyance, sous l’influence de son
magnétiseur Marcillet. Sa clairvoyance époustoufle le prestidigitateur
Robert-Houdin, qui ne parvient jamais à y découvrir ni fraude ni trucage.
Dumas, dans Le Journal des débats du
13 septembre 1847, raconte qu’Alexis le clairvoyant (qu'il a magnétisé lui-même)
le convertit totalement aux phénomènes « surnaturels » par son pouvoir de
deviner les cartes à jouer, de voir à travers les objets, les murs, les parois
de boîtes fermées, de lire les pensées.
Au milieu de 1847, Dumas a publié
en feuilleton la moitié de Joseph Balsamo.
Interrompue depuis un an, sa parution reprend dans la Presse le 3 septembre. C’est à ce moment-là qu’il donne pour l’inauguration
de son château de Monte-Cristo une sorte de feu d’artifices mondano-littéraire
dont une des vedettes est le voyant Alexis. Dans la première « Lettre
magnétique » donnée le 13 septembre 1847 au Journal des débats, Dumas avoue à ses lecteurs n’avoir jamais
assisté à une séance de magnétisme pour écrire le début de Joseph Balsamo mais assure avoir presque tout lu avant sur le sujet.
En effet, les scènes de clairvoyance qui constituent les temps forts du roman
font irrésistiblement penser à certains hauts faits magnétiques d’Alexis. Pendant
la séance avec Alexis au château de Monte-Cristo, Dumas s’implique, essaie de
remplacer Marcillet absent et de magnétiser Alexis à son insu : le somnambule
s’effondre brutalement, les yeux révulsés, et souffle à l’oreille de Dumas
complètement affolé : « Ne me faites jamais une chose pareille sans
me prévenir, vous me tueriez ».
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à
tous.
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