Posture de Yoga et méditation
Chers amis,
J’ai choisi de parler dans cet article d’une des voies du Noble
Sentier Octuple bouddhiste, la concentration juste (ou méditation). N’oublions pas que
c’est ainsi, en méditant, que le Bouddha a atteint l’Eveil sous un figuier. Je
détaillerai les deux méditations que l’on nous propose alternativement chaque
mercredi aux soirées Sangha du Centre Bouddhiste Triratna de Paris : la concentration sur le souffle ou le
Metta-bhavana, méditation de la compassion.
Cependant, je suis persuadé
qu’une bonne méditation ne peut pas se réaliser si notre corps est crispé,
encore tendu par les soucis quotidiens. Souvenons-nous des huit étapes du
Raja-Yoga : avant d’atteindre Dhyâna, la méditation, la septième étape, il
faut passer par les étapes d’Asana, la posture, de Pranayama, la discipline du
souffle, qui se pratiquent toutes deux dans le Yoga, et de Dharana, la
concentration que vous pouvez étudier par vous-même. Tara Michaël explique ces
techniques d’une façon lumineuse dans son livre Clefs pour le Yoga et la plupart de mes analyses sont inspirées par
elle.
La posture de Yoga doit répondre
à deux exigences, être à la fois stable et agréable. Quand l’entraînement dans
la posture permet au pratiquant du Yoga de la garder fermement, tout en se
sentant à l’aise, le but est atteint. La posture met fin à l’agitation
corporelle et rassemble les énergies éparses. Il y a aussi dans le Yoga un type
de postures dites « méditatives ». Ce sont souvent des postures
assises comme la position du lotus ou la position du héros.
L’asana devient parfait par la
pratique de la détente en profondeur et la méditation sur l’espace infini.
Toute sensation douloureuse s’efface et le corps est comme dissout, ce qui va favoriser
la méditation.
Lorsque l’étape de l’asana est
acquise, vient alors celle de la discipline du souffle (pranayama). En réalité,
elle est plus qu’un contrôle du souffle : elle est la régulation de
l’énergie vitale (prana) au moyen de celui-ci. Prana désigne les courants
d’énergie qui animent le corps. Le mouvement respiratoire n’est que l’un d’eux,
mais le plus évident, et en corrélation étroite avec tous les autres. Par la
régulation du souffle respiratoire, on obtient la maîtrise sur les différents
« souffles vitaux » ou courants d’énergie subtils.
De plus, on a constaté une relation intime existant entre la
respiration et les états psychiques. La respiration d’un homme en souffrance
est irrégulière, arythmique, changeante, superficielle. Il faut la réguler. Voici
ce qui est écrit dans le Hathayogapradipika (II, 2), un des principaux traités
sur le Yoga :
« Lorsque le souffle est
agité, l’esprit est agité,
Lorsque le souffle est immobile,
le yogi atteint la fixité.»
Grâce à cette corrélation étroite,
la maîtrise du souffle conduit directement et immédiatement à la maîtrise de
l’esprit.
In fine, le pranayama est
considéré comme la plus haute forme d’ascèse, purifiant de toutes les
souillures : « Par le pranayama, le réseau opaque qui recouvre la
luminosité intrinsèque de l’esprit (citta) est graduellement dissout, et
l’esprit devient apte à la concentration » (Yoga sutras de Patañjali II,
52, 53).
La concentration (dharana) est la
fixité de l’activité mentale sur un lieu circonscrit. Elle est l’étape
préalable à la méditation (dhyana). On peut se focaliser sur la région du cœur,
sur le haut du front, sur la pointe du nez, etc. Lorsque l’attention est
parfaitement centrée et immobile, la concentration est atteinte.
Dans la méditation, l’étape suivante,
le problème est de prolonger la fixité de l’attention, sans être constamment perturbé
par les perpétuelles distractions de l’esprit (pensées, images, sensations,
sentiments, etc.), pendant un temps assez long qui peut aller d’un quart
d’heure à plusieurs heures. Au Centre Bouddhiste Triratna, nous utilisons deux
types de méditations : la concentration sur le souffle et le Metta
Bhavana, méditation de la compassion. Pour tout type de renseignement sur ce sujet, consultez
les pages Internet de L’esprit indompté entièrement consacrées à la méditation bouddhiste.
1) Concentration sur le souffle.
Elle comporte quatre étapes :
a) Compter le souffle.
Commencez à compter en pensée
après chaque expiration :
Inspiration, expiration- comptez
1
Inspiration, expiration- comptez
2
Inspiration, expiration- comptez
3
Inspiration, expiration- comptez
4
Inspiration, expiration- comptez
5
Inspiration, expiration- comptez
6
Inspiration, expiration- comptez
7
Inspiration, expiration- comptez
8
Inspiration, expiration- comptez
9
Inspiration, expiration- comptez
10
Quand vous êtes arrivé à 10,
revenez à 1 et comptez à nouveau. Recommencez pendant au moins 5 minutes.
b) Compter avant chaque
inspiration.
La pratique est la même, pendant
le même temps, mais on compte avant chaque inspiration (1, 2, 3, etc.).
c) Cesser de compter et suivre
simplement la respiration qui va et vient.
d) Enlever son attention de la
respiration pour se concentrer sur ce que l’on ressent là où le souffle passe
dans les narines.
L’ensemble de l’exercice dure un
peu plus d’un quart d’heure.
2) Méditation de la compassion : Metta Bhavana.
Cette méditation nous propose de
développer notre compassion envers quatre personnes : soi-même, un ami,
une personne neutre, une personne difficile. Premier truc personnel : je
choisis toujours les mêmes personnes comme ami, personne neutre, personne difficile.
Cela m’évite de me disperser, je suis concentré dès le début de la méditation
et je ne laisse pas mon esprit errer dans des recherches inutiles.
a) Soi-même.
Pour beaucoup de gens en
Occident, c’est la partie la plus difficile parce que notre société et notre
religion nous ont appris à ne pas nous aimer (selon le cas, c’est considéré soit
comme de la prétention, soit comme de l’inconscience face aux nombreux péchés
que l’on prétend que nous commettons).
J’étais complètement bloqué et je
n’y arrivais pas : je ne pouvais pas avoir de la compassion pour moi-même.
J’ai lu alors les conseils de L’esprit
indompté qui m’a donné de nombreuses pistes auxquelles je n’avais pas
pensé. Il faut réfléchir à tous les gens qui vous ont aimé, il y en a
certainement beaucoup. Cela vous remontera le moral et vous fera progresser
dans votre auto-estime : vous aurez plus de compassion pour vous-même car
vous comprendrez que, si tant de gens vous ont aimé, c’est que vous êtes une
personne digne d’amour et de cette même compassion.
Il faut recenser aussi tout ce
que vous avez accompli de bon et de bien dans votre vie. Vous trouverez
certainement de nombreux exemples. Et du même coup, vous aurez plus de
compassion pour vos malheurs, vos défauts et vos imperfections.
b) Un ami.
Personnellement, je n’ai pas de
problème dans cette partie de la méditation. Je pense simplement que cet ami a
beaucoup plus de problèmes que moi et qu’il les supporte avec patience et
douceur. J’ai à la fois de l’admiration pour son attitude et de la compassion
pour sa condition.
c) Une personne neutre.
Pour moi, les personnes neutres
n’existent pas. Je ressens toujours quelque chose en bien ou en mal envers
quelqu’un. J’ai choisi banalement la caissière de mon supermarché parce que je
ne la connais pas et j’imagine sa vie, pensant avec compassion aux éventuelles
difficultés qu’elle est susceptible de rencontrer.
d) Une personne difficile.
C’est la partie que je rate
toujours dans cette méditation. Je choisis inlassablement la même personne que
je déteste à chaque fois avec une égale et très forte violence.
Je revis puissamment les scènes
où cette personne a été mauvaise avec moi. Je n’arrive à lui trouver aucune
circonstance atténuante : j’ai beau m’imaginer qu’elle a eu une enfance
malheureuse, qu’elle a été battue par ses parents, rien ne vient apaiser ma
haine. Désolé, je ne peux donc pas vous conseiller, consultez encore une fois
la page Internet de l’Esprit indompté
qui vous donnera diverses explications.
L’ensemble de cette méditation
dure au moins vingt minutes mais peut s’allonger pendant beaucoup plus de
temps. Vous pouvez étendre votre compassion à toutes les personnes de votre
groupe, puis, graduellement, au monde entier qui connaît une grande souffrance.
A noter que les deux méditations
sont complémentaires : l’une porte sur votre corps, l’autre sur des
personnes. La première apaise et concentre, la seconde fait plus jouer votre
imaginaire.
Si au début, vous ne parvenez pas
à méditer plus de dix minutes par semaine, encore en étant constamment perturbé
par toutes sortes de pensées qui envahissent votre esprit, c’est normal.
J’étais comme vous lorsque j’ai commencé et, à présent, j’arrive à tenir une
méditation de plus de 20 minutes chaque jour. Tout est question de pratique, de
persévérance, d’habitude. Essayez d’abord d’allonger votre séance pour qu’elle
dure un quart d’heure. Pratiquez ensuite au moins deux fois par semaine pendant
des mois. Et quand vous vous sentirez prêt, lancez-vous dans une méditation quotidienne.
En ce qui concerne le Yoga, étape
à mon avis nécessaire avant la méditation, ma professeure, Malati, donne des cours tout cet été le vendredi à huit heures du
matin à l’hôtel Mandarin Oriental, 251 rue Saint-Honoré, dans le premier
arrondissement de Paris.
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui. La suite au prochain numéro. Amicales salutations.