L’Entrée dans la pratique du Bodhisattva de Shantideva
Compte rendu de la
Puja du mercredi 30 septembre 2015 au Centre Bouddhiste Triratna
de Paris (quatrième partie)
Vassika nous donne un commentaire éclairant sur la puja. Pour elle, cette cérémonie est comme une pause dans nos vies où règnent à la fois le stress et l’illusion. Elle est un remède à la souffrance générée par nos conditions d’existence.
Shantideva a
créé cette puja en sept parties afin de s’inspirer lui-même
dans le chemin pour devenir bodhisattva. Il est l’auteur d’un traité décisif, Le Bodhicharyavatara (L’Entrée dans la pratique du Bodhisattva). C’est une des œuvres majeures du bouddhisme mahayana ;
son texte est un hymne extraordinaire à la compassion universelle et explique
un très grand nombre de pratiques qui servent de base au lodjong, discipline tibétaine permettant d’accroître
l’esprit d’éveil (bodhicitta). Un de ces usages est le tonglen, méditation permettant de
développer la compassion, où
l'on décide de prendre toute la négativité et les souffrances pour soi et de
donner tout le bonheur aux autres.
A la fin de la puja en sept
parties des Centres Triratna, il y a justement le transfert du mérite et le renoncement à soi. Voici
un extrait du texte :
« Puisse le mérite obtenu
ainsi,
Par ce que je viens de faire,
Aller soulager la souffrance de
tous les êtres.
Ma personnalité tout au long de
mes existences,
Mes possessions,
Et mon mérite accumulé des trois
façons,
Tout cela, je l’abandonne,
Sans considération pour moi-même,
Pour le bénéfice de tous les
êtres. […] »
L’explication de Sangharakshita sur le transfert du mérite et
le renoncement de soi est qu’il nous faut développer le sentiment que, bien que
nous ayons beaucoup gagné du fait des actions bénéfiques que nous avons faites
durant cette puja, nous ne voulons conserver aucun de ces bénéfices pour
nous-même. Nous donnons donc notre
bonté, notre mérite, en souhaitant qu'il puisse rejaillir vers la réalisation
spirituelle de tous les êtres vivants : le bien-être des autres, voilà
notre seul souci, il ne nous reste absolument aucun intérêt égoïste, même
envers nos bonnes actions.
Vassika développe ensuite les sept étapes de
la puja en expliquant que chacune correspond à un état d’esprit différent.
1) L’Adoration,
où il est donné des offrandes aux Bouddhas et aux Bodhisattvas, représente à la
fois notre gratitude envers ceux-ci d’avoir transmis la doctrine et notre vénération
pour leur discernement.
2) La
Salutation correspond à une obéissance aux principes développés par le
bouddha Sakyamuni. En même temps, en évoquant les « mille millions de
monde » sur lequel règnent les bouddhas, nous avouons la distance qui reste
encore entre nous et l’idéal développé par ceux-ci.
3) L’Aller
en refuge doit être vécu comme un engagement fort envers les trois Joyaux,
le Bouddha, le Dharma et la Sangha
4) La
Confession des fautes est là pour nous montrer que, sur le chemin, nous ne
sommes pas toujours à la hauteur. Il n’y est pas question de péché, ni de
punition éventuelle, mais de reconnaissance de notre faiblesse. Cela provoque
un lâcher prise par rapport à nos diverses activités. Nous laissons derrière
nous des actions non pas coupables mais malhabiles.
5) La
Réjouissance du mérite.
C’est un principe hyper-positif (le
bouddhisme, quoique l’on puisse croire, quoique l’on nous ait dit, n’est
absolument pas négatif). Nous nous réjouissons de tout ce qui est bien dans le
monde, de tous les efforts des êtres.
6) La
supplication
Nous nous nous ouvrons à la sagesse des
Bouddhas. Nous sommes en état de réceptivité spirituelle. Cela montre que
chaque individu, si élevé soit-il, a toujours des choses à apprendre. Il faut
être constamment ouvert psychiquement.
7) La réponse à beaucoup de nos problèmes
existentiels se trouve finalement dans le Sutra du Cœur.
Comme on l’a vu auparavant, la déclaration du transfert du mérite et du
renoncement de soi montrent que nous sommes prêts à abandonner notre ego,
nos désirs premiers, et surtout à aller vers les autres.
Les mantras évoquent chacun un bouddha ou un bodhisattva
différent. Ceux-ci deviennent véritablement présents dans la pièce. Par
exemple, on peut considérer qu’Avalokitésvara est là. Les forces de l’éveil
sont avec nous et œuvrent pour nous !
Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Dans un
prochain article, nous parlerons de la lecture qu’a effectuée Patricia du Sutra de Vimalakirti.
La suite au prochain numéro comme dans les
romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées
américaines actuelles.
Amitiés à
tous.