dimanche 5 novembre 2017

La magie des lettres de l’alphabet hébreu et leur correspondance avec les lettres de l’alphabet grec.







Cet article est la suite de celui-ci .

Dieu, dit la Kabbale, a créé le monde avec les lettres de l'alphabet hébraïque qui, bien plus que de simples signes conventionnels, sont réellement des puissances, comme l'étaient les hiéroglyphes dont les prêtres égyptiens savaient extraire l'essence magique. Le principe de la Kabbale, aussi bien philosophique que magique, est donc très simple : « La loi qui a présidé à la création de la langue des Hébreux est la même que cette qui préside à création de l’univers. Connaître l'une, c'est implicitement connaître l'autre. », écrivait Papus.

La langue sacrée, celle que les initiés se passent de génération en génération, a un secret. Très concrètement connaître le secret de la langue hébraïque, c'est connaître le secret de l'univers. Chaque lettre est un message divin, une information mystique, une condensation d'énergie, un fragment du cosmos. Leur contemplation, la méditation sur elles, puis leurs différentes combinaisons, permettent d'atteindre l'extase. Au cours de cette extase, le kabbaliste rencontre l‘ange Métatron qui lui révèle alors ce après quoi il court. Il ne s’agit pas seulement d'une réalité symbolique, mais d'une réalité très concrète. Les initiés sont très affirmatifs sur ce point. Et toute société initiatique, tout ordre digne de ce nom, rejoint le point de vue de ces initiés. Puisque l'initiation a pour but de faire retrouver des pouvoirs perdus. Des pouvoirs que l'humanité possédait avant la chute...

Voyons d'un peu plus près ce que sont les lettres de l'alphabet hébraïque. Nous ne pouvons évidemment donner toute leur richesse dans le court espace de cet article, mais nous pouvons résumer l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur ce sujet. Un manuscrit du XVI ème siècle, découvert par le mage Eliphas Levi qui marqua le monde de l'ésotérisme du XIX ème siècle par sa personnalité et ses travaux, contient ce qui suit: « Voici quels sont les privilèges et les pouvoirs de celui qui tient en sa main droite les clavicules de Salomon et dans la gauche la branche d'amandier fleuri. » Le message est clair: l'initié en Kabbale a des privilèges et des pouvoirs. Il doit connaître les formules magiques, les pratiques secrètes, les rituels et tenir la « branche d’amandier fleuri », c'est-à-dire s'avancer sur le chemin du bien.

Il nous reste à passer les lettres elles-mêmes en revue. Nous suivrons l'alphabet dans l'ordre.

1. L'Aleph, l'En-Sof          Alpha en grec   

2. Le Beth, les colonnes du temple         Bêta en grec

3. Le Ghimel, le triangle de Salomon      Gamma en grec        
      
4. Le Daleth, le tétragramme     Delta en grec

5. Le Hé, le pentagramme           Epsilon en grec

6. Le Vau, l'équilibre      pas d’équivalent en grec

7. Le Zaïn, l'épée flamboyante  Zêta en grec

8. Le Heth (ou Hêt), la réalisation            Hêta en grec

9.            Le Thet, l'initiation          Thêta en grec

10. Le Yod, la Kabbale    Iota en grec

11. Le Kaph (ou Caph), la chaîne magique           Kappa en grec

12. Le Lamed, le Grand Œuvre                  Lambda en grec

13. Le Mem, la lumière astrale  Mu en grec

14. Le Nun, les transmutations Nu en grec

15. Le Samek     Xi en grec

16. Le Ayin, les envoûtements  Omicron en grec

17. Le Phé, l'astrologie   Pi en grec

18. Le Tsadé, les philtres ou les sorts     La lettre q

19. Le Qoph, la pierre philosophale        Rho en grec

20. Le Resch, la médecine universelle   Sigma en grec

21. Le Sin, la divination  Tau en grec

22. Le Taw, le Thoth       Upsilon en grec


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

Abraham Aboulafia, inventeur de la Kabale mystique (deuxième partie).






La guématria.


Cet article est la suite de celui-ci

L'Epître des sept voies.

Abraham Abulafia a laissé un écrit intitulé L'Epître des sept voies. Le titre est parlant: il y a sept voies d'accès à l'initiation kabbalistique. Sept voies selon le degré d'avancements spirituel de l'individu qui veut s'y engager.

