lundi 5 octobre 2015

Compte rendu de Puja du Centre Bouddhiste Triratna (quatrième partie), Shantideva et l'idéal du Bodhisattva





Compte rendu de la Puja du mercredi 30 septembre 2015 au Centre Bouddhiste Triratna de Paris (quatrième partie)



Vassika nous donne un commentaire éclairant sur la puja. Pour elle, cette cérémonie est comme une pause dans nos vies où règnent à la fois le stress et l’illusion. Elle est un remède à la souffrance générée par nos conditions d’existence. 

Shantideva a créé cette puja  en sept parties afin de s’inspirer lui-même dans le chemin pour devenir bodhisattva. Il est l’auteur d’un traité décisif, Le Bodhicharyavatara (L’Entrée dans la pratique du Bodhisattva). C’est une des œuvres majeures du bouddhisme mahayana ; son texte est un hymne extraordinaire à la compassion universelle et explique un très grand nombre de pratiques qui servent de base au lodjong, discipline tibétaine permettant d’accroître l’esprit d’éveil (bodhicitta). Un de ces usages est le tonglen, méditation permettant de développer la compassion, où l'on décide de prendre toute la négativité et les souffrances pour soi et de donner tout le bonheur aux autres.

A la fin de la puja en sept parties des Centres Triratna, il y a justement le transfert du mérite et le renoncement à soi. Voici un extrait du texte :

« Puisse le mérite obtenu ainsi,
Par ce que je viens de faire,
Aller soulager la souffrance de tous les êtres.
Ma personnalité tout au long de mes existences,
Mes possessions,
Et mon mérite accumulé des trois façons,
Tout cela, je l’abandonne,
Sans considération pour moi-même,
Pour le bénéfice de tous les êtres. […] »

L’explication de Sangharakshita sur le transfert du mérite et le renoncement de soi est qu’il nous faut développer le sentiment que, bien que nous ayons beaucoup gagné du fait des actions bénéfiques que nous avons faites durant cette puja, nous ne voulons conserver aucun de ces bénéfices pour nous-même. Nous donnons  donc notre bonté, notre mérite, en souhaitant qu'il puisse rejaillir vers la réalisation spirituelle de tous les êtres vivants : le bien-être des autres, voilà notre seul souci, il ne nous reste absolument aucun intérêt égoïste, même envers nos bonnes actions.

Vassika développe ensuite les sept étapes de la puja en expliquant que chacune correspond à un état d’esprit différent.

1) L’Adoration, où il est donné des offrandes aux Bouddhas et aux Bodhisattvas, représente à la fois notre gratitude envers ceux-ci d’avoir transmis la doctrine et notre vénération pour leur discernement.

2) La Salutation correspond à une obéissance aux principes développés par le bouddha Sakyamuni. En même temps, en évoquant les « mille millions de monde » sur lequel règnent les bouddhas, nous avouons la distance qui reste encore entre nous et l’idéal développé par ceux-ci.

3) L’Aller en refuge doit être vécu comme un engagement fort envers les trois Joyaux, le Bouddha, le Dharma et la Sangha

4) La Confession des fautes est là pour nous montrer que, sur le chemin, nous ne sommes pas toujours à la hauteur. Il n’y est pas question de péché, ni de punition éventuelle, mais de reconnaissance de notre faiblesse. Cela provoque un lâcher prise par rapport à nos diverses activités. Nous laissons derrière nous des actions non pas coupables mais malhabiles.

5) La Réjouissance du mérite.
C’est un principe hyper-positif (le bouddhisme, quoique l’on puisse croire, quoique l’on nous ait dit, n’est absolument pas négatif). Nous nous réjouissons de tout ce qui est bien dans le monde, de tous les efforts des êtres.

6) La supplication
Nous nous nous ouvrons à la sagesse des Bouddhas. Nous sommes en état de réceptivité spirituelle. Cela montre que chaque individu, si élevé soit-il, a toujours des choses à apprendre. Il faut être constamment ouvert psychiquement.

7) La réponse à beaucoup de nos problèmes existentiels se trouve finalement dans le Sutra du Cœur

Comme on l’a vu auparavant, la déclaration du transfert du mérite et du renoncement de soi montrent que nous sommes prêts à abandonner notre ego, nos désirs premiers, et surtout à aller vers les autres.

Les mantras évoquent chacun un bouddha ou un bodhisattva différent. Ceux-ci deviennent véritablement présents dans la pièce. Par exemple, on peut considérer qu’Avalokitésvara est là. Les forces de l’éveil sont avec nous et œuvrent pour nous !

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Dans un prochain article, nous parlerons de la lecture qu’a effectuée Patricia du Sutra de Vimalakirti

La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.


Amitiés à tous.

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