lundi 31 août 2015

La réincarnation d’après l’hindouisme : commentaire de "La Bhagavad-Gita telle qu'elle est"


La Bhagavad-Gita telle qu'elle est par  Sri Srimad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada


Pour que vous puissiez comprendre au mieux les commentaires détaillés de deux citations extraites de La Bhagavad-Gita telle qu’elle est sur le thème de la réincarnation (Chapitre II, 13 et Chapitre II, 22) proposés par l’acharya (instructeur spirituel) Sri Srimad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, je vais tenter de résumer brièvement ce livre sacré, véritable Evangile de l’hindouisme. La Bhagavad-Gita raconte l'histoire de Krishna, huitième avatar (incarnation) de Vishnou (identifié comme une manifestation du Brahman, l'Etre suprême) et d'Arjuna, un prince guerrier en proie au doute devant la bataille à laquelle il va participer, qui risque d'entraîner la mort de ses cousins, les Kaurava, ceux-ci se trouvant dans l'armée opposée.

Le récit est constitué du dialogue entre Krishna, qui a pris l'apparence du conducteur de char d'Arjuna, un cousin et ami de celui-ci, et du prince. Il enseigne que, même si tous les chemins diffèrent, leur but fondamental reste le même : atteindre le Brahman (la seule véritable Réalité dont la manifestation perçue par nous, Maya, n'est qu'une illusion) et échapper au cycle des renaissances à travers la réalisation du Soi (Atman).

Krishna instruit Arjuna sur un grand éventail de domaines, à commencer par celui, très important, qui résout le dilemme du guerrier, de la réincarnation, lui expliquant que les vies perdues dans la bataille ne le sont pas véritablement car les Atmans des plus nobles combattants renaîtront dans des corps nouveaux et valorisés dans l'échelle des êtres. Krishna continue ensuite d'exposer un grand nombre de sujets spirituels, parmi lesquels plusieurs yogas   ou chemins de dévotion — différents.

Cependant, à un niveau plus profond, la guerre est une métaphore des confusions, des doutes, des craintes et des conflits qui préoccupent toute personne à un moment ou un autre de sa vie. La Bhagavad-Gita s'adresse à ce bouillonnement en nous et enseigne les yogas qui permettent de l'apaiser, le Bhakti yoga, la voie de la dévotion du Dieu personnel, le Jnana yoga ou la voie de la connaissance, le Karma yoga ou voie de l'action juste. Selon Krishna, la racine de toutes les douleurs et de tous les troubles est l'agitation de l'esprit provoquée par le désir. La seule manière d'éteindre la flamme du désir, conclut Krishna, c'est de calmer le mental par une discipline des sens et de l'esprit.

Voici à présent deux citations déterminantes de La Bhagavad-Gita telle qu’elle est commentées par Sri Srimad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada sur le thème de la transmigration. A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada est un maître vaisnava (le nom des dévots de Vishnou, les vishnouites, est vaishnavas ; ils pratiquent la dévotion, bhakti, envers Vishnou comme dieu suprême à travers ses incarnations-avatars, les dieux Khrishna et Rama). Né à Calcutta en 1896 et mort à Vrindavan en 1977, A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada est le créateur de L'Association internationale pour la conscience de Khrishna (ISKCON). Il est considéré comme l'un des grands acharyas (instructeurs en matière religieuse, fondateurs de mouvements spirituels) modernes.

Chapitre II, 13
« Au moment de la mort, l’âme change de corps, tout comme elle est passée dans le précédent de l’enfance à la jeunesse, puis de la jeunesse à la vieillesse. Le sage n’est pas troublé par ce changement. »
Commentaire :
« Parce qu’il est une âme individuelle, l’être voit son corps changer à chaque instant, se manifestant tantôt sous la forme d’un enfant, tantôt sous celle d’un adolescent, d’un adulte ou d’un vieillard. L’âme spirituelle, elle, reste la même. Elle ne subit aucun changement. Et quand finalement la mort arrive, elle transmigre dans un autre corps. Donc puisque l’âme est assurée d’avoir un autre corps dans une vie prochaine, Arjuna n’a aucune raison de s’apitoyer sur la mort éventuelle de Bhisma ou de Drona. Il devrait se réjouir au contraire de les voir échanger leurs vieux corps contre un neuf et recouvrer ainsi l’énergie de leur jeunesse. Tout changement de corps nous apporte son lot de joies ou de souffrances, selon ce que furent nos actes passés. Bhisma et Droma, étant de nobles âmes, ne manqueront pas d’obtenir dans leur prochaine vie un corps qui leur permettra d’avoir sur les planètes édéniques des plaisirs supérieurs. Aussi, qu’ils aillent ici ou là après leur mort, il n’y a nulle raison de s’inquiéter sur leur destinée.
En qualité de dhira, de réfléchi, celui qui connaît parfaitement la nature de l’âme distincte et de l’Ame suprême et qui connaît également les natures matérielle et spirituelle n’est pas troublé par les changements de corps. L’Ame suprême est immuable. La Bhagavad-Gita dit que les parcelles de l’Ame Suprême, les âmes distinctes, existent de toute éternité et sont susceptibles de tomber sous le joug de la nature matérielle.
On pourrait appliquer à l’Ame suprême le principe de la réflexion : lorsque le ciel se reflète dans l’eau, l’image réfléchie est aussi bien celle du soleil et de la lune que celle des étoiles. Les étoiles sont semblables aux âmes distinctes et le soleil ou la lune à l’Ame Suprême. L’âme spirituelle infinitésimale est ici représentée par Arjuna et l’Ame Suprême par Krishna. »


Chapitre II, 22
« De même qu’on se défait d’un vêtement usé pour en revêtir un neuf, l’âme abandonne l’ancien corps devenu inutile pour en prendre un nouveau. »
Commentaire :
« C’est par la grâce de l’Ame Suprême que l’âme distincte est transférée d’un corps à un autre. Elle comble les souhaits de l’âme infinitésimale, tout comme on satisfait les désirs d’un ami. La Mundaka Upanishad (3.1.2) et La Svetasvatara Upanishad (4.7) comparent ces deux âmes à deux oiseaux liés d’amitié et perchés sur le même arbre. Alors que l’un d’eux (l’âme infinitésimale) goûte les fruits de l’arbre, l’autre (l’Ame Suprême) l’observe. Ces deux oiseaux sont de même nature, mais l’un est captivé par les fruits de l’arbre matériel, tandis que l’autre se contente d’observer les mouvements de son ami. Krishna est cet oiseau-témoin, Arjuna l’oiseau qui mange. Ce sont deux amis mais l’un est maître, l’autre serviteur. L’oubli de cette relation oblige l’âme infinitésimale (jiva) à voler d’arbre en arbre, c’est-à-dire de corps en corps. Le jiva est l’être vivant incarné, donc mortel. L'Atman (Soi) s’identifie à un corps et à une pensée. Devenu Ego, il se crée l’illusion d’une dualité et d’une causalité. Le jiva, perché sur l’arbre du corps, mène un dur combat pour vivre, mais dès qu’il reconnaît en l’autre oiseau le maître spirituel suprême, comme le fit Arjuna qui s’abandonna volontairement à Krishna pour recevoir ses instructions, il ne souffre plus. »


Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.


dimanche 30 août 2015

Compte rendu détaillé du livre « La réincarnation » d’André Couture (troisième partie) (modèle africain et modèle hindou)



Un autre exemple de livre très complet sur le sujet par Jean-Louis Siémons

Je présente aujourdh'hui les deux premières théories de réincarnations recensées par André Couture ; l'étude se fera dans un ordre presque chronologique, le modèle hindou étant sans doute le plus ancien  de tous :

1) Le modèle africain

On emploie le terme « réincarnation » pour désigner une série de croyances difficiles à définir avec précision existant dans certaines tribus d’Afrique noire. Pour elles, la mort devrait conduire l’être humain auprès de ses ancêtres. Il arrive cependant que l’on pense que la mort est d’abord suivie d’échanges réels ou symboliques avec un nouveau-né du même clan ou de la même famille. Il ne s’agit pas de transactions liées à la qualité des actions posées pendant la vie du défunt. Le processus peut se poursuivre pendant quelques existences et est suivi de la transformation du défunt en ancêtre. Voir à ce sujet un très bon article sur le culte des ancêtres en Afrique.