La première consiste en une lecture des textes sacrés (la Bible essentiellement). C'est une voie encore exotérique, mais elle est indispensable au commencement. Car, dit Abulafia, tous avant d'avoir été initiés ont fait partie de la foule. Ce n'est que plus tard, sous l'influence des circonstances (le don personnel et le fait d'avoir été choisi par un maître) que certains se mettent à étudier tandis que les autres restent sans connaissance de l'alphabet hébraïque. Aux ignorants, aux « illettrés en initiation », il faut que les élus transmettent un savoir minimum de manière à ne pas les laisser totalement dans l'obscurité.

La seconde voie consiste en une compréhension de ce qu'on lit en s'appuyant sur de multiples commentaires. La troisième en une intelligence des textes traditionnels (livres sacrés, mythes, etc.) en les comprenant allégoriquement. Ainsi Hercule est l'allégorie de la force, Salomon celle de la sagesse, etc.

La quatrième voie marque un progrès: elle consiste à questionner les paraboles: pourquoi Hercule nettoie-t-il les écuries d'Augias? Pourquoi le roi Salomon s'éprend-il de la reine de Saba?

Mais toutes ces voies que nous venons de citer sont ouvertes aux érudits de toutes les nations. C'est même à cela que l'on passe son temps dans les universités. 

Seule la cinquième voie commence à être proprement kabbalistique. C'est dans cette cinquième voie que l'on découvre, par exemple, ce que la Bible hébraïque a voulu enseigner par le fait que sa première lettre est un Beth. (Béréchit = Au commencement). On apprend ici pourquoi vingt-deux lettres apparaissent en tout et pour tout. Pourquoi le de "Ve hara" (Sa colère brûla) doit se présenter sous une certaine forme; pourquoi les deux Nun qui encadrent les versets 35 et 36 du chapitre X du Livre des Nombres se présentent d'une manière donnée. Une infinité de choses, dit Abulafia, nous ont été transmises par la tradition: les pleins et les déliés, les lettres recourbées, les lettres pleines, etc. Rien n'a été laissé au hasard. L'étudiant en Kabbale commence à s'éveiller.


On se souvient (voir premier article) qu' Aboulafia était déjà adepte du tserouf (ou temura).

La sixième voie va encore plus loin. Elle ne convient qu'à ceux qui se sont mis en quête du nom de Dieu et qui sont capables de capter le grand agent magique. Cette méthode mène au secret des soixante-dix langues par la méthode de la guématria et de la combinaison des lettres à leur « matière première ».

La guématria (du grec geometria) consiste en une exégèse, un commentaire du texte saint basé sur la valeur numérique des lettres de l'alphabet. Chaque mot a de la sorte une valeur numérique par laquelle il renvoie à un autre mot de même valeur. La guématria met aussi en œuvre des systèmes d'équivalence qui permettent, comme nous le verrons dans un prochain article, de substituer une lettre à une autre. Et à propos des dix Séphirot, Abulafia explique que toute chose vient par dizaine: Moïse, dit la tradition, est monté dix fois sur le Sinaï; le monde a été créé en dix paroles mystiques; les Commandements sont au nombre de dix, etc.

Outre la guématria, la sixième voie a recours à plusieurs techniques: le notarikon, les permutations, les substitutions de lettres, etc. Le texte sacré peut ainsi devenir véritablement un miroir. Le notarikon consiste à interpréter les mots comme des sigles où chaque lettre du mot est l'initiale d'un autre mot (Exemple: Adam donne Abraham, David, Abou, Melchisedek). On peut encore décomposer les mots en deux ou divers éléments ayant eux-mêmes une signification particulière. Ces opérations dont parle Abulafia peuvent être théoriquement répétées jusqu'à l'infini, mais il faut s'arrêter à une dizaine de fois, à cause de la faiblesse de l'esprit humain.

Quant à la septième voie, enfin, elle est unique en son genre; elle est le lieu du sacré par essence; c'est en elle que prend naissance le grand agent magique. Atteindre cette voie mène à la prophétie. Cette voie donne le moyen d’approcher le nom secret de Dieu et de s’en imprégner. Elle est transmise oralement et rituellement.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !