jeudi 24 mai 2018

Vingt notions de base en Gestalt-thérapie (huitième partie) (L'expérimentation).





Gonzague Masquelier, un gestaltiste français.

Des amis m’ont dit que certains concepts de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son livre « La Gestalt, l’art du contact ». 

Cet article est la suite de celui-ci.

Concept 12 : L’expérimentation.

A la patiente recherche de causes hypothétiques passées des troubles, Perls substitue la recherche expérimentale de solutions : ne pas « savoir pourquoi » mais « expérimenter comment » par d'éventuelles mises en action métaphoriques. La mise en action favorise la prise de conscience, l'awareness, à travers une action tangible « re-présentée » et expérimentée dans toutes ses « polarités ». Elle s'oppose ainsi au « passage à l'acte » impulsif ou défensif, dénoncé à juste titre par la psychanalyse, car il court-circuite, au contraire, la prise de conscience, en substituant l'action à l'analyse verbale.

La langue française officielle n'a qu'un seul mot pour évoquer la forme « active » (to experiment) et la forme « passive » (to experience) de l'expérimentation : or, on peut faire une expérience ou « expériencier » un sentiment vécu (le subir), tel que le rejet ou la solitude, par exemple.

L'expérience va permettre de « goûter avant d'avaler », de lutter contre les injonctions parentales ou sociales (les « il faut », « on doit »,...), évitant de nourrir les introjections qui paralysent notre spontanéité et entravent notre originalité... y compris bien sûr, l'introjection de nouvelles normes paradoxalement proposées par certains Gestaltistes eux-mêmes, telles que « il faut bannir les il faut », « libérez vos émotions », « cherchez la satisfaction de vos besoins » (égotisme), etc. En fait, chacun expérimente pour lui-même ce qui lui convient, compte tenu de son histoire, de son éducation, de son milieu social et de ses options idéologiques. Perls a maintes fois dénoncé lui-même ceux qui s'identifiaient à lui, copiant jusqu'à ses défauts et ses tics, tentation inévitable d'élèves zélés qui s'imaginent naïvement s'approprier le génie du maître en empruntant ses habitudes, tels ces émules de Lacan arborant la cravate papillon et jonglant avec la grammaire française...

Aujourd'hui, la formation encourage chaque futur thérapeute à rechercher son style spécifique, en expérimentant diverses attitudes conformes à sa manière d'être originale. Il ne s'agit pas de rechercher une orthodoxie abstraite à travers des techniques « éprouvées » (Gestalts figées) mais de créer sa propre approche à travers une longue recherche expérimentale — dans le respect, bien sûr, des principes fondamentaux de la méthode. Ainsi, chaque Gestaltiste a développé son style propre ; c'est pourquoi, avant de choisir un psychothérapeute, il est conseillé d'en rencontrer plusieurs, afin de sentir lequel vous convient le mieux.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Vingt notions de base en Gestalt-thérapie (septième partie) (La responsabilisation).




Un autre livre sur la Gestalt-thérapie

Des amis m’ont dit que certains concepts de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son livre « La Gestalt, l’art du contact » 

Cet article est la suite de celui-ci.

Concept 11 : La responsabilisation.

Perls attachait beaucoup d'importance à la responsabilité de chacun et sa thérapie visait le « self-support », l'autonomie de la conduite et des décisions. La Gestalt demeure très attentive à éviter au maximum toute aliénation du client. Ainsi, le thérapeute ne reste pas distant et « muré » dans l'attitude énigmatique de celui qui est « supposé savoir ». Il partage avec son client son ressenti et son questionnement : c'est l'exploitation thérapeutique du contre-transfert. Le client n'est pas un « patient » passif qui subit un traitement en partie « ésotérique » pour lui, mais un « client » demandeur, un partenaire à part entière, voire un « co-thérapeute » actif dans son propre traitement.