2) Le modèle hindou

Pour la religion hindouiste, il faut à tout prix se libérer de la renaissance continuelle dans un nouveau corps après chaque mort de l’individu. Tout acte (karman), dépendant d’un coefficient quelconque de passion (désir, colère, attachement), laisse des traces, positives ou négatives, qui s’emmagasinent dans le mental. Qui fait le bien renaît dans des corps d’êtres appelés à jouir pendant un certain temps de plaisirs même divins ; qui fait le mal se retrouve momentanément dans des corps d’êtres néfastes ou inférieurs. Mais au-delà du psychisme et de sa charge de mérites et de démérites, il y a présence d’un principe spirituel (atman, purusha), étincelle d’absolu immergée dans la matière, qui ne peut ni diminuer ni s’accroître par des actions mauvaises ou bonnes. D’après la tradition philosophique hindoue, les mérites ne s’accumulent pas dans l’atman, mais bien dans le mental qui appartient au niveau subtil du vivant. C’est parce qu’il est alourdi de traces inconscientes ou de constructions psychiques diverses suscitées par le désir que l’être vivant est voué à transmigrer éternellement dans de nouvelles matrices. Ce monde du samsara est comparé à une jungle, à un océan ou encore à la roue de la noria. C’est un monde d’errance indéfinie qu’il faudra définitivement quitter pour accéder à la libération. La liberté spirituelle n’est pas donnée à l’avance : elle se conquiert grâce à des disciplines (yogas) qui varient selon les maîtres spirituels.

La plupart des spécialistes pensent que la première idée de la transmigration vient de l’Inde. On y trouve dès le VIII ème siècle avant Jésus-Christ une conception de la pluralité des existences liée à une théorie de l’action (karman) et du désir qui pousse à agir dans le texte intitulé Brihadaranyaka Upanishad d’un des quatre Vedas, le Yajur-Veda blanc. Il y est question de l’enseignement que le saint Yajnavalkya y dispense à sa femme Maitreyi au sujet du Soi. L’œuvre explique l’identité totale du Brahman (l’Absolu immuable et éternel, la Réalité suprême et non dualiste) et de l’Atman (le Soi). Cette conception sera celle du « Vedanta », un des six systèmes (Darshanas) de l’hindouisme. En voici un extrait : « Celui qui s’attache à un but va avec l’acte (karman) qu’il pose au but auquel son esprit s’est attaché. Quand il est arrivé au terme de son acte (karman), quoiqu’il ait pu faire ici-bas, de ce monde qu’il a atteint, il revient à ce monde-ci pour continuer à agir. » Ce texte s’accompagne toujours d’un commentaire du philosophe Shankara (788-820). Celui-ci enseigne que la réalité immuable est recouverte dans la pensée par la vision d’un monde sensible fait d’illusion, (en sanskrit namarupa ou maya ) composé de noms et de formes et en perpétuelle mutation. L’exemple le plus connu cité par Shankara est celui du cordage que l’on prend pour un serpent dans l’obscurité. L’homme dans son ignorance passe son temps à superposer au cordage (Brahman) l’image du serpent (le monde sensible). La peur, les battements de cœur sont déclenchées par ce serpent qui n’a jamais existé et ne mourra jamais puisqu’il ne vit que dans notre imagination.

Un autre texte, La Bhagavad-Gita (Chant du Bienheureux), sixième livre de l’épopée Le Mahabharata, rédigée entre le V ème siècle avant J.-C. et le II ème siècle de notre ère, considéré comme l’Evangile des Hindous, explique d’une manière déterminante certains points sur la réincarnation. Une de ses idées dont je vous ai déjà parlé est que la cause des renaissances est l’attachement aux actes, bons ou mauvais.

