Le tableau sur l'Annonciation à Marie
Pour lui faire un cadeau de Noël,
je parlerai aujourd’hui de la partie préférée de ma femme Wanda de Méditer, jour après jour de Christophe
André « Comprendre et accepter ce qui est » dans le chapitre 2
« Vivre avec les yeux de l’esprit grand ouverts : une philosophie de
vie quotidienne ». Wanda est artiste peintre et elle a une grande admiration
pour le tableau d’Antonello de Messina, La
Vierge de l’Annonciation mais aussi pour le passionnant commentaire de
Christophe André. Le tableau et son commentaire font penser tous les deux à l’aventure
intérieure unique qui est d’avoir une « foi ».
Nous n’existons pas pour elle.
Elle ne nous regarde pas, mais le geste de sa main nous immobilise et
nous fascine : rester là, sans bouger, sans la déranger.
Il existe des milliers d’Annonciations dans la peinture occidentale.
Mais celle-ci n’est pas comme les autres : on n’y voit pas l’ange Gabriel
venu annoncer sa grossesse divine à Marie. On n’y voit rien d’autre que l’expérience intérieure de Marie.
Une Marie humaine, saisie dans son cheminement psychologique, plutôt qu’une
Marie divine, déjà dans une forme de révélation mystique.
Le tableau montre un instant précis : celui où Marie comprend et
accepte. Tout. En un instant. Un instant en suspens, à l’image de la page du
livre qu’elle vient de lâcher pour resserrer son voile. Comme pour se protéger
du destin qui vient de s’ouvrir devant elle. Et son visage est comme ce
livre : ni ouvert ni fermé. Son regard est tourné vers l’intérieur
d’elle-même. Elle pense, elle éprouve, elle respire.
Marie dépasse sa surprise, sa peur, son incrédulité et accepte la
volonté divine. C’est une forme bouleversante d’aventure intérieure.
L’acceptation est au cœur de la méditation. Accepter, ce n’est pas
dire « tout est bien » (cela, c’est l’approbation) mais « tout
est là, tout est déjà là ».
Nous n’avons pas besoin d’aimer une pensée, une situation, une
personne ou une expérience pour les accepter. Pas besoin d’aimer, juste
d’admettre que cette pensée, cette situation, cette personne ou cette
expérience sont là : elles existent, elles sont déjà dans ma vie et il va
me falloir composer et avancer avec elles. Dans l’acceptation, il y a une
intention de rester présent dans l’action, mais différemment : dans la
lucidité et le calme.
Cet accueil par le « oui » ne signifie en rien une résignation
ou un renoncement à penser et à agir. C’est juste une des deux phases du
mouvement régulier de notre esprit, comme une respiration : acceptation
(de ce qui est) puis action (sur ce qui est), acceptation (de ce qui est
advenu) puis action (sur ce qui est advenu). Et ainsi, encore et toujours,
jusqu’à la fin… A un certain moment, il n’y aura même plus besoin de faire des
efforts d’acceptation : ce sera devenu une seconde nature. C’est une
métaphore semblable à celle d'Albert Camus dans
Le mythe de Sisyphe : celui-ci pousse éternellement son rocher qui
retombe à chaque fois, mais il faut l’imaginer heureux.
Je continuerai en traitant « Renoncer à attendre » dans un
prochain article. Amitiés à tous.