Les principes de base de la Programmation Neuro Linguistique
Pourquoi faire un compte rendu
croisé de ces deux livres ? Parce qu’ils parlent tous les deux d’un
concept fondamental de A. Korzybski en science des systèmes : « La
carte ne fait pas le territoire ». Richard Bandler, un des fondateurs de
la Programmation Neuro Linguistique, disait que, s’il ne fallait garder qu’un
seul principe de sa méthode, ce serait celui-là. Mais qu’est-ce qu’il
signifie ? Cela veut dire que nous ne sommes pas en contact direct avec le
monde. Bien que le monde soit réel, nous n’opérons pas directement sur cette réalité. De celle-ci, chacun a son idée
propre et comme l’enseigne le proverbe « chacun voit midi à sa
porte ».
La troisième faculté humaine de
modélisation (fabrication de modèles) est la distorsion. C’est le
processus qui nous permet d’introduire des changements dans notre expérience
sensorielle. En imagination, nous pouvons par exemple nous évader du lieu où
nous sommes pour repenser à ce que nous avons fait hier ou pour envisager une
conférence que nous allons tenir la semaine prochaine.
Cette faculté de distorsion de la
réalité présente est manifeste dans tout acte créatif. C’est elle qui
permettait à Gauguin de peindre des chevaux violets. C’est elle qui nous donne
la possibilité, si nous le désirons, quand nous voyons une vache marron ou quand on
nous parle d’une vache marron, de la transformer en esprit en une vache rouge.
Cependant, cette modélisation,
comme les deux autres modélisations (généralisation et sélection), peut aussi construire
une expérience négative pour la personne qui la pratique inconsciemment.
Un exemple : Claire est
professeure. Lorsque son employeur lui reproche d’arriver en retard, elle en
déduit que celui-ci ne l’aime pas. C’est une distorsion très courante : un
grand nombre de personnes ont tendance à prendre une critique sur leur
comportement (qui ne concerne qu’une ou deux actions de leur part et qui est
relative à l’extérieur de la personne) pour un rejet de leur personnalité (qui ne
peut se voir que sur une longue durée et qui est intérieure à leur personne).
Pour Grinder et Bandler, l’un des
paradoxes de la condition humaine est que les capacités qui nous permettent de
survivre, d’évoluer et de mener une vie heureuse – à savoir notre aptitude à
créer des modèles/des représentations – sont aussi celles que nous pouvons
employer à notre détriment pour nous maintenir dans une vision appauvrie du
monde.
Si nous construisons notre modèle
expérientiel de la réalité à partir des trois modélisations, celles-ci nous
servent également à le perpétuer et à en maintenir la stabilité. Elles sont ce
qu’on appelle dans le langage scientifique des mécanismes psychohoméostatiques :
elles donnent sa cohérence à notre environnement psychique interne et surtout
rendent le monde prévisible.
Tel l’étranger qui se sent mal à l’aise
en territoire inconnu, il nous arrive d’être désorientés face à des situations
qui ne cadrent pas avec notre image de la réalité. En utilisant la
généralisation, la sélection et la distorsion, nous pouvons redéfinir le
contexte en l’alignant sur notre modèle et ainsi éviter ou supprimer le
malaise. La situation inquiétante est alors écartée et nous sommes à nouveau en
terrain connu. Mais le problème est que le recours systématique à ces
mécanismes, à ces modélisations, provoque le fait que la plupart des gens connaissent peu d’expériences nouvelles.
Si un individu a conclu à la
suite d’expériences malheureuses qu’il était un raté et qu’il n’était pas digne
d’être aimé (généralisation), il risque fort de ne pas remarquer dans sa réalité
actuelle les marques d’attention positives qu’on lui adresse (sélection) ou
bien va les interpréter comme pas sincères (distorsion). En bloquant ou
déformant les informations qui contrediraient ses croyances, il s’enferme alors
dans un système presque clos. Puisqu’il ne vit plus d’expériences allant à l’encontre
de ses généralisations, il perpétue les comportements négatifs associés à
celles-ci et s’attire les même réactions de la part de son environnement, ce
qui, en retour, prouve et justifie ses généralisations : « Décidément,
je savais bien que… »
Dès lors, la boucle est bouclée
et le cycle se répète selon le mécanisme décrit diversement sous les noms de « scénario
de vie » ou « prophétie qui s’auto-accomplit ». Et c’est ainsi
que toute personne humaine peut se maintenir dans une vision du monde très appauvrie
et malheureuse.
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui. Je parlerai de la manière de changer ce modèle du monde dans un
prochain article. Amitiés à tous.