La colère est une courte folie.
Osho est pour moi un des
écrivains qui a le mieux parlé de la spiritualité et de la méditation. Il était
mystique mais ne croyait à aucun dieu. Il a fait scandale plusieurs fois,
d’abord avec un livre sur la sexualité (Sous
la couette, sexualité voie de l’extase), ensuite avec la révélation de sa
grande fortune personnelle (il possédait plusieurs voitures de luxe). Il y a
plusieurs ouvrages de lui que j’ai beaucoup aimés (par exemple Être en pleine conscience, une présence à la vie et Autobiographie d’un mystique spirituellement incorrect) mais aujourd’hui je vais vous parler de sa théorie
du « centre du cyclone » dans son livre Méditation, la première et la dernière des libertés. Cet article
est la suite de celui-ci.
Lorsqu’un désir s’empare de vous,
il vous trouble. C’est naturel. Quand un désir s’empare de vous, votre esprit
se met à vaciller et cela provoque des remous en surface. Le désir est un
manque de bien-être.
Osho écrit : « Dans des
moments d’extrême désir, restez impassible. » Mais comment rester
impassible ? Le désir est troublant et comment dans des moments d’extrême
désir ne pas être troublé ? Vous devrez faire quelques expériences pour
comprendre ce que cela veut dire. Par exemple, vous êtes en colère, la colère s’empare
de vous. Vous devenez temporairement fou, possédé, vous perdez la tête !
Souvenez-vous alors que vous devez rester imperturbable ; pour cela, déshabillez-vous.
Intérieurement, déshabillez-vous, enlevez la colère comme on enlève un
vêtement. La colère sera là en surface mais, à présent, au cœur de votre être,
règne le calme.
Vous saurez alors que la colère n’est
qu’un remous extérieur. Exactement comme une fièvre, elle vous trouble et vous
fait trembler, mais vous pouvez l’observer. Quand vous êtes capable d’en être
témoin, vous devenez paisible, elle ne vous trouble plus, vous serez en paix.
Cet espace de paix, c’est votre véritable esprit ; il est imperturbable.
Mais vous n’avez jamais observé votre colère. Quand vous êtes en colère, vous vous identifiez à la tempête ;
vous oubliez que la colère est autre
que vous. Vous ne faites qu’un avec elle et elle vous fait faire n’importe
quoi.
Vous avez le choix entre deux
possibilités. Soit vous êtes concerné par l’autre personne, l’objet de votre
colère ; soit vous vous centrez en vous-même, le sujet de la colère. Quand
la colère vous rend violent avec quelqu’un, vous êtes concerné par l’autre
personne. Mais la colère se trouve entre vous deux. Il y a vous, il y a la
colère et il y a l’autre personne, l’objet de votre colère. Quand vous êtes en colère, vous pouvez aller
dans ces deux directions. Soit votre mental se focalise sur celui qui vous a
insulté, soit vous entrez en vous-même et vous vous tournez vers celui qui ressent la colère ;
vous portez alors votre attention sur le sujet et non sur l’objet.
Habituellement, vous vous tournez
vers l’objet. En faisant cela, la partie la plus volatile de votre mental est
tourmentée et vous croyez que vous êtes perturbé. Mais si vous vous tournez
intérieurement, si vous allez au centre de votre être, vous serez alors capable
d’observer cette partie volatile, vous verrez qu’elle est troublée mais que vous n’êtes pas touché.
Faites-en l’expérience avec chacun de vos désirs, chacun de vos tourments.
Un désir sexuel naît dans votre
esprit ; tout votre corps est pris de ce désir. Vous pouvez aller vers l’objet
de ce désir, qu’il soit présent ou non. Mais si c’est juste dans votre imagination,
vous serez de plus en plus troublé. Plus vous vous éloignez de votre centre,
plus vous êtes perturbé. En réalité, la perturbation est toujours
proportionnelle à la distance. Plus vous êtes éloigné, plus vous êtes troublé ;
plus vous restez proche de votre centre, moins vous êtes troublé. Quand vous
êtes bien centré, il n’y a plus aucune perturbation.
Le centre d’un cyclone est
imperturbable, que ce soit le cyclone de la colère, de l’énergie sexuelle ou de
quelque désir que ce soit. Au centre même, il n’y a aucune tempête et pourtant
un cyclone ne peut exister sans un centre silencieux. La colère ne peut exister
sans que quelque chose en vous soit au-delà de la colère.
Prenez conscience que rien n’existe
sans son opposé. L’opposé est nécessaire car sans lui rien ne pourrait exister.
S’il n’y avait pas de centre immobile en vous, aucun mouvement ne serait
possible. S’il n’y avait pas un centre imperturbable en vous, aucune
perturbation ne serait possible. Observez-le, prenez-en conscience. S’il n’y
avait pas au fond de vous un espace de calme absolu, comment pourriez-vous
sentir que vous êtes perturbé ?
Vous avez besoin d’une comparaison et pour cela deux choses sont
indispensables. Supposez qu’une personne soit malade : elle se sent malade
parce que quelque part, en son for intérieur, existe une source de santé
absolue. Cela lui permet de comparer. Vous dites que vous avez mal à la tête :
comment se fait-il que vous le sachiez ? Si vous étiez ce mal de tête, vous ne pourriez pas le savoir. Vous
devez être quelque chose d’autre, quelqu’un d’autre, celui qui observe, le
témoin qui peut dire : « J’ai mal à la tête ».
Voilà. C’est tout pour le moment.
La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.