Nous verrons dans un prochain article deux citations du Bhagavad-Gita commentées par Sri Srimad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada sur la transmigration (chapitres II, 22 et II 13) et par la suite d’autres textes comme Les lois de Manu et Le Markandeya-Purana.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.

samedi 29 août 2015

Compte rendu détaillé du livre « La réincarnation » d’André Couture : terminologie et aperçu des différentes théories (deuxième partie)


Une anthologie de textes sur la réincarnation très complète et complémentaire de l'ouvrage d'André Couture

La difficulté d’un livre sur la réincarnation (exactement comme celle d’une étude sur le bouddhisme) est d’en donner une définition unique. Au fil des siècles, depuis 3000 ans, les hommes, selon leur pays, leur vécu, ont développé diverses doctrines sur le sujet parfois très ressemblantes, parfois presque contradictoires. Il vaudrait donc peut-être mieux appeler le livre d’André Couture Les théories de la réincarnation.

Mais, en premier lieu, essayons de préciser plus finement la terminologie. On ne connaît pas la date exacte d’apparition du mot « réincarnation » dans la langue française. Les spécialistes tendent à penser qu’il a été inventé vers 1860 par le pape du spiritisme, Allan Kardec, afin de désigner le fait pour l’âme de renaître de multiples fois dans des corps différents. Cette théorie est liée à la notion d’évolution psychique de l’homme et bannit toute idée de régression dans des corps réputés inférieurs (comme ceux des animaux ou même des plantes). La « métempsycose » (ou « transmigration ») qui correspond plus aux diverses croyances de l’Antiquité, terme d’origine grecque attesté déjà chez Diodore de Sicile (Ier siècle avant Jésus-Christ), est en revanche une conception de la renaissance des âmes ouverte à la régression dans les animaux et les plantes. On parle enfin de « métensomatose » pour la réincarnation des bouddhistes qui nient l’existence de l’âme. Une notion très intéressante également est celle de « palingénésie ». Elle signifie en grec « renaissance » et n’est plus beaucoup utilisée actuellement, mais peut servir dans deux cas :1) dans le but de parler de la renaissance de l’âme dans d’autres corps selon la théorie du philosophe grec Platon, 2) pour évoquer un concept stoïcien quelque peu en relation avec ces différentes croyances, la régénération périodique du monde.

Après avoir défini les termes, tentons de faire un état des lieux des différentes doctrines sur le sujet. La plus grande qualité du livre d’André Couture, à mon avis, est son étonnante capacité à recenser un maximum de théories sur la réincarnation (à la fois de peuples, de groupes et d’individus), sans toutefois atteindre une exhaustivité impossible sur ce thème, à les résumer d’une façon que je trouve objective et à les comparer avec bienveillance.

Voici un début de liste que l’on peut proposer des diverses approches du problème de la réincarnation :
1) Le modèle africain
2) Le modèle hindou
3) Le modèle bouddhique
4) Le modèle grec de Pythagore (influencé par Phérécyde de Syros) : un de ses continuateurs sera Apollonius de Tyane
5) Le modèle grec de Platon (ses disciples seront les trois néo-platoniciens : Plotin, Jamblique et Porphyre)
6) Le modèle latin : Ovide, Virgile, Cicéron
7) Le modèle des Evangiles
8) Le modèle des Esséniens
9) Le modèle des gnostiques de l’Antiquité
10) Le modèle d’Origène
11) Le modèle du philosophe de la Renaissance, Marsile Ficin
12) Le modèle spirite
13) Le modèle théosophique
14) Le modèle de Papus
15) Le modèle de l’hypnose (Albert de Rochas, Les vies successives, 1911)
16) Le modèle de Harvey Spencer Lewis (Amorc, Rose-Croix)
17) Le modèle du psychiatre Carl Jung
18) Le modèle du médium Edgar Cayce (selon Gina Cerminara et Dorothée Koechlin de Bizemont)
19) Le modèle du psychiatre James Redfield
20) Le modèle du psychiatre Ian Stevenson
21) Le modèle du psychiatre Brian Weiss
22) Le modèle du physicien Patrick Drouot

Le propos des prochains articles de ce blog sera de décrire avec le plus de détails possibles ces différentes croyances sur la réincarnation.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.

jeudi 27 août 2015

Compte rendu détaillé du livre « La réincarnation » d’André Couture, collection Bref des éditions du cerf, 2000. (première partie)


 Un des meilleurs livres actuels sur la réincarnation


Après avoir écrit les deux articles précédents sur « Christianisme et réincarnation », j’ai ressenti un grand besoin de rédiger à la fois un éclaircissement et une synthèse historique et thématique sur la notion de réincarnation. Mon désir est vraiment que chacun puisse adhérer à une petite partie de ce qui n’est certes qu’une croyance mais qui, à notre époque, mais aussi dans des temps reculés, a servi à l’homme à vivre, à penser, à endurer sa destinée, qui est, quoi que l’on fasse, quelle que soit la théorie de l’existence que l’on a élaborée ou empruntée, de connaître la mort.

Comme souvent dans ce genre de problème, sans le savoir, j’avais déjà une partie de la solution entre les mains. Cette solution, c’est ce petit ouvrage dont je vous ai déjà parlé La réincarnation d’André Couture aux éditions du Cerf. En procédant à un compte rendu très détaillé de cette étude, presque un résumé, j’espère pouvoir atteindre deux de mes buts principaux : donner le maximum d’informations possibles historiques et contemporaines et présenter le thème de la façon la plus objective réalisable, en développant les thèses des différents réincarnationnistes et celles de leurs adversaires. Mais alors pourquoi choisir précisément ce livre quand il en existe des centaines sur la réincarnation ? J’ai pour le préférer parmi d'autres quatre motifs très différents et complémentaires.

1) Peut-être en premier lieu l’argument d’autorité (qui est quand même garant d’une très forte connaissance des textes et de l’habitude de leur interprétation) ! André Couture est diplômé de l’école pratique des hautes études, section des sciences religieuses. Il est spécialiste des religions de l’Inde (on est en plein dans le sujet !) et professeur de l’histoire des religions à l’Université Laval (Québec).

2) L’auteur de cette étude, outre ses qualifications, est aussi un vrai passionné de la question, pas seulement un enseignant. Il a écrit quand même cinq livres sur le sujet, ce qui est énorme, participé à de nombreux ouvrages collectifs, rédigé des articles dans des revues spécialisées, etc.

a) 1980 : Précis sur la réincarnation, Québec, Ed. Saint-Yves, 82 p.
b) 1992 : en collaboration avec Marcelle Saindon, La réincarnation : théorie, science ou croyances. Étude de 45 livres qui plaident en faveur de la réincarnation, Montréal, Les Éditions Paulines, 375 p.
c) 1992 : La réincarnation, Ottawa, Novalis (coll. « L’horizon du croyant »), 181 p.
d) 2000 : La réincarnation, Paris, Cerf (coll. Bref), mai 2000, 125 p.
e) 2000 : La réincarnation au-delà des idées reçues, Paris, Éditions de l’Atelier, 176 p. [édition révisée de La réincarnation, Ottawa, Novalis, 1992].
f) 2005 : en collaboration avec Marcelle Saindon. La réincarnationEditions Paulines Mediaspaul. 375 p.

3) André Couture est également très étonnant par son ouverture d’esprit. Il ne s’intéresse pas seulement aux canons officiels du bouddhisme, de l’hindouisme ou de la réincarnation, mais il s’est penché avec curiosité sur le cas d’un écrivain menteur et délirant, le faux moine bouddhiste T. Lobsang Rampa. En conséquence, il a accepté que Karl-Stéphan Bouthillette, un étudiant de la Faculté des études supérieures de l’Université Laval, présente un mémoire pour l’obtention du grade de Maître ès arts dans le cadre du programme de maîtrise en Sciences des religions intitulé Relire T. Lobsang Rampa, analyse d’un mythe moderne .

4) Le dernier point à souligner, lui aussi tout à fait remarquable, est la largeur de vues des éditions du Cerf, éditions catholiques qui ont publié avec une incroyable ouverture d’esprit un livre sur un sujet qui déplaît à beaucoup de chrétiens, et qui ont peut-être ainsi permis de réaliser enfin une étude à peu près objective et complète sur le sujet très controversé de la réincarnation ou des réincarnations.

Donc demain, je débute le compte rendu détaillé. En attendant, je vous conseille, si vous en avez le temps, d’aller voir le site de l’auteur qui est passionnant.

Voilà. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.

mercredi 26 août 2015

Christianisme et réincarnation (deuxième partie)


Jean-Claude Cardot, un professeur de philosophie qui avait concilié dans sa vie la foi chrétienne et la foi bouddhiste ( à voir son magnifique blog).

Voici deux  autres récits des Evangiles qui viennent, à mon avis, encore corroborer l’idée que Jésus et ses compatriotes croyaient à la réincarnation.

3) Le summum se trouve donc dans l’exemple 3 où une théorie du karma tout à fait hindouiste est développée dans l’Evangile selon Saint Jean, chapitre 9, versets 1 et suivants :
 « En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. »
Incroyable, ceux qui entouraient Jésus croyaient au karma !

4) Un dernier exemple pour bien enfoncer le clou. Dans l’Evangile selon Saint Matthieu, chapitre 11, versets 7 et suivants, Jésus révèle au peuple que Jean-Baptiste est en fait le prophète Elie réincarné !
 « Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau secoué par le vent ? Non ! Alors, qu’êtes- vous allés voir ? Un homme habillé de vêtements élégants ? Certainement pas ! Ceux qui ont de beaux vêtements habitent dans les palais des rois. Alors quoi ? Un prophète ? Oui, vous-dis-je, et même plus qu’un prophète ! En effet, Jean-Baptiste est celui que les Livres Saints ont annoncé quand Dieu dit : “Moi, je vais envoyer mon messager devant toi. Il préparera le chemin pour toi.” Et Jésus poursuit son discours sur Jean-Baptiste en disant : « Et si vous voulez l’entendre, c’est lui l’Elie qui doit venir. Ecoutez bien, si vous avez des oreilles. »

Bien entendu, les chrétiens ne se laissent pas faire sur cette question de la réincarnation dans les Evangiles et ne veulent même pas prendre en considération ces citations. J’ai lu leurs réponses et elles me semblent très faibles, inacceptables pour un esprit critique. Je vous donne l’adresse d’un site orthodoxe qui tente d’argumenter sur le sujet mais qui rame un peu, comme on dit maintenant.

Il arrive finalement quelque chose d’absurde comme dans beaucoup de controverses religieuses, personne ne s’écoute et le sujet ne progresse pas. La situation est très bien décrite par André Couture dans un de ses excellents livres sur cette difficile question, La Réincarnation, dans la collection Bref des éditions du Cerf (un éditeur catholique !!!). Il explique que le marché de la réincarnation se partage entre deux types de librairies et il faut fréquenter les deux pour pouvoir enfin être objectif. « Les librairies d’ésotérisme et même les librairies populaires - attirées par les nouvelles idées - ne sont portées à garder que ce qui favorise l’option réincarnationniste. A l’opposé, les librairies chrétiennes renoncent souvent aux ouvrages qui se prononcent en faveur de la réincarnation. Il s’ensuit une certaine polarisation entre des catégories de livres et de lieux de distribution. D’un côté, on défend la réincarnation comme s’il s’agissait d’une vérité première ; de l’autre figurent des travaux apologétiques qui visent à caricaturer l’adepte de la réincarnation et à le déclarer incapable d’une pensée claire et précise. Cette situation en couloirs séparés fait qu’on assiste à un débat de sourds. On trouve deux catégories de livres qui ne se vendent pas aux mêmes librairies, deux catégories de lecteurs qui ne lisent finalement que ce qui les renforce dans leur propre conviction. »


Voilà. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.

Christianisme et réincarnation (première partie)


André Couture, un universitaire reconnu qui travaille sur la réincarnation




J’ai toujours été intéressé par la comparaison entre les religions, sans doute un souvenir du temps de mon enfance où je lisais avec passion la collection « Contes et légendes » de Fernand Nathan ! Comme je vous l’ai dit précédemment, j’ai adoré les livres de Frédéric Lenoir et Odon Vallet, respectivement Socrate, Jésus, Bouddha et Jésus et Bouddha. Pour couronner le tout, je suis allé par curiosité à la conférence d’un astrologue indien Stephen Quong  (Umananda) le dimanche 17 mai : « Astrologie védique et réincarnation ». Je suis passionné en général par la philosophie orientale mais je pensais en sortir totalement indemne de toute nouvelle idée : l’astrologie m’a toujours un peu rebuté, l’hindouisme n’était connu de moi que par le biais du bouddhisme (c’est-à-dire peu) et je n’avais jamais vraiment cogité sur les rapports entre le christianisme et la réincarnation. Eh bien, je ne sais pas si Stephen Quong m’a hypnotisé, je ne sais pas comment il a procédé, mais j’ai changé d’avis sur les trois sujets dans la même soirée.

Aujourd’hui, je vais seulement parler de la notion de réincarnation, telle qu’on peut la voir dans les Evangiles, si l’on y est quelque peu attentif. Et ce n’est pas un seul passage que je citerai, ce qui pourrait passer pour un caprice du hasard, une inattention, mais quatre (là on peut vraiment se poser des questions !). Comme d'habitude, pour des raisons de confort sur Internet, je diviserai cet article en deux parties.

Stephen Quong explique au début de sa conférence que, jusqu’au sixième siècle après Jésus-Christ, jusqu’au concile de Constantinople, un des dogmes des Chrétiens était la réincarnation. Les prêtres ont alors eu peur parce qu’ils ont pensé que les gens prendraient plusieurs vies pour se convertir et s’améliorer.

1) Le premier passage qui me paraît criant d’évidence est celui dit de l’entretien avec Nicodème dans l’Evangile selon Saint Jean, chapitre trois, verset 1 et suivants :
« Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : « Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui. Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. »
Nicodème lui dit : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? »
Jésus répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit.
Ne t’étonne pas que je t’aie dit : « Il faut que vous naissiez de nouveau. »
Le vent souffle ou il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va.
Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’esprit. »
Nicodème lui dit : « Comment cela peut-il se faire ? »
Jésus lui répondit : « Tu es le docteur d’Israël, et tu ne sais pas ses choses ! En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; et vous ne recevez pas notre témoignage.»

2) Encore un exemple que je trouve particulièrement frappant dans l’Evangile selon saint Matthieu, chapitre 16, versets 13 à 19, (La foule prend Jésus pour un prophète ressuscité, Elie, Jérémie, Jean le Baptiste ou d’autres) :
« Jésus arrive dans la région de Césarée-de-Philippe, et demande à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils lui répondent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demande : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prend la parole : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Jésus lui répond : « Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : c’est mon Père qui est aux cieux qui te l’a révélé. Et moi, je te le déclare : tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux.»


Voilà. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Dans la deuxième partie, je citerai principalement l’anecdote de l’aveugle-né mais aussi je développerai d’autres remarques inspirées pour beaucoup par Frédéric Lenoir. Amicales salutations.

lundi 24 août 2015

Le discours du Bouddha aux Kalamas, extrait d'un grand texte philosophique



La fleur de lotus, symbole du bouddhisme




Chers amis,

J'effectue une petite pause dans mon étude du livre de Benoit Stevens sur la communauté bouddhiste Triratna pour vous présenter un texte bouddhiste qui résume de manière adéquate mes opinions sur différents domaines privés et sociétaux. Pour moi, ce texte est le plus beau, le plus simple, le plus direct des innombrables écrits bouddhistes. Je le trouve, bien qu’écrit il y a plus de 2000 ans, d’une incroyable modernité. 

Extrait du Discours de Bouddha aux Kalamas (Anguttara Nikaya III, 65 dans Sutta Pitaka)

« [Les Kalamas] s’étant assis à l’écart sur un côté s’adressèrent au Bouddha et dirent : « Vénérable Gotama, il y a des contemplatifs et des prêtres qui arrivent à Kesaputta. Ils exposent et exaltent leurs propres doctrines, mais ils condamnent et méprisent les doctrines des autres. Puis d’autres contemplatifs et d’autres prêtres arrivent ensuite à Kesaputta. Eux aussi exposent et exaltent leur propre doctrine, et ils méprisent, critiquent et vilipendent les doctrines des autres. Vénérable, il y a des doutes, il y a une perplexité chez nous à propos de ces diverses opinions religieuses. Parmi ces contemplatifs et ces prêtres, qui dit la vérité et qui dit des mensonges ?

