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Zazen : za : « être assis », zen
[en] «méditation ». Pratique méditative enseignée par le zen comme la voie la
plus directe pour parvenir à l'Illumination (Kenshô, Satori). Le Zazen n'est
toutefois pas tout à fait une méditation au sens habituel du terme, supposant,
au moins dans un premier temps, de fixer son esprit sur un « objet de
méditation » (par exemple un mandala ou la représentation iconographique d'un
bodhisattva), ou de concentrer sa réflexion sur une qualité abstraite (comme le
caractère éphémère des choses ou la compassion). Le but du Zazen est de libérer
l'esprit du carcan des idées, des images, des visions et des objets, si sacrés
et sublimes soient-ils.
Les aides à l'exercice du Zazen que sont
par exemple les kôan ne constituent pas de véritables objets de méditation, car
ils reposent par essence sur le paradoxe, c'est-à-dire, comme l'indique la
traduction littérale du mot grec, ce qui se trouve « au-delà (grec : para) de
la pensée (grec : dokein) », « au-delà du concevable ».
Dans sa forme la plus pure, le Zazen
permet de demeurer dans un état qui ne se fixe sur aucun objet et ne s'attache
à aucun contenu (Shikantaza). Pratiqué pendant une assez longue période avec
persévérance et don total de soi, le Zazen transporte l'esprit de l'homme «
assis » dans un état de lucidité nue et parfaite qui, par une brusque
révélation, peut permettre d'accéder à l'Illumination de sa Vraie Nature ou
nature de bouddha (Busshô), identique à l'essence de l'univers dans son entier.
Comme l'indique la particule « zen » ou
« recueillement », le Zazen ou « recueillement assis » constitue l'alpha et
l'oméga du zen. Pas de zen sans Zazen. Les kôan, comme celui où un grand maître
du zen indique à ses élèves que « ce n'est pas en restant assis (Zazen) que
l'on devient un bouddha », donnèrent parfois lieu à des interprétations
erronées. Ces maitres ne voulaient pas dire qu'ils considéraient la pratique du
Zazen comme inutile puisque tout homme est depuis toujours un bouddha. L'idée,
essentielle pour le bouddhisme et le zen, que toute créature possède dès
l'origine une nature de bouddha n'empêche pas le zen d'opérer une distinction
très nette entre celui qui se contente de croire par un acte de foi à la vérité
du dogme et celui qui en a fait lui-même l'expérience immédiate, dans son sens
le plus profond. C'est cette expérience que l'on appelle « éveil »
(Illumination) et à laquelle l'exercice du Zazen permet d'aboutir.
Comme le démontra le premier patriarche
du ch'an (Bodhidharma) en restant neuf ans assis en pleine méditation au
monastère de Shao-lin, le Zazen est bien la pratique centrale du zen. Tous les
maîtres du zen le célèbrent, à l'image de Dôgen, comme le « passage qui permet
de parvenir à la Délivrance parfaite ». Dans son Zazen-wasan, l'« Hymne au Zazen », le grand maître du zen Hakuin
Zenji chante :
« Le Zazen tel que l'enseigne le Mahâyâna
:
Aucune louange ne saurait en épuiser les
mérites.
Les six Pâramitâ, la pratique de
l'aumône, le respect des commandements,
toutes les bonnes actions énumérées en divers
lieux,
Tout vient du Zazen.
Les mérites d'un seul Zazen suffisent à
effacer
Les fautes innombrables accumulées dans
le passé. »
La suite donc sur le
bouddhisme zen au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du
dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.
Amicales salutations.