dimanche 3 juin 2018

Vingt notions de base en Gestalt-thérapie (douzième partie) (Implication émotionnelle et corporelle).




Une conférence sur la Gestalt-thérapie.

Des amis m’ont dit que certains concepts de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son livre « La Gestalt, l’art du contact »

Cet article est la suite de celui-ci. 

Concept 17 : Implication émotionnelle et corporelle.

Ce jeu des polarités complémentaires peut être symbolisé par la coopération des hémisphères de notre cerveau. Nous savons aujourd'hui que, contrairement à une idée encore très répandue, le cerveau gauche, analytique, rationnel et verbal, n'est pas « dominant » (bien que ce soit lui qui « prenne la parole ») mais qu'il est sous le contrôle du cerveau droit, synthétique, émotionnel, imaginaire et non verbal. Perls l'avait pressenti lorsqu'il nous exhortait à la révolution : « Lose your head, come to your senses !» (« Quittez votre tête, rejoignez vos sens »).

Nous savons aussi que cet hémisphère droit, sensible, n'est pas «féminin », comme on l'a longtemps cru, mais justement masculin (lié à la testostérone).

Les Gestaltistes contemporains ne suivent plus Perls dans certains excès réactionnels liés à son époque : échapper à « l'hémiplégie » prônée par notre culture (qui censure et atrophie notre hémisphère droit), n'implique pas pour autant de «perdre la tête» ou d'éviter toute réflexion théorique, mais bien au contraire d'unir la tête au cœur et au corps. Nos deux cerveaux sont complémentaires, comme le sont la raison et l'émotion, et ce n'est pas un mérite négligeable de la Gestalt que d'avoir réhabilité la dignité de l'intuition, qui avait été momentanément éclipsée de l'avant-scène par la percée foudroyante du scientisme du siècle passé. Tête sans corps ou corps sans tête, est-ce bien là le choix qui nous est proposé ?

Laura Perls, psychothérapeute musicienne et danseuse, soulignait sans cesse que « le travail corporel fait partie intégrante de la Gestalt ». Elle ne craignait pas le contact physique, touchait volontiers ses clients et les laissait la toucher.

Aujourd'hui, les praticiens sont partagés — selon leur personnalité, leurs options philosophiques et techniques, et leur formation initiale. Certains se cantonnent à des échanges verbaux, se contentant d'évoquer en paroles les réactions corporelles du client ; tandis que d'autres, dans une mouvance « néo-reichienne » (disciples de Wilhelm Reich), accompagnent leur client, l'incitant par moments à mobiliser son corps, à incarner son émotion, voire à expérimenter le contact — tendre ou agressif — dans un «corps à corps thérapeutique », considérant que ce type d'interaction mobilise les couches limbiques profondes du cerveau, réveille des associations archaïques et favorise la réorganisation d'images mentales et de représentations cognitives et affectives. La pensée n'est plus, en effet, considérée comme séparée des émotions, pas plus que du corps.

Le débat reste ouvert sur les avantages et les limites de l'implication corporelle du client et du thérapeute. Le travail corporel est plus facile à gérer en situation de groupe qu'en relation duelle — où il peut facilement devenir ambigu. Les contacts physiques sont donc rares et limités en thérapie individuelle, exceptionnels au début, n'intervenant éventuellement, par la suite, qu'en fonction de l'évolution de la cure et avec certains clients seulement. Il va de soi que le thérapeute doit être sûr de pouvoir contrôler sa propre implication et la limiter strictement à ce qui peut profiter à son client, la soi-disante « authenticité » des réactions ne devant pas servir de prétexte à la satisfaction de besoins personnels, érotiques ou agressifs. Tout travail thérapeutique à implication corporelle n'est acceptable que s'il respecte un cadre déontologique rigoureux, sous peine de dérapages préjudiciables, tant à la thérapie du client qu'à l'image sociale du thérapeute, et à celle de la Gestalt tout entière.

Sur ce point encore, les Gestaltistes français d'aujourd’hui se démarquent nettement de certaines pratiques californiennes des années 60 — où le cadre et les limites n'étaient pas toujours explicitement posés


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Compte rendu du livre « Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant » de Christel Petitcollin (partie 3, « Bien vivre avec sa surefficience », chapitre 4, « Optimiser le fonctionnement de son cerveau ») (douzième partie, Un modèle en créativité, Walt Disney).


