La Vacuité
Trois autres paragraphes du sutra du cœur m’ont
particulièrement impressionné cette fois sur le thème de la vacuité (ou vide). Si
voulez voir le commentaire des autres paragraphes, allez ici et aussi ici. Si vous
désirez lire le sutra en entier, reportez-vous à ce lien.
Voici les paragraphes :
« Ici donc,
La forme n’est rien
d’autre que la vacuité,
La vacuité n’est rien
d’autre que la forme.
La forme n’est que
vacuité,
La vacuité n’est que
forme.
Ainsi, dans le vide,
il n’y a ni forme,
Ni sensation,
perception ou choix,
Ni non plus de
conscience.
Il n’y a pas non plus de douleur, ni cause de la
douleur,
Ni cessation de la douleur,
Ni noble chemin menant hors de la douleur ;
Ni même sagesse à atteindre !
L’atteinte aussi est vacuité. »
La vacuité est un des
concepts centraux du bouddhisme. Il enseigne que toutes les choses sont vides,
impermanentes, impersonnelles et pénibles. Dans le Hinayana (petit véhicule), l’idée
de vacuité s’appliquait uniquement à la « personne » ; le
Mahayana l’étendit à toutes les choses, impersonnelles et dépourvues de nature
du Soi. Les phénomènes, les manifestations de la réalité en général, sont
dénués de substance durable et autonome ; ils n’existent pas en dehors de
la vacuité. C’est Sunyata (la vacuité) qui porte et pénètre tous les phénomènes.
Cette conception du
vide de toute existence ne doit toutefois pas laisser croire à une attitude de
simple nihilisme. Elle ne signifie pas que les choses n’existent pas, mais
seulement qu’elles ne sont rien d’autre que des apparences. Sunyata est fréquemment
assimilé à l’absolu par le Mahayana, car le vide est exempt de toute dualité et
de toute forme empirique. Il existe une métaphore pour illustrer la différence
qui sépare la vision hinayaniste de la conception mahayaniste : dans le
Hinayana, les choses ressemblent à des tonneaux vides ; le Mahayana pour
sa part nie jusqu’à l’existence des tonneaux, ce qui l’amène à une notion d’insubstantialité
totale.
Voilà. C’est
tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro.