vendredi 20 juillet 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (trente-huitième partie).



Swami Maharishi. 


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci.


Voici le résumé de ce livre.

Finalement, je suis revenu aux États-Unis, traînant toujours sur mes épaules voûtées, comme un lourd fardeau, le désarroi que j'éprouvais au sujet de ma profession. Il y eut une' réunion de l'Académie des psychothérapeutes américains, d'où se détachent, pour moi, trois événements. Le premier fut que j'avais une maladie de cœur et que je fis une crise assez inquiétante d'angine de poitrine qui me tint au lit une journée.

Le deuxième fut le début d'une amitié avec la splendide, volontaire et puissante Irma Shepherd, brillante, chaleureuse, têtue et effrayée de sa propre vitalité.

Le troisième fut une explosion de désespoir que j'eus pendant une séance de groupe. J'avais éclaté pour de bon en sanglots violents, sans me soucier de la présence des autres, de profundis. Crise salutaire. Après cela, je fus de nouveau capable de fixer ma position et disposé à reprendre ma profession.

En écrivant cela, j'ai fait une découverte : j'ai laissé de côté le désespoir dans ma théorie de la névrose. Pour une fois, j'ai besoin de faire un tableau. Les cinq couches de la névrose ne sont pas strictement séparées, mais, pour mieux me faire comprendre, une telle vue plongeante est utile :

a)         la couche de clichés ;

b)         les rôles et les jeux ;

c)         l'implosion ;

d)         l'impasse et l'explosion ;

e)         l'authenticité.

Les clichés sont rigides, et en même temps un terrain d'expériences — « Comment allez-vous ? » « Beau temps. » Poignée de main. Signe de tête. Cela indique simplement la reconnaissance de l'existence de l'autre. Ça ne veut pas dire qu'on l'accepte, bien qu'une abstention délibérée soit signe d'offense. Je teste l'autre. Va-t-il entrer dans une discussion sur le temps ou sur un autre sujet aussi neutre ? Pouvons-nous, à partir de là, nous aventurer en terrain plus précaire ?

En faisant cela, nous pénétrons dans la couche du jeu et des rôles. Nous pouvons appeler cette couche le domaine d’Éric Berne ou de Sigmund Freud. La préférence est donnée au jeu du « plus que vous » : « Ma voiture est plus neuve que la vôtre », « Mes malheurs sont plus grands que les vôtres ». Le nombre des jeux est plus limité que celui des rôles, bien que ceux-ci soient relativement plus nombreux dans la catégorie freudienne : papa, maman, la sorcière, le bébé, etc. Berne semble avoir une affinité avec les rôles freudiens, mais aussi avec les vilains crapauds qui deviennent princes.

La plupart des rôles sont des moyens de manipulation — la brute, l'impuissant, le bien élevé, le séducteur, le bon garçon, le frôleur, l'enjôleur, la mère juive, l'hypnotiseur, le raseur, etc. Ils veulent tous vous influencer d'une manière ou d'une autre. Les rôles inanimés sont assez fréquents également — l'iceberg, la boule de feu, le bulldozer, la gélatine, le Rocher de Gibraltar, etc.

Cet après-midi, j'ai eu un dialogue filmé avec un swami hindou, Maharishi. Son truc, plutôt stéréotypé, consistait à entrer en contact avec « l'infini » pour développer ses plus hautes potentialités. Comme il faisait le sourd ou, tout au plus, émettait un caquetage qui sans doute voulait être un rire, je n'ai pas pu découvrir où était son potentiel, ni comparer sa méditation avec notre méthode plus simple du « faire face » et du retrait. N'empêche, il a de bons yeux et de belles mains. A mon avis, c'est un casse-pieds et, quant à moi, ça ne me dirait rien de jouer au saint homme pour toute la renommée, tout l'argent du monde. Son jeu et son rôle sont figés, bien que je suppose qu'il doive y avoir des situations où il serait capable de jouer d'autres rôles.

On trouve parfois des gens à l'autre bout de l'échelle. Hélène Deutsch les appelait les gens « comme si », qui ont des centaines de rôles à leur répertoire.

L'exemple classique du jeu de rôle limité est celui de Dr Jekyll et Mr. Hyde ou des trois visages d'Eve. Les deux cas sont déjà au-delà du « comme si ». Les deux cas montrent une réelle dissociation. Ils diffèrent l'un et l'autre de la dichotomie habituelle, comme chez l'employé de banque qui fait le lèche-cul au bureau et le tyran à la maison.

Jerry Greenwald m'a envoyé une monographie qui, d'une certaine façon, rejoint notre thème. Il distingue deux sortes de personnes. Les personnes T et les personnes N. T, c'est toxique, N, c'est nourrissant. Je peux confirmer ses conclusions, quoique je connaisse bien d'autres formes de destruction. La compréhension du rythme défense/retrait peut vous épargner beaucoup d'efforts. Celle de T et de N peut améliorer énormément votre vitalité et même vous épargner beaucoup de malheurs. Tout ce dont vous avez besoin, c'est de vous intéresser à ce phénomène.

Il y aurait exception si vous étiez vous-même du type T, et, même alors, vous trouveriez peut-être quelqu'un d'encore plus toxique que vous.

La première chose à faire est de trouver des extrêmes de T et de N. Quelle sorte de gens vous laissent épuisé et irrité, quelle sorte vous rendent content et radieux ? Lesquels vous enrobent de sucre leur pilule de poison ? Prêtez une attention particulière aux gens qui posent des questions, aux conseilleurs, à ceux qui cherchent à vous affoler, aux voix perçantes ou endormeuses.

Dès que vous avez quelque assurance, surveillez chaque phrase, le ton de la voix, les tics. Les cas extrêmes — le bégaiement, les grimaces. Qu'est-ce qui vous met mal à l'aise ? Vous sentez-vous contraint de répondre à chaque question ?

Un jeu excellent, auquel vous pouvez jouer en présence d'amis intimes : pendant quelques jours, écoutez chaque phrase, examinez-la, ainsi que toutes les autres formes de comportement. Une fois que cela a « accroché », vous ne perdez jamais plus l'instinct de préférence pour le type N par rapport au type T.


Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.