  
Walt Disney


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant »  de Christel Petitcollin. L’auteur y décrit ce qu’elle appelle les surefficients, les gens qui pensent trop et qui ont une pensée complexe arborescente. Cela les différencie de tout un chacun, de ceux que l’auteur appelle les neurotypiques ou normo-pensants. Les surefficients souvent ne se sentent pas reconnus par la société et vivent de graves crises identitaires. D’une manière générale, ils sont idéalistes, ont à la fois un besoin de connexion, de complexité, de cohérence et de sens. Leur problème principal est qu’ils peuvent avoir des relations difficiles avec les autres.

Cet article est la suite de celui-ci. 

Le quatrième chapitre de la partie 3 « Bien vivre sa surefficience » s’intitule « Optimiser le fonctionnement de son cerveau ». En voici le résumé.

Un modèle en créativité : Walt Disney.

Pour retrouver votre créativité, il faut avant tout faire taire votre démoralisateur intérieur et développer la capacité d'explorer tranquillement vos rêves jusqu'à ce qu'ils puissent se transformer en projets. Le plus performant en la matière fut Walt Disney. Sa stratégie de créativité a été étudiée et modélisée comme étant une des plus performantes du genre. D'après Walt Disney, pour être efficace, la créativité doit comporter trois stades :

1)         le rêve pur sans aucune censure,

2)         le projet plus concret et réaliste,

3)         la critique CONSTRUCTIVE. C'est-à-dire que les objections doivent non seulement arriver le plus tard possible mais doivent en plus servir à peaufiner le projet et non à le démonter.

Il nous propose donc de faire appel à trois personnages en nous :

Le rêveur : Le rêveur a une pose détendue, les yeux au plafond. Dans cette phase de créativité, on postule qu'une bonne fée ou un ange gardien se tient à ses côtés et aplanit toutes les difficultés qui pourraient surgir. Aucun souci de diplôme, d'argent ou de faisabilité puisque la fée ou l’ange veille. Seule consigne : que le rêve soit agréable à rêver. Lorsque le rêveur a longuement rêvé, il transmet son rêve au réaliste.

Le réaliste : Le réaliste a une pause plus campée. Pieds bien à plat sur le sol, solidement assis, le dos droit, les yeux vers le bas à droite. Son rôle consiste à transposer le rêve dans un vécu quotidien et à le ressentir dans son corps. La bonne fée ou l’ange est toujours là pour aplanir toutes les difficultés. La sensation de vécu réaliste doit être aussi plaisante que le rêve quoiqu’éventuellement plus fatigante ou plus routinière. Dans le cas contraire, il faut recommencer à rêver en tenant compte du vécu du réaliste pour effectuer les ajustements. Lorsque le réaliste a donné son aval au projet, on convoque enfin et seulement le critique intérieur, qu'il va falloir rééduquer au début.

Le critique constructif : dans cette dernière phase de créativité, la bonne fée ou l’ange a disparu. Enfin, les objections peuvent apparaître. Notre critique est assis, menton dans la main et le regard orienté vers le bas à gauche. Mais la consigne est stricte : sa critique doit servir à rendre le projet concrétisable et ne doit en aucun cas le démolir. C'est la phase la plus délicate de la création. La question de base est : « Comment peut-on rendre ce projet réalisable ? » Les critiques constructives seront ensuite transmises au rêveur pour qu'il leur trouve des solutions créatives si besoin est. Etc. C'est ainsi que les rêves peuvent prendre forme dans la réalité. Merci Mickey !

Ce critique intérieur est le cousin du démoralisateur qui existe certainement en vous. Lorsque vous l'aurez rééduqué à attendre son tour et à être constructif avec vos idées, la partie sera gagnée. Vos idées, vos projets, votre capacité à résoudre les problèmes seront décuplés.

Pour vous aider, méditez ces deux phrases de Marcel Pagnol : «Tout le monde savait que c'était impossible. Il est arrivé un jour un imbécile qui ne le savait pas et qui l'a fait. »

  
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.