Ainsi, le thérapeute évite d'installer ou de maintenir le client dans une « névrose de transfert » de type psychanalytique qui lui ferait revivre sa dépendance infantile. Les phénomènes transférentiels sont généralement « pointés » et exploités au fur et à mesure, pour éviter toute aliénation durable et favoriser la prise de responsabilité. C'est aussi une des raisons pour lesquelles la psychothérapie se limite le plus souvent à une seule séance par semaine (pour éviter une trop forte dépendance). Perls et ses contemporains condamnaient volontiers la formulation « je ne peux pas », proposant de la remplacer par «je ne veux pas », soulignant ainsi la responsabilité de chacun dans son comportement.

Cette position s'est largement assouplie aujourd'hui, notamment chez ceux qui abordent en Gestalt des cas-limites (borderlines), voire des malades psychotiques, car elle sous-estime le poids des mécanismes inconscients. De plus, il faut bien admettre que « boiter n'est pas pécher » (Lucien Israël) et que tout le monde n'est pas à même d'assumer d'emblée toutes ses difficultés — ce qui implique, le cas échéant, des périodes de soutien thérapeutique, une alternance savamment dosée de frustrations et de gratifications, jusqu'à ce que le client puisse authentiquement se passer de « tuteur ». Lorsque la batterie d'une voiture est à plat, il peut être nécessaire de la brancher provisoirement sur la batterie du dépanneur jusqu'à ce qu'elle retrouve une énergie minimale de fonctionnement autonome...

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Vingt notions de base en Gestalt-thérapie (sixième partie) (Les résistances, l’homéostasie).




Un autre livre sur la Gestalt-thérapie

Des amis m’ont dit que certains concepts de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son livre « La Gestalt, l’art du contact » 

Cet article est la suite de celui-ci

Concept 9 : Les résistances.

Les interruptions ou blocages dans le déroulement normal du cycle de l’expérience, constituent généralement une perturbation de la fonction de contact (avec une partie de soi-même ou avec une autre personne). Il convient de souligner le fait que l'inhibition de l'action (Laborit, 1979) ne représente pas obligatoirement un dysfonctionnement : il peut s'agir, tout au contraire, d'un mécanisme de défense ou d'urgence particulièrement bien adapté à la situation. Ainsi, la confluence avec un être cher fait partie de l'état amoureux et la rétroflexion d'une colère contre un agent de police peut me préserver d'une éventuelle contravention. Seuls les mécanismes anachroniques, rigidifiés ou répétitifs traduisent un fonctionnement pathologique : ils doivent être repérés dans un premier temps, puis assouplis ou transformés au cours de la psychothérapie.

En Gestalt le mot « résistance » est utilisé avec un sens différent de la psychanalyse (où il désigne une résistance inconsciente au traitement) et il n'a pas une connotation négative. Notons au passage, par analogie, que c'est la résistance électrique qui transforme le courant en lumière ou chaleur ; c'est la résistance des matériaux qui permet au pont de faire son office, et c'est encore la Résistance qui a permis de sauvegarder notre identité nationale !

Concept 10 : l’homéostasie

On retrouve chez Perls la croyance optimiste et rousseauiste à une autorégulation satisfaisante de l'organisme.

A l'époque des greffes d'organes et du sida, l'adéquation systématique des défenses naturelles a été quelque peu remise en question et le thème de l'homéostasie n'est plus aussi dominant chez la plupart des Gestalt-thérapeutes contemporains. Cependant demeure implicitement le postulat, largement développé par le courant dit de «psychologie humaniste », selon lequel tout individu possède en lui-même tout le potentiel dont il peut avoir besoin. On retrouve aujourd’hui cette idée dans la plupart des médecines dites « parallèles » ou « alternatives » : acupuncture, homéopathie, naturothérapies, etc.

Certains Gestaltistes extrapolent ce principe et considèrent qu'il existe des équilibres énergétiques dépassant l'individu (« transpersonnels ») et permettant le maintien d'une harmonie cosmique générale (développement et limitation spontanée des espèces, etc.).


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.