Le Bouddha s’adressa aux Kalamas et dit : « Il est normal, Kalamas, que vous ayez des doutes et que vous soyez dans la perplexité, car le doute est né chez vous avec raison.

« Kalamas, ne vous laissez pas guider par ce que vous avez entendu dire, ni par les traditions. Ne vous laissez pas guider par l’autorité des textes religieux, ni par la simple logique ou les allégations, ni par les apparences, ni par la spéculation sur des opinions, ni par des vraisemblances probables, ni par la pensée : « Ce religieux est notre maître spirituel ». »

« Cependant, lorsque vous savez par vous-mêmes que certaines choses ne sont pas justes, qu’elles sont blâmables, condamnées par les sages et que, lorsqu’on les met en pratique, elles conduisent au mal et au malheur, abandonnez-les ! »


Voilà. Pour moi, l’essentiel est dit. La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries américaines contemporaines. Amicales salutations.

lundi 3 août 2015

Compte rendu du livre "La communauté bouddhiste Triratna, un bouddhisme occidental" de Bernard Stevens (première partie)


Une étude très intéressante de Bernard Stevens sur la communauté bouddhiste Triratna



Arrivé à ce point du blog, je me suis posé la question de l’opportunité de le continuer. Des amies/amis très sympathiques m’ont envoyé des messages d’encouragement qui m’ont poussé à persévérer et je les en remercie chaleureusement.

Cependant, j’ai toujours en moi ces questions fondamentales : est-ce que je suis la personne bien placée pour parler du thème du bouddhisme ? Est-ce que ce que j’écris sert à quelque chose ? Est-ce que j’écris est clair et profitable pour ceux qui me lisent ? Un ami du centre bouddhiste Triratna m’a justement sur ce thème raconté une anecdote éclairante : « La jungle est en feu. Tous les animaux s’enfuient et un guépard en s’enfuyant aperçoit un petit colibri, le bec rempli d’eau, qui retourne vers la jungle. Il lui dit : Mais que fais-tu donc ? Le petit colibri répond : « Je fais ma part. C’est tout. » »
Comme le petit colibri, je vais essayer de faire ma part, du mieux que je peux.

Poursuivant dans ce qui a été mon expérience du bouddhisme, je désirerais vous parler d’un livre que je trouve très intéressant sur la communauté bouddhiste Triratna, communauté qui m’a personnellement beaucoup apporté. Cette étude a été écrite par Bernard Stevens, un philosophe et traducteur belge, qui ne fait pas partie de l’Ordre (ceux qui s’engagent comme moines ou nonnes) mais est un simple sympathisant ; cet essai s’appelle La communauté bouddhiste Triratna : un bouddhisme occidental. Le livre est composé de trois parties : 1) La vie de Sangharakshita, 2) L’enseignement, 3) Un nouvel ordre bouddhiste, avec d’abord une forte introduction. Dans celle-ci, Bernard Stevens explique que la Communauté bouddhiste Triratna (son premier nom est Ordre bouddhiste occidental) a été fondée en 1967 par Sangharakshita – un moine anglais (Dennis Lingwood) qui a été ordonné en Inde selon le rite Theravada (petit véhicule) avant de connaître plusieurs initiations dans la tradition Vajrayana (tibétaine). Comme il n’était véritablement lié à aucune des écoles bouddhistes traditionnelles, il a pu non seulement revenir aux racines du bouddhisme, les discours du bouddha, mais aussi emprunter à chaque école des éléments pour adapter le bouddhisme à notre monde occidental.

Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. Rappelez-vous que je ne vous parle que de « ma » conception du bouddhisme. Ce que je propose n’est que des informations à prendre ou à laisser. A vous, si vous le désirez, de vous faire votre propre bouddhisme.


La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou les séries américaines actuelles. Amicales